Dès le Manifeste du parti communiste, Marx reconnaît le caractère intrinsèquement mondialisant du système capitaliste :
‘Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations. Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays, au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale (Marx et Engels, 1955 : 25) 76 . ’Aussi plusieurs auteurs préfèrent-ils emprunter, afin de définir et de circonscrire les forces globalisantes actuellement à l’œuvre, une approche qui s’inscrive dans une théorie du capitalisme 77 . Les notions de « globalisation » et de « mondialisation » leur paraissent omettre la nature économique des forces sous-jacentes au phénomène (Touraine, 1998; Mercure, 2001), en plus d’être chargées de rhétorique et d’idéologie (Wallerstein, 2001). Mercure, notamment, se distancie des conceptions courantes de la globalisation selon lesquelles la déterritorialisation des activités économiques, politiques et culturelles et leur intégration en un réseau mondialisé entraîneraient des incidences sur les activités les plus locales des individus et des activités :
‘Si une telle définition de la mondialisation offre l’avantage d’ouvrir des perspectives d’analyse culturelle et politique fort intéressantes, elle me semble toutefois mettre de côté l’essentiel de ce qui est en jeu, à savoir le renforcement de la dynamique intrinsèque du capitalisme, dynamique dont on retrouve le projet initial au XVIIIe siècle, notamment dans l’œuvre d’Adam Smith (Mercure, 2001 : 14). ’Selon lui, la globalisation telle qu’elle se manifeste actuellement correspond à une phase particulière du développement du capitalisme, lequel est scandé par les trois grandes phases de la révolution industrielle. La première, débutée en Angleterre au milieu du XVIIIe siècle, correspond à l’essor du capitalisme et du prolétariat et repose sur le textile, le charbon et la machine à vapeur. La seconde phase, qui eut lieu vers la fin du XIXe siècle, est marquée par la découverte du pétrole et de l’électricité, l’utilisation de l’acier et le développement des grandes entreprises. La troisième, enfin, celle dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, est plus scientifique et technique. Elle a été amorcée vers le milieu du XXe siècle et se caractérise notamment par l’utilisation de l’énergie atomique, les avancées de l’industrie chimique, la cybernétique et l’électronique, les innovations dans le traitement et la diffusion de l’information, le développement des grandes bureaucraties et du secteur des services. Si cette troisième phase de la révolution industrielle sert de support à l’intensification et à l’expansion planétaire des activités capitalistes, c’est néanmoins sa jonction avec un contexte historique et économique particulier et sous l’impulsion de certaines décisions politiques que la globalisation économique telle qu’elle se manifeste aujourd’hui a pu se développer.
Après les années de croissance économique et d’amélioration générale des conditions des travailleurs – extension du salariat, syndicalisation, garanties d’emploi, essor de l’État providence – ayant suivi la Deuxième Guerre mondiale, le monde occidental fait face, vers le milieu des années 70, à un important ralentissement du taux de croissance de la productivité. Ce renversement de la conjoncture économique est causé par les chocs pétroliers de 1973-1974 et de 1979-1980 – lesquels entraînent un endettement accru des principaux pays industrialisés – de même que par l’exacerbation de la concurrence internationale due à une intensification des exportations des entreprises asiatiques. Les entreprises doivent, afin d’accroître leur productivité et leur rentabilité, trouver de nouveaux marchés, initiant dans la foulée un mouvement d’internationalisation progressive de la production. De plus, les économies des pays de l’OCDE étant en récession, les pays producteurs de pétrole et les sociétés pétrolières doivent trouver d’autres marchés vers qui verser en prêts les profits tirés de l’exploitation du pétrole. Une part importante des flux financiers se dirige alors vers les marchés dits émergents, ce qui a pour conséquence non seulement d’étendre les marchés financiers à l’échelle du globe, mais aussi d’étrangler les économies de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique du Sud en raison des politiques strictes de remboursement de la dette qui accompagnent ces prêts. Ainsi, la fin des Trentes Glorieuses signe le début d’importantes restructurations.
La nouvelle répartition géographique de la production adoptée par les entreprises en quête de nouveaux marchés d’échanges internationaux d’une part, et la restructuration des flux financiers à l’échelle mondiale d’autre part, ont évidemment trouvé en les nouvelles technologies de l’information et de la communication le support nécessaire à leur déploiement. L’informatisation de la production permet effectivement d’organiser internationalement les chaînes de montage et de décentraliser la coordination de la production. De plus, ce sont les systèmes informatiques qui permettent la circulation mondiale accrue des biens et des personnes par voies terrestre, maritime et aérienne puisque ce sont eux qui planifient, comptent, et programment les chargements, les itinéraires, les déchargements. De même, la circulation croissante et presque instantanée des capitaux sur des marchés financiers de plus en plus nombreux n’aurait pu avoir lieu sans l’informatisation des transactions.
Or, la restructuration capitaliste qui s’engage sous les effets de la crise économique et grâce au développement des technologies de l’information et de la communication n’aurait pu se produire sans une volonté politique : « Pourtant, sans les États […] et les institutions internationales qui sont à leur dévotion […], ni la technologie ni les entreprises ne seraient jamais parvenues à engendrer la nouvelle économie globale » (Castells, 2001 : 176). En effet, la route vers la globalisation se dégage lorsque des politiques gouvernementales en faveur de la déréglementation des activités économiques, de la libéralisation du commerce et de la privatisation des entreprises sont adoptées. Bien que des mesures favorisant la circulation des capitaux aient commencé à être adoptées dans les années 70, deux étapes cruciales peuvent être identifiées dans ce processus politique vers la globalisation. La première remonte au tout début des années 80 avec l’arrivée au pouvoir de Thatcher en Angleterre (1979) et de Reagan aux États-Unis (1980). Au Royaume-Uni, celle qu’on surnomme la « Dame de fer » adopte un libéralisme économique radical en lançant un vaste programme de privatisation des entreprises publiques. Obéissant à l’idéologie de l’économie de marché, ces deux gouvernements conservateurs se battent ardemment pour la déréglementation des mouvements de capitaux et l’abolition du contrôle des changes, ouvrant la voie au reste du monde. Le Japon, en effet, opte pour une politique semblable dès le début des années 1980 et la Communauté européenne décide d’aller dans ce sens à partir de 1986.
C’est néanmoins au tournant des années 90 que les mesures en faveur de la globalisation, sous les pressions de certains gouvernements et des institutions internationales créées dans la foulée de la conférence de Bretton Woods en 1944, se généralisent à l’ensemble du monde (Castells, 2001; de Senarclens, 2001). L’administration Clinton libéralise progressivement les économies et ouvre les marchés à la circulation des biens, des services et des capitaux. De leur côté, les institutions telles que le FMI, la Banque mondiale et l’OMC réussissent à s’immiscer dans de nombreuses économies en prêtant à crédit d’une main et en prescrivant des politiques de contrôle et d’ajustement de l’autre. Les crédits constituent une sorte de garantie pour les investisseurs si bien que peu à peu, tout pays qui tente de se soustraire au système – un système en réalité sous la tutelle américaine – se voit par la suite discriminé. Et plus le système englobe de parties, plus la mise à l’écart est douloureuse.
Castells (2001 : 182-186) retient quatre facteurs explicatifs de cette participation active des gouvernements à la globalisation économique. Le premier est celui des intérêts stratégiques que les États y jugent à un moment donné. Le bal ayant été lancé par les États-Unis, qui voyaient en une économie globale un terrain propice au déploiement de leurs entreprises, nombre d’autres économies des pays de l’OCDE ont perçu dans ce mouvement d’ouverture le principal moyen de demeurer compétitifs et, pour ceux en voie d’industrialisation, de jeter les bases de leurs développements technologique et économique Le second facteur repéré par Castells renvoie au contexte idéologique de l’époque. Il faut rappeler que les années 1990 sont marquées par l’effondrement des régimes communistes et par la crise de légitimité de l’État providence. La voie est libre pour les idéologues néolibéraux. Les deux derniers facteurs qui ont certainement influencé les États à se lancer dans le mouvement de la globalisation économique concernent, selon Castells, l’élite politique, tant le groupe dirigeant que les individus eux-mêmes. Pour ce qui est des intérêts politiques du parti au pouvoir, l’entrée accélérée dans l’économie mondiale et les espoirs de redressement économique que cela comportait avaient constitué une promesse d’élection. Pour ce qui est des intérêts personnels des individus au pouvoir, enfin, la globalisation économique garantissait, grâce à l’extension du réseau de relations sociales, l’obtention ultérieure de postes de haut rang et des récompenses financières, voire des pots-de-vin. Aujourd’hui, nombre d’auteurs sont unanimes sur le piège que les États se sont ainsi eux-mêmes tendus (Martin et al., 2003; Boyer, 1997; de Senarclens, 2001) : « Seule une perspective fondée sur l’économie politique permet d’expliquer le triomphe des marchés sur les États : les derniers ont eux-mêmes encouragé la victoire des premiers, par une pulsion de mort historique » (Castells, 2001 : 188).
Les modalités sous lesquelles se présente la globalisation économique sont au nombre de trois : 1) le commerce international ou l’élargissement des marchés de biens et de services; 2) la globalisation (ou déréglementation) des marchés financiers; 3) l’internationalisation de la production ou la division internationale du travail (Rocher, 2001; Castells, 2001). Le commerce international, bien qu’il soit loin d’être nouveau 78 , est néanmoins un élément essentiel de l’économie globale. D’abord, il s’est accru de manière substantielle tant en volume qu’en valeur (pourcentage du PIB). Citant les données de la Banque mondiale, Castells (2001 : 142) relate que dans les pays développés, les exportations sont passées de 11,2% du PIB en 1913 à 23,1% en 1985, alors que les importations passaient de 12,4% en 1880-1900 à 21,7% en 1985. De Senarclens (2001 : 73), à partir des informations fournies par l’Organisation mondiale du commerce, évoque une augmentation du commerce international de 6,5% par an en termes réels depuis la Deuxième Guerre mondiale, si bien qu’en 1990, il représentait 45% du PIB mondial, soit une croissance de 25% par rapport à 1970. Le commerce international a également connu une transformation : les produits manufacturés continuent d’accaparer la plus grosse part des échanges internationaux au détriment des matières premières, tandis que les services ne cessent de gagner en importance. Un fait supplémentaire est à noter, celui du déséquilibre commercial entre les produits manufacturés de haute technologie et ceux de basse technologie, ainsi qu’entre les services à fort degré de savoir et à faible degré de savoir. Ce déséquilibre vient s’ajouter à celui déjà existant entre les pays développés et les économies en voie de développement (Castells, 2001 : 143). Enfin, en corollaire de son expansion à l’échelle mondiale, le commerce international s’est diversifié géographiquement. En effet, bien que les échanges entre les pays industrialisés demeurent de loin la part la plus importante du commerce international, ils ont néanmoins diminué – passant de 59% en 1965 à 47% en 1995 – alors que le commerce entre les pays en développement passait durant la même période de 3,8% à 14,1% (Castells, 2001 : 145).
L’autre modalité de la globalisation économique concerne la mondialisation financière. Il s’agit de la circulation mondiale d’immenses capitaux accumulés dans les banques, les trusts et les entreprises. La déréglementation des marchés, le développement technologique, l’apparition de nouveaux produits financiers, les mouvements spéculatifs des flux financiers et les cabinets d’évaluation boursière sont autant de facteurs qui ont contribué à l’intégration globale des marchés financiers 79 . Ce qu’il y a de particulièrement nouveau, c’est la rapidité avec laquelle ont lieu les transactions, lesquelles s’effectuent en quelques secondes seulement, ce qui ne manque d’ailleurs pas d’augmenter les spéculations et l’incertitude.
Enfin, la dernière modalité sous laquelle se présente la globalisation économique consiste en l’internationalisation grandissante de la production, laquelle prend tantôt la forme d’une délocalisation des grandes entreprises depuis les pays industrialisés vers des zones où la main-d’œuvre est meilleur marché et moins organisée, tantôt la répartition géographique des activités d’une firme en fonction des exigences liées à chacune des étapes de la production – les ressources nécessaires, les coûts entraînés, l’accès aux marchés, etc. Selon Veltz (1997 : 63), « la dissociation entre l’espace des firmes et celui des régulations politiques est bien le phénomène central de la mondialisation ». Le phénomène se vérifie d’abord par l’accroissement des investissements directs à l’étranger dû aux fusions et aux acquisitions. Les données de la CNUCED de 1998 montrent en effet que les fusions et les acquisitions transfrontalières passent de 42% de l’investissement étranger direct en 1992 à 59% en 1997 (Castells, 2001 : 155). Ainsi, en 1999, la CNUCED recense, excluant les sociétés financières, environ 60 000 multinationales qui comptent quelques 500 000 filiales essaimées à travers le monde, et ce contre seulement 7000 vingt ans plus tôt (de Senarclens, 2001 : 75). De plus, bien que le tiers du commerce international s’effectue entre les filiales d’une même firme (Martin et al., 2003 : 19), il n’empêche que les sociétés multinationales sont responsables d’environ les deux tiers des échanges internationaux (Castells, 2001 : 155). On évalue leurs ventes de biens et de services en 1998 à 11 000 milliards de dollars, contre 7000 milliards pour l’ensemble des exportations mondiales (de Senarclens, 2001 : 75). D’ailleurs, ces grandes entreprises, qui siègent dans les mégapoles, constituent de plus en plus les unités à l’origine des relations commerciales internationales, au détriment des États-nations ou des régions. Elles se déconnectent peu à peu de leurs arrière-pays –lesquels sont d’ailleurs souvent en déclin – pour se relier progressivement entre elles par-delà les frontières régionales et étatiques. Certains voient en ce phénomène la naissance d’une économie d’archipel (Veltz, 1996) ou l’émergence de la « ville globale » (Sassen, 1996), quand d’autres observent la victoire finale de l’économique sur le politique (Latouche, 2001). Cette réorganisation spatiale de la production de biens à l’échelle mondiale entraîne évidemment d’importants effets déstructurants tant sur les marchés du travail des pays industrialisés – augmentation du taux de chômage, accroissement de la précarité, etc. – que sur l’économie, la culture et la cohésion sociale des pays où s’installent les nouvelles unités de production. Nous reviendrons sur ce point à la fin de ce chapitre.
Il est vrai que la majorité des firmes multinationales sont originaires d’un pays de l’OCDE, que leur siège social y demeure le plus souvent et que leurs filiales étrangères s’établissent souvent dans les économies développées. Ces faits remettent en question le caractère véritablement global de la production. Dans leur travail de démythification de la globalisation, Martin et al. (2003 :19) rappellent que la proportion des travailleurs qui exercent leurs activités professionnelles à l’extérieur de leur pays d’origine demeure faible avec seulement 2% en Europe et 1,5% au niveau mondial. Il n’empêche que ces grandes entreprises tendent à l’internationalisation puisque les profits amassés proviennent pour une large part des multiples filiales étrangères, que les postes de direction dans les succursales à l’étranger sont généralement remplis par des personnes qui ont une bonne connaissance du milieu, ce qui multiplie les origines nationales du personnel, et que de nombreuses relations commerciales et politiques sont établies dans chacun des contextes nationaux où sont installées les filiales, contribuant de manière similaire à la différenciation nationale et culturelle des partenaires et collaborateurs : « En ce sens, ces sociétés sont davantage multinationales que transnationales : loin d’être indifférentes à la nationalité et aux contextes locaux, elles affichent au contraire très souvent leur allégeance à l’égard du pays hôte » (Castells, 2001 : 158-159). Ce constat va dans le même sens que certaines études menées au sein d’écoles internationales (Wagner, 1998) et d’entreprises « mondialisées » (Pierre, 2003a) qui concluent non pas à la formation d’une nouvelle culture transnationale, mais plutôt à une reconnaissance des spécificités nationales en même temps qu’à leur hiérarchisation, la « culture » occidentale et anglo-saxonne occupant le haut de l’échelle.
L’ensemble de ces modalités témoigne donc de notre entrée dans ce que Castells (2001 : 136) appelle la nouvelle économie, qu’il qualifie de globale, en réseaux et informationnelle. Elle est globale dans la mesure où elle n’est pas simplement une accumulation du capital à l’échelle mondiale – cette économie mondiale existant depuis longtemps 80 – mais parce que l’ensemble de ses activités (production, distribution, consommation, etc.) et des unités qu’elles impliquent (main-d’œuvre, ressources naturelles, capitaux) sont géographiquement dispersées et globalement organisées. Elle est toujours capitaliste, c’est-à-dire qu’elle continue d’avoir pour éthique l’accumulation du profit; en cela, la globalisation est le processus par lequel se poursuit le travail d’accumulation des gains et grâce auquel se renouvelle le système capitaliste. L’économie globale est « une économie dont les éléments centraux ont la capacité institutionnelle, organisationnelle et technologique de fonctionner comme une unité en temps réel, ou en temps choisi, à l’échelle planétaire » (Castells, 2001 : 136). La nouvelle économie est également en réseaux parce que, en raison de l’accroissement excessif de la compétitivité et du rythme effréné avec lequel évoluent les marchés internationalisés, la productivité s’effectue à travers un réseau global d’interaction. Elle met donc en œuvre une nouvelle forme d’organisation, l’entreprise multinationale ou l’entreprise en réseaux. Cette dernière expression est d’ailleurs préférée par Castells (2001 : 257), pour qui les firmes multinationales sont elles-mêmes des réseaux intégrés dans un vaste réseau qui les dépasse. Les grandes entreprises disposent effectivement du pouvoir et des technologies et se sont réorganisées de manière à faciliter leur coopération, leurs capacités novatrices et leur flexibilité. En d’autres termes, elles sont traversées par des réseaux multidirectionnels à tous les échelons de leur organisation, ce qui ne manque pas de reconfigurer leur mode de gestion interne (plus décentralisé, moins vertical, davantage horizontal). Enfin, la nouvelle économie est informationnelle ou, dit autrement, elle repose sur le savoir. Cela signifie non pas simplement que l’information en tant que communication du savoir y joue un rôle clé, mais bien que la création, l’analyse et la diffusion du savoir constituent les sources principales de la productivité, des gains et du pouvoir. Les propriétaires des moyens de production ne sont plus seulement les détenteurs des capitaux, mais aussi ceux qui possèdent les connaissances.
Or, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, « l’espace de la mondialisation est restreint » (de Senarclens, 2001). L’économie globale n’englobe pas tous les secteurs d’activités, les individus et les régions de la même manière, en quoi elle est plurielle et ne manque pas de produire des inégalités sociales. Avant d’aborder plus avant cette question, voyons le processus de la globalisation dans sa dimension sociale.
C’est nous qui avons souligné.
Bien qu’une telle approche connaisse aussi des variantes, les uns lui conférant un certain déterminisme historique (Thompson, 1999; Wallerstein, 1996), les autres lui octroyant plutôt une approche dialectique, à la manière du yin et du yang (Cox, 2001). Ainsi, pour les premiers, le capitalisme entrerait aujourd’hui dans une période de crise structurelle qui signera sa fin et donnera naissance à un nouveau système économique. Pour les seconds, l’histoire donne plutôt à voir une alternance entre des mouvements d’organisation complexe, d’apogée et de désagrégation. Cette dernière perspective, qui évite d’aborder l’histoire comme un processus linéaire et progressif dont la fin est prévue d’avance, nous paraît plus juste pour cette raison.
Fernand Braudel (1979 : 12), avec le concept d’ « économie-monde », a montré l’ancienneté d’organisations supranationales relativement autonomes économiquement.
Pour plus de détails concernant les facteurs d’interdépendance globale des marchés, se référer à Castells (2001 : 138-140) et à Plihon (1997 : 69-79).
Voir, entre autres, l’ouvrage de Braudel (1979) précédemment cité.