22.4.4. La roue

Le maniement de l’archet/roue relève de deux techniques correspondant à deux types de répertoire 2 .

En agissant sur la vitesse de rotation, maintenue irrégulière, on peut faire varier l'expressivité ; il devient possible de réaliser des enflements sur les notes principales, d’introduire le jeu louré, ainsi que les oppositions dynamiques fort/doux et les jeux en écho. Ici, la vielle « triomphe » du clavecin et va s'identifier au violon, à sa finesse d'exécution, à ces « gentillesses » qu’il sait réaliser et qui ont séduit l'époque baroque. Lorsque l’interprète s’exprime dans le registre de la sensibilité en jouant des airs lents indiqués par exemple tendrement, gravement ou largo, il aura à utiliser cette technique de rotation.

Une autre technique sera employée pour jouer les pièces ou morceaux de mouvements marqués par exemple vite, vivement, gaiement, allegro ou presto. Il faudra alors, à l’inverse, tourner la roue de manière rapide et constante, mais avec des « saccades » plus ou moins marquées correspondant à la durée des notes, rapidement jouées. Tout se passe comme si l’interprète divisait alors le mouvement circulaire en arcs de cercle dont la longueur correspondrait à la durée des notes. Ainsi, sera obtenu ce jeu « brillant » et enlevé qui ferait oublier l’ancienne vielle au jeu monotone et sans relief.

Entre clavecin et violon, les « militants » de la vielle voudraient bien que leur instrument réalise une synthèse et se taille alors une place reconnue et même privilégiée dans le concert baroque.

Notes
2.

Voir chapitre 12. : Le goût, la règle et la roue.