2. Les transactions entre les acteurs institutionnels et individuels

Le processus de construction sociale du phénomène de la mobilité étudiante internationale connaît des points de départ divers. Pour les uns, dotés d’un faible capital spatial, les études à l’étranger ne faisaient pas du tout partie de leurs projets. L’idée est née d’une publicité aperçue fortuitement à l’université ou de la suggestion d’un ami. Pour d’autres, en revanche, le séjour académique à l’international s’inscrit en droite ligne avec un capital spatial qui s’est progressivement construit en fonction des expériences de mobilité internationale passées. Ici, les enquêtés ont accumulé, seuls ou en famille, une multiplicité et une diversité de lieux ainsi que des savoir-circuler qui sont à l’origine du séjour d’études à l’étranger, si ce n’est qu’ils sont à la source du choix du programme de formation universitaire ou de l’établissement d’enseignement qu’ils ont intégré quelques années auparavant. Entre ces deux cas de figure extrêmes, se trouvent des individus au volume de capital spatial et aux dispositions à la mobilité internationale variables. Pour leur part, le projet de partir étudier à l’étranger est impulsé par et progressivement forgé en fonction des contraintes et des opportunités institutionnelles.

Ces différentes amorces du processus, nous le comprenons déjà, induisent diverses formes de transaction avec les institutions ainsi que des mobilisations de ressources différenciées. À l’un des pôles de la réalité observée, le désir et les démarches de l’étudiant pour partir à l’étranger découlent directement de l’offre institutionnelle. À l’autre pôle, c’est plutôt l’enquêté qui, à partir d’un projet élaboré en fonction de ses expériences antérieures et de ses aspirations professionnelles, entame les démarches, mobilisent les opportunités et contournent les contraintes extérieures. Entre les deux pôles, ce sont les opportunités institutionnelles qui viennent à la rencontre des aspirations des étudiants, lesquels se les approprient en retour de manière à construire graduellement leur projet de mobilité, au gré des possibilités et des obstacles institutionnels. À chacun de ces cas de figure correspondent des modalités particulières d’accès et d’usage des diverses ressources qui entrent dans l’organisation du départ.