ANNEXES

Annexe A. L'iconographie

Nous avons pu consulter et analyser un corpus de 49 reproductions de tableaux ou gravures, correspondant à toutes celles que nous avons pu trouver représentant une vielle à roue d'une part et d'autre part une « personne de qualité » (repérable comme telle par la manière dont elle est vêtue) ayant un rapport avec l'instrument, l'ayant généralement sur ses genoux 1 . Elles datent toutes du XVIIIe siècle ou peut-être, pour un nombre très restreint, de la fin du XVIIe siècle.

Ces reproductions proviennent du fond constitué à L'IRPMF complété par celui de La Cité de la Musique ; de plus, nous avons utilisé les reproductions illustrant les ouvrages de Bröcker, de Leppert, de Palmer ainsi que le livre collectif dirigé par Imbert 2 .

Nos avons classé les informations en neuf variables :

  1. La date. Il s'agit de la date de l'œuvre quant elle est connue, et, dans les autres cas, de l'année pendant laquelle l'artiste a atteint l'age de 30 ans. Ce choix arbitraire entraîne une distorsion qui nous interdit la précision chronologique. En revanche, comme le biais ainsi introduit s'applique de la même manière à la totalité de l'échantillon, il nous est possible d'évaluer les évolutions et même de montrer l'existence de générations successives comme on le verra à propos de la lutherie.
  2. La lutherie. La caisse de l'instrument sera trapézoïdale (1), en forme de guitare (2), en forme de luth (3), d'une autre forme (4).
  3. Le sexe et la génération de la « personne de qualité » ayant affaire à la vielle. Elle peut être homme (1), femme (2), enfant (3).
  4. La fonction de la vielle. Elle sert à faire danser (1). Elle est intégrée à une scène de séduction amoureuse (2). Elle est avant tout instrument de musique, l'objectif de celui qui l'a en mains étant manifestement de produire de la musique (3). Comme attribut de la mendicité, elle sert à montrer que la « personne de qualité » s’est déguisée en mendiant (4). Elle est intégrée à un simple portrait, comme un élément de parure ou de décor (5).
  5. L'environnement géographique. La « personne de qualité » est représentée dans sa demeure (1), dans un jardin ou un paysage arcadien, idéalisé, avec références très marquées à l'antiquité (2), dans un jardin ou un paysage réaliste (3).
  6. Contexte instrumental. La vielle est le seul instrument représenté (1). La vielle est jouée avec un autre instrument (2) ; il s'agit alors d'une autre vielle (2.1), d'une musette (2.2), d'un clavecin (2.3), d'un violoncelle ou d'une viole de gambe (2.4), d'un autre instrument de dessus comme flûte, hautbois, violon… (2.5). La vielle est jouée avec deux autres instruments (3). Il s'agit alors de deux autres vielles (3.1), de deux musettes ou d'une autre vielle et d'une musette (3.2), d'une autre vielle et d'une basse continue (3.3), d'une musette et d'une basse continue (3.4), d'un autre instrument de dessus et d'une basse continue (3.5), de deux autres instruments de dessus (3.6).
  7. Il existe, dans l'œuvre, une partition représentée (1), aucune partition (2).

Certains résultats concernant ce travail de classement nous semblent suffisamment nets pour que nous les retenions, malgré la part d’arbitraire qui est intervenue quand il a fallu classer certaines œuvres à partir de ces définitions de variables qui sont parfois imprécises ou donnant une part belle à la subjectivité du notateur.

La démarche statistique utilisée est à plusieurs niveaux.

Nous avons d'abord réalisé un tri à plat et un calcul des pourcentages pour chacune des variables.

Nous avons ensuite croisé certaines variables pour tester l'éventualité d'une liaison entre deux variables, calculant alors le Chi carré qui exprime l'existence d'un lien possible en fonction d'un seuil de probabilité (exprimé par la mention « significatif à p=… »). Le chiffre qui suit la lettre « p » indique le degré de probabilité. Par exemple, la mention « significatif à p=.054 » indiquera que les deux variables considérées sont liées (elles ont une tendance à apparaître conjointement), à la condition que l'on considère que cette affirmation a 054 chances sur mille d'être erronée (donc 946 chances sur mille d'être exacte).

Pour ce qui concerne la datation des œuvres, nous avons utilisé le test de Kruskall-Wallis qui permet aussi de calculer la probabilité de l'existence d'une différence significative.

Notes
1.

Je dois des remerciements particuliers aux documentalistes de l'Institut de Recherche sur le Patrimoine Musical en France (IRPMF) dont la compétence et la disponibilité m'ont été précieuses pour la constitution du corpus et à Jacques Aupetit dont la science et la générosité dans le temps passé ont permis l'élaboration de l'analyse statistique.

2.

On en trouvera les titres en bibliographie.