3.3 La mobilité internationale des étudiants au Québec

L’OCDE et l’UNESCO amassent des données à partir des fichiers nationaux que les États consentent à leur transmettre. Ces organismes fournissent donc des informations à propos des flux de mobilité étudiante au Canada et non dans la province de Québec. Ainsi, pour ce qui est de la mobilité entrante au Canada, d’après l’UNESCO (2004 : 110) il y aurait eu 40 033 étudiants étrangers au Canada en 1999. Il s’agit d’une augmentation puisque ce nombre n’était que de 29 000 en 1988 (Coulon et Paivandi, 2003 : 9), de 31 435 en 1995 et de 35 988 en 1998 (AUCC, 2000 : 61). Selon l’AUCC, les provinces de Québec, de la Colombie-Britannique et de l’Ontario accueillent à elles seules 80% des étudiants étrangers au Canada. Selon l’OCDE, les étudiants étrangers constituent 2,8% de l’effectif total des étudiants canadiens de l’enseignement supérieur en 1998. L’information n’est cependant pas disponible pour l’année 2002 (OCDE, 2004b : C3.1).

Toujours d’après l’OCDE, en 2002 il y a 35 808 étudiants d’origine canadienne à l’étranger dont 171 seulement se trouvent dans un pays non membre de l’OCDE (OCDE, 2004b : C3.7). Les destinations favorites des Canadiens pour cette année sont, de loin, les États-Unis (26 514), le Royaume-Uni (3098), l’Australie (2581) et la France (1067). Les données sur le pourcentage d’étudiants canadiens scolarisés à l’étranger par rapport à l’effectif total d’étudiants de l’enseignement supérieur au Canada sont manquantes tant pour 1998 que pour 2002 (OCDE, 2004b : C3.1).

Au Canada, l’éducation est un domaine de juridiction provinciale. Toutes les données qui concernent l’éducation sont donc disponibles par province. En ce qui concerne d’abord les étudiants étrangers au Québec, le gouvernement du Québec évalue qu’ils sont 17 589 à être reçus en 2002 dans les universités francophones et anglophones (Gouvernement du Québec, 2004a : 113). Ce nombre est considérable puisqu’il constitue 11,7% de l’effectif total des étudiants inscrits à temps plein dans les universités québécoises, la proportion d’étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur n’étant, comme nous l’avons vu, que de 2,8% au Canada en 1998 et de 10% en France en 2002. De plus, la présence des étudiants étrangers dans les universités francophones et anglophones du Québec est en progression constante puisqu’ils étaient 10 255 étudiants en 1992, 11 122 en 1996 et 14 778 en 2000 (Gouvernement du Québec, 1994; 1998; 2002). De 1999 à 2003, la majorité des étudiants étrangers au Québec provient chaque année de la France et des États-Unis (respectivement 5238 et 2395 étudiants en 2003) (Gouvernement du Québec, 2004b : tableau 03). En 2002, 9 921 étudiants étrangers se dirige vers les universités francophones et 7668 vers les universités anglophones. Dans les universités francophones, la France est le pays d’origine le plus représenté parmi les étudiants étrangers avec 3 866 ressortissants, suivi du Maroc (893 étudiants) et de la Tunisie (752 étudiants). Dans les universités anglophones, en revanche, les étudiants en provenance des États-Unis forment le groupe d’étudiants étrangers le plus nombreux avec 2102 ressortissants, suivis des Français (991 étudiants) et des Chinois (633 étudiants) (Gouvernement du Québec, 2004a : 111-112).

En ce qui concerne la mobilité sortante des étudiants au Québec, les statistiques disponibles renvoient à des problèmes d’imprécisions similaires à ceux mentionnés pour la France, auxquels il faut ajouter le fait que le Québec n’est pas un pays. D’abord, les sources disponibles ne sont pas centralisées et leur jonction mène au risque de calculer plus d’une fois le même étudiant. Les Québécois ont effectivement la possibilité de partir étudier à l’étranger dans le cadre de multiples programmes « nationaux » d’échanges (la CREPUQ 144 , CANEX 145 et l’Agence universitaire de la francophonie 146 ). Ils peuvent également partir dans le cadre d’une entente conclue entre leur établissement d’enseignement d’origine et un établissement à l’étranger. Enfin, ils peuvent partir de manière autonome. Les formes de soutien financier institutionnel auxquelles ils peuvent recourir sont tout aussi multiples. Aussi, l’addition des données amassées par chacun de ces différents programmes de mobilité et de financement en vue d’obtenir le nombre total d’étudiants québécois à l’étranger pour une année donnée risque fort de mener à des recoupements d’étudiants et donc à une surestimation de leur nombre réel. En revanche, les Québécois qui partent de manière autonome, c’est-à-dire sans être inscrits dans un programme au Québec et sans aucune aide financière, échappent tout simplement aux calculs. Enfin, même si nous disposions des ressources nécessaires afin de demander à toutes les ambassades et consulats de nous fournir le nombre d’étudiants québécois sur leur territoire, ceux-ci ne disposent pas de cette information puisqu’il n’y a pas de citoyenneté québécoise. Les étudiants québécois sont inclus dans le total des étudiants canadiens à l’étranger. Bien qu’elles sous-estiment de manière considérable le nombre réel de départs, les données de la CREPUQ et des bourses de mobilité du MEQ nous permettent au moins de noter l’augmentation des flux de mobilité sortante des étudiants québécois au cours des dernières années. Le nombre d’étudiants qui partent dans le cadre de la CREPUQ est passé de 390 en 1997/98 à 456 en 2001/02 alors que le nombre de bénéficiaires d’une bourse de court séjour est passé de 1094 en 2000/01 à 1907 en 2002/03 147 .

Cette présentation de l’histoire des migrations étudiantes, de la transformation progressive des politiques publiques à l’endroit des étudiants étrangers et de l’évolution qualitative et quantitative récente des flux nous permettra de comprendre l’évolution parallèle des perspectives dans lesquelles les recherches qui portent sur les mobilités étudiantes internationales ont été menées jusqu’à ce jour.

Notes
144.

La Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec. Voir le chapitre 2 pour plus d’informations.

145.

Canada Exchange Scolars Program. Il s’agit d’un programme de soutien aux séjours d’études des Canadiens dans une autre province canadienne que leur province d’origine.

146.

L’Agence universitaire de la francophonie (AUF) a été fondée à Montréal en 1961et elle est aujourd’hui présente dans plus de 35 pays à travers ses bureaux régionaux. Elle gère huit programmes dont celui de la mobilité des étudiants et des enseignants/ chercheurs et elle vise la consolidation de l’espace universitaire et scientifique francophone, l’appui aux établissements du Sud pour promouvoir leurs capacités de formation et de recherche et le renforcement des ressources humaines. En 2002, le bureau Amérique du Nord a accueilli 36 nouveaux boursiers étrangers et permis à six étudiants canadiens d’aller étudier dans un autre pays de la francophonie (AUF, 2003 : 12).

147.

Nous invitons le lecteur à consulter de nouveau le chapitre 2 pour des informations relatives à ces programmes.