2. Le temps des recompositions identitaires

Strauss définit le moratoire identitaire comme un moment où l’individu se retire physiquement et temporairement de la vie sociale afin de réfléchir à ses problèmes d’identité et de recomposer ses engagements envers autrui et envers soi. Par ailleurs, il précise qu’il y a d’autres moments de la vie d’un individu qui contiennent plutôt :

‘des brassages sociaux passionnants et des contacts permettant d’élargir la communication, lorsque, par exemple, on ressent le besoin de renforcer rapidement et énergiquement une image de soi qui vacille, ou celui de valider et revalider une conception de soi récemment découverte. Il est possible que les périodes d’acquisition rapide de connaissances soient étroitement liées à ces phases (Strauss, 1992 : 137). ’

Si dans les deux cas l’acteur social fournit un effort subjectif afin d’ajuster ses identités plurielles de manière la plus cohérente qui soit, Strauss fait néanmoins de ces recompositions identitaires des moments distincts au cours de la trajectoire biographique des individus. Or, le séjour d’études à l’étranger apparaît comme une phase de la carrière spatiale des jeunes où s’enchevêtrent de façon complexe et simultanée un intense brassage social ainsi qu’une période d’isolement (Garneau, 2001 : 104). Pendant le séjour, en effet, les jeunes expérimentent l’intensité de la vie quotidienne en même temps qu’ils se retirent partiellement et temporairement de leurs engagements personnels, interactionnels et institutionnels de la société d’origine, ce qui leur permet de redéfinir certains rôles tout en en éprouvant de nouveaux.