DEUXIÈME PARTIE. UNE LECTURE DE LA CONSTRUCTION SOCIALE DES CARRIÈRES SPATIALES ET DES SOCIALISATIONS PROFESSIONNELLES

Introduction

Cette deuxième partie de la thèse poursuit deux principaux objectifs. Elle a pour but d’éclairer les processus de construction des carrières spatiales des étudiants en identifiant les modes d’appropriation réelle et symbolique de l’espace tout au long de leur parcours biographique. La notion de carrière, tel que nous l’avons montré dans le premier chapitre de la thèse, implique la prise en compte des dimensions objectives et subjectives de la réalité sociale, cela dans une perspective temporelle. Cette double dimension (objective et subjective) sera saisie à travers l’analyse des transactions sociales des jeunes, soit les formes de négociation qu’ils engagent, afin de s’approprier l’espace international, avec les institutions, avec les autres significatifs ainsi qu’avec eux-mêmes. Nous verrons que l’espace constitue une ressource dans leur effort pour atteindre des positions sociales auxquelles ils aspirent et pour obtenir la reconnaissance des identités qu’ils revendiquent, cela tout au long de leur itinéraire scolaire et de leur travail d’insertion socioprofessionnelle. Une fois les modalités de ce processus de construction des carrières mises au jour, le second objectif de cette partie de la thèse consistera à distinguer une typologie interprétative des carrières spatiales ainsi identifiées.

Pour bien repérer les enchaînements des différentes séquences constitutives des carrières, nous avons divisé cette partie en quatre chapitres qui s’articulent chacun autour d’un temps du parcours des étudiants en mobilité. La description du rapport à l’espace des individus et de leur famille avant l’expérience du séjour d’études à l’étranger va permettre de saisir la diversité des contextes sociaux et familiaux de socialisation à l’international et le rôle de ces contextes quant au rapport à l’espace international. Ce premier chapitre permettra entre autres de mettre en relief les formes de mobilité internationale vécues par le passé par les enquêtés. Le chapitre suivant porte sur les motivations au séjour d’études à l’étranger proprement dit et sur les négociations des étudiants avec les institutions éducatives. Ensuite, nous expliquons comment les divers modes d’expérimentation du séjour académique agissent sur la suite des carrières. Pour qui et en quoi l’expérience de la mobilité internationale étudiante constitue-t-elle une bifurcation? Enfin, le dernier chapitre expose les formes de transactions repérées dans la suite des parcours, notamment au regard de l’insertion socioprofessionnelle, ainsi que la manière dont les acteurs sociaux mobilisent les compétences acquises à travers l’expérience de la mobilité internationale. Cette section fait notamment état des conditions dans lesquelles cette expérience bénéficie ou non d’une reconnaissance sociale au retour dans la société d’origine. C’est à partir de ce moment du parcours et au regard des séquences antérieures ayant conduit à cette position, que nous dégagerons la typologie des carrières spatiales et des socialisations professionnelles.