Le second dispositif d’enquête sur lequel se sont appuyées les descriptions et les interprétations constitutives de cette thèse concerne la dimension institutionnelle du phénomène de la mobilité internationale des jeunes 73 . Sans faire l’objet d’une analyse méthodologique stricto sensu, les informations récoltées lors des rencontres avec des représentants œuvrant de diverses façons dans ce domaine avaient pour fin, d’une part, de mieux circonscrire les conditions d’ordre macro sociales 74 dans lesquelles partent les jeunes Français et les jeunes Québécois, mais aussi de confronter, tel qu’il l’a été expliqué à l’instant, les intuitions interprétatives ayant émergé de l’analyse des récits biographiques. Les renseignements ainsi amassés viennent donc en complément de notre principale source de données et leur récolte ne résulte pas forcément de la mise en place d’un dispositif rigoureux d’entrée sur le terrain. Les rencontres avec les acteurs institutionnels ont plutôt eu lieu au fur et à mesure que, à l’issu d’un entretien avec un enquêté, se présentait le besoin d’un complément d’information, ainsi qu’au hasard des grands événements qui se sont déroulés alors que nous étions en territoire français et québécois. Au total, nous avons participé à quatre événements et interrogé 13 acteurs institutionnels lors de notre séjour en France, puis nous avons interviewé 21 acteurs institutionnels et participé à un événement au cours de la période passée au Québec. Pour assurer l’anonymat des personnes qui ont accepté de répondre à nos questions – qui portaient grosso modo sur l’historique du service et/ou de l’organisme, sa mission, l’éventail de ses programmes et leurs objectifs – nous ne mentionnerons ici que le nom des instances et des événements qui ont fait l’objet de notre attention.
| Services, associations, organismes de la mobilité des jeunes en France | |
| 1) | Délégation du Québec à Paris, Relations scientifiques, techniques et sociales |
| 2) | Centre de coopération interuniversitaire franco-québécoise (CCIFQ) |
| 3) | Association Lyon-Québec |
| 4) | Centre d'information international |
| 5) | Office des migrations internationales |
| 6) | Conseil régional Rhône-Alpes, Direction de l’enseignement supérieur |
| 7) | Conseil régional Rhône-Alpes |
| 8) | European Commission, Directorate-General for Education and Culture |
| 9) | Ministère de la Jeunesse, de l’éducation et de la recherche |
| 10) | Ministère des Affaires étrangères, Bureau de la coopération universitaire |
| 11) | Ministère des Affaires étrangères, Bureau de la formation des Français à l’étranger |
| 12) | Université Lumière-Lyon 2, Service des relations internationales |
| 13) | Pôle universitaire de Lyon |
| Événements observés en France | |
| 1) | Colloque Interculturalités en Europe |
| 2) | 4e rencontre annuelle des responsables du Centre de coopération interuniversitaire franco-québécoise (CCIFQ) |
| 3) | XIVe Journées nationales Socrates-Leonardo de l’enseignement supérieur |
| 4) | IPSOS, Focus-Groupe Boursiers Rhône-Alpes |
| Services, associations, organismes de la mobilité des jeunes au Québec | |
| 1) | Office franco-québécois pour la jeunesse |
| 2) | Bureau international de l’Université Laval |
| 3) | Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CRÉPUQ) |
| 4) | Service des relations internationales de l’Université de Montréal |
| 5) | Agence Québec Wallonie Bruxelles pour la jeunesse |
| 6) | Bureau de la coopération internationale de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) |
| 7) | Agence universitaire de la Francophonie |
| 8) | Bureau des affaires étudiantes de l’École Polytechnique |
| 9) | Office Québec-Amériques pour la jeunesse |
| 10) | Direction des Affaires internationales et canadiennes, ministère de l’Éducation du Québec |
| 11) | Direction de l’enseignement et de la recherche, ministère de l’Éducation du Québec |
| 12) | CEGEP international |
| 13) | Mission de la coopération universitaire franco-québécoise |
| 14) | Service aux étudiants, HEC Montréal |
| 15) | Éducation internationale |
| 16) | Secrétariat à l’aide internationale du Québec, ministère des Relations internationales |
| 17) | Fonds de recherche sur la nature et les technologies (FQRNT) et Fonds de recherche sur la société et la culture (FQRSC) |
| 18) | Direction des organisations internationales, ministère des Relations internationales |
| 19) | Université de Sherbrooke, Centre des services à la vie étudiante |
| 20) | Association canadienne des collèges et universités (AUCC) |
| 21) | Ministère des Ressources humaines du Canada |
| Événements au Québec | |
| 1) | 5e rencontre annuelle des responsables du Centre de coopération interuniversitaire franco-québécoise (CCIFQ) |
Lorsqu’ils l’ont accepté, ce qui fut le cas de la majeure partie des répondants de ces instances, les entretiens ont été enregistrés et retranscrits. Les informations qu’ils contiennent ainsi que tous les renseignements que, de façon similaire au chercheur qui s’adonne à la méthode de l’observation participante, nous avons notés tout au long de nos participations aux événements, viendront dialoguer avec la parole des jeunes et appuyer certaines de nos interprétations.
La sociologie wébérienne de la connaissance défend l’idée que les savoirs scientifiques, parce qu’ils découlent des questions que les hommes veulent bien poser à la réalité sociale à des époques et dans des contextes sociopolitiques et culturels définis, sont finalement les fruits d’une construction humaine et culturelle. Ainsi en est-il de l’étude de la mobilité internationale des étudiants. Comme nous le verrons au cours des deux prochains chapitres, ce phénomène connaît en effet, dans la foulée de la globalisation économique et de l’internationalisation de l’éducation, une institutionnalisation grandissante. À l’instar des décideurs politiques, des milieux associatifs et des acteurs de l’éducation, la communauté des chercheurs commence à y vouer un intérêt accru. De même en va-t-il, par ailleurs, de la démarche comparative empruntée afin de scruter cet objet. Si la comparaison est au fondement même de la méthode sociologique, les modalités de son usage ne sont pas sans lien avec la nature des réalités étudiées. L’institutionnalisation de l’éducation est un phénomène en progression qui se déploie actuellement de façon similaire dans la plupart des sociétés occidentales. D’où la décision d’entreprendre la présente étude dans une perspective comparative entre des sociétés, la France et le Québec, dont les marchés de l’éducation et du travail présentent des traits de similitude. Si les sciences humaines et sociales produisent des connaissances qui sont tributaires des contextes, des sociétés et des hommes, Weber nous dit qu’elles ne sont pas pour autant sans valeur scientifique. Lorsque la démarche empruntée pour y arriver est exposée, et qu’elle peut donc être soumise à la vérification, elles acquièrent toute leur validité. C’est dans ce souci d’objectivité que les étapes de la construction du dispositif méthodologique et du recueil des données ont été présentées avec parcimonie tout au long des pages précédentes.
Nous avons rencontré des organismes dont la mission est de soutenir la mobilité internationale des étudiants, mais aussi d’autres organismes qui encouragent indirectement cette forme de mobilité des jeunes à l’étranger grâce à différents programmes de stages, de séjours linguistiques, d’offres d’emploi, etc. Ces organismes s’adressent tantôt directement aux jeunes, tantôt ils participent plus largement à l’élaboration de politiques de coopération internationale dans les domaines de l’éducation, de la diplomatie, de la culture et de l’emploi.
Les dispositifs qui font œuvre d’opportunités à la mobilité peuvent aussi comprendre des contraintes, notamment quant aux conditions d’éligibilité, etc.