PREMIÈRE PARTIE. POUR UNE PROBLÉMATIQUE SOCIOLOGIQUE DES MOBILITÉS INTERNATIONALES

Introduction

La première partie de ce travail propose une réflexion sur les pratiques de mobilité des individus dans un contexte en profondes transformations. Les modalités d’appropriation matérielle et symbolique de l’espace sont aujourd’hui grandement bouleversées par les mouvements transnationaux des biens, des services, des capitaux, des informations et des populations. Ces circulations tendent à redéfinir les représentations du local et du global, de l’ici et de l’ailleurs, ainsi que les rapports à la sédentarité et à la mobilité, à la captivité et au mouvement. Nous verrons que le processus de la globalisation (re)travaille l’espace de toute part, plus précisément par les restructurations de l’économie, des mondes du travail et des inégalités sociales. À leur tour, ces restructurations engendrent une hiérarchisation des lieux, que ce soit des mégapoles au niveau mondial, des régions au niveau national, des quartiers au niveau urbain. Pour certaines catégories de population, de nouvelles possibilités d’appropriation réelle et concrète de l’espace émergent de ces bouleversements, alors que pour d’autres groupes de personnes, ces bouleversements se posent comme contraintes au déplacement ou à la sédentarité, comme situation d’errance ou de captivité.

Nous montrerons également que les États et les institutions accompagnent ces restructurations mondiales des économies, des sociétés et des espaces par la multiplication, entre autres, des politiques et des dispositifs de soutien à la mobilité internationale des étudiants. Ce double contexte économique et politique tend à placer au premier rang des valeurs sociales celles de la mobilité, de la capacité à communiquer et à créer des liens, du changement et de l’espace international, aux dépens de la sédentarité, de l’attachement à son réseau premier de sociabilité, de la stabilité et du local. La mobilité étudiante internationale, dans ses causes et ses conséquences tant institutionnelles qu’individuelles, ne peut prendre tout son sens qu’à la lumière de ce processus de la globalisation et de ses effets respectifs sur les sociétés française et québécoise.

Auparavant, cette partie s’ouvre sur la présentation de nos approches théoriques et méthodologiques. La haute différenciation sociale qui caractérise nos sociétés, accentuée dans ce contexte de déterritorialisation, nous invite à inscrire nos réflexions dans un courant sociologique qui prend acte de la multiplicité des contextes sociaux et de la pluralité de l’acteur.