2.1 Expérimentations et brassage social

La recherche d’expériences multiples, d’intensité de la vie quotidienne, de mixité sociale et culturelle, de relations fusionnelles, de communications avec l’autre sont des éléments de la vie juvénile actuelle qui sont repérés dans de nombreuses recherches sur la jeunesse (Roulleau-Berger, 1991; Schehr, 2000; Boudreault et Parazelli, 2004). Si tous les enquêtés ne manifestent pas ouvertement ce type de motivations afin d’expliquer leur départ à l’étranger 195 , la très forte majorité d’entre eux vivent néanmoins leur séjour sur un mode semblable. L’expérimentation de la nouveauté et la prise de conscience de la durée déterminée de l’expérience d’une part, ainsi que les structures universitaires d’accueil des étudiants étrangers d’autre part – lesquelles favorisent, particulièrement en Europe, la mixité culturelle – semblent avoir un effet considérable sur les modes de conduite et les représentations des étudiants en cours de séjour.

Il est vrai que, lorsque les étudiants étrangers arrivent dans leur ville d’accueil, ils ont en commun de se retrouver dans un lieu et une culture inconnus, sans réseau social déjà forgé et avec souvent moins de responsabilités que les nationaux à l’égard de la famille, d’un employeur, voire même parfois des études (nous reviendrons sur ce dernier point) : «… c’est plein de personnes qui se retrouvent dans la même situation et ça permet de ne pas être tout seul, de se sentir… pas entre amis, mais de nouer des contacts » (Fabrice, 27 ans, Français, Québec). Cette communauté de situation favorise la création rapide de liens entre étrangers au détriment des locaux, notamment moins disponibles car déjà inscrits dans des activités et un réseau établi de relations sociales. Cela dit, dans bon nombre de villes de destination – et cela semble plus vrai encore en Europe qu’en Amérique du Nord – les structures d’accueil et d’hébergement participent également très activement au rassemblement des étudiants étrangers. Des résidences universitaires sont réservées aux étudiants étrangers, des fêtes ERASMUS sont organisées dès la rentrée scolaire et tout au long de l’année, des sorties et des activités collectives sont destinées aux étudiants étrangers et certaines écoles réunissent les étudiants étrangers dans des cours spécifiques…

‘« Moi je suis partie dans le cadre d’ERASMUS. C’est hallucinant, dès le début on est un peu intégré, on est en amphi et on est que des étrangers. On est 80% de Français. J’exagère peut-être mais c’était hallucinant. Au tout début donc on était tous en amphi avec aucun Anglais, vraiment que les étrangers. Pour l’intégration. Les deux premiers jours on était tout seul et après les Anglais intégraient les cours après. Et on début on était « bon bien, les Espagnols levez le doigt », alors il y a quelques doigts… Italiens, Grecs, et puis dès que c’était Français, l’invasion mais c’était… moi c’est vrai qu’au début j’ai été déçue, j’ai été déçue quoi! » (Teresa, 24 ans, Française, Angleterre).’

Si bien qu’au final, le groupe des étudiants étrangers apparaît partager peu d’espaces et de moments avec le groupe des étudiants nationaux 196 .

Si pour plusieurs, il s’agit d’une période de mixité culturelle où la vie sociale est d’une intensité tout à fait inoubliable, quelques-uns, même s’ils affirment avoir passé la plus belle année de leur vie, regrettent de n’avoir pas réussi à nouer des liens avec des personnes originaires du pays et de la culture qu’ils étaient, après tout, venus découvrir :

‘« Ça quand même, c’est un échec de ne pas avoir réussi à lier avec des Anglais. Je trouve que c’est dommage d’aller dans un pays et de repartir avec aucune adresse de gens du pays, quoi. Échec, le mot est peut-être un peu fort, mais c’est vrai que moi je suis déçue de ne pas avoir rencontré d’Anglais. C’est vrai qu’on a fait des efforts au début et qu’après, au fur et à mesure, on s’installe dans une sorte de quotidien où on est moins ouvert après. Je pense que ça vient de moi, aussi. Si j’avais vraiment voulu, j’aurais pu complètement couper avec tous les Espagnols, les Français, et puis me lancer. Peut-être que c’était un manque de maturité » (Sylvie, 26 ans, Française, Angleterre).’

Des enquêtés, comme la jeune Française suivante, font preuve d’acharnement pour éviter de rester entre étudiants de même nationalité ou entre étudiants étrangers, cela en vue de rencontrer des « locaux » :

‘« Donc j’ai fait trois mois de septembre à décembre en résidence universitaire. J’ai loué une chambre chez l’habitant, en fait, je l’ai trouvée par connaissance puisque je prenais des cours de poterie à l’extérieur, toujours dans mon souci de rencontrer des "natifs"! Parce que c’est vrai que les étudiants anglais, c’est dur à approcher parce qu’ils sont pas trop portés sur les langues et les autres cultures. Enfin moi, au niveau des étudiants, j’ai pas du tout noué de liens amicaux avec des Anglais. […] Et puis ce groupe des ERASMUS est imposant et c’est vrai que pour quelqu’un qui est Anglais et qui arrive et qui veut entrer dans le groupe avec nous c’est difficile parce qu’on forme déjà un tel troupeau! Donc chacun reste de son côté, c’est comme ça, donc j’avais décidé un petit peu de suivre des cours à l’extérieur. Et c’est vrai que par ce biais-là, j’ai rencontré beaucoup plus de gens qu’à l’université et j’ai encore des contacts avec des personnes qui étaient avec nous là-bas. Et c’est d’ailleurs une dame qui travaillait dans ce centre qui m’a proposée de me louer une chambre chez elle, elle venait d’emménager dans une nouvelle maison, elle était d’origine jamaïcaine » (Gwénaëlle, 24 ans, Française, Angleterre).’

Par ailleurs, certaines écoles accueillent les étudiants des universités étrangères avec lesquelles elles signent des ententes en les inscrivant dans un cursus spécifique à l’écart des étudiants nationaux. Des étudiants déplorent le fait d’être ainsi maintenus à l’écart des indigènes en plus, dans certains cas, de suivre des cours dispensés par des professeurs étrangers qui ne maîtrisent pas toujours bien la langue du pays dans lequel ils se trouvent. Lorsque les étudiants se dirigent dans un pays dans le but de connaître ses institutions sociales et sa culture et qu’ils se retrouvent dans un cadre d’enseignement et de vie étudiante presque parallèle, on peut questionner l’intérêt d’une telle expérience académique à l’écart du système d’éducation et de la population d’accueil.

Qu’ils soient intégrés à un groupe d’étudiants de même nationalité, d’étudiants étrangers ou d’étudiants indigènes, les enquêtés sont toutefois très nombreux à souligner l’intensité de la vie sociale durant le séjour. En plus du fait de ne plus habiter chez leurs parents, de se voir proposer de multiples sorties et activités et, lorsqu’ils logent en résidence, de vivre à proximité de gens aux affinités semblables mais de cultures diversifiées, le fait d’être placés devant la nouveauté culturelle, d’avoir conscience du caractère temporaire de l’expérience, d’être libérés de certains engagements sociaux au pays d’origine et, dans certains cas, de n’avoir pour principale préoccupation que d’avoir la note de passage, entraînent chez les étudiants étrangers une sorte de sentiment d’urgence qu’il leur faut profiter de tous les instants. On veut découvrir la ville et le pays, on savoure le moment présent, on cherche à communiquer, à multiplier les rencontres fusionnelles, à vivre l’émotion. Plusieurs enquêtés, jusque-là sérieusement impliqués dans leurs études, dans la pratique d’un sport de compétition, dans des associations de toutes sortes, avouent s’être alors « lâchés », se permettant de prendre une pause et se donnant le droit d’avoir moins de responsabilités avant de prendre sérieusement en main leur entrée sur le marché du travail.

‘« Après un mois qu’on est là, on commence à connaître du monde, on se fait tout le temps sortir, on est sur le party, mes cours, c’est comme pas la grande importance… En plus là-bas, je sais qu’il faut juste que j’aie la note de passage, donc je ne me donne pas à 100%. Ça fait que là, on commence à sortir pas mal, à chaque fin de semaine évidemment on se met à voyager pour connaître le pays, veut, veut pas, c’est un peu l’objectif, connaître la culture. Les cours de sciences politiques, dans le fond, c’est secondaire. Je le pense encore, mon expérience là-bas c’était pas nécessairement une expérience académique, si j’avais voulu m’améliorer académiquement je serais allée au London School of Economics, je ne serais pas allée au Mexique. Donc moi, mon objectif fondamental c’est d’apprendre l’espagnol et de connaître la culture. Alors là il y a beaucoup d’activités d’organisées sur le campus pour les étudiants étrangers et veut, veut pas, les étrangers finissent tous par se regrouper ensemble, avec des Mexicains… […] Je m’étais tellement donné les années d’avant ici, tout allait bien, tu sais, j’avais des bonnes notes, une bonne implication, là c’était vraiment "je ne pense à rien", moi dans ma tête c’était mon dernier moment de vacances avant de revenir ici et de commencer à travailler. Tu sais, je ne suis pas aussi de party à Montréal! » (Josée, 26 ans, Québécoise, Mexique).’

Des étudiants ont d’ailleurs l’impression que les professeurs ont une attitude charitable à leur endroit : « Étant donné qu’on était étranger, ils sont plus indulgents, je pense » (Teresa, 24 ans, Française, Angleterre). Si des enquêtés ne subissent pas d’échecs scolaires grâce notamment à la magnanimité de leurs professeurs, tous n’ont pas la même chance et certains échouent des cours. La maîtrise insuffisante de la langue d’enseignement, certaines difficultés d’adaptation au nouvel environnement scolaire et peut-être parfois un manque de sérieux de la part de l’étudiant semblent en être les principales causes, auxquelles nous pouvons ajouter également un manque d’encadrement de la part des universités. Certains n’hésitent pas à reprocher aux responsables de la mobilité internationale de leur université d’attache de les avoir insuffisamment renseignés à propos du niveau de difficulté du programme de l’établissement étranger, voire de les avoir « jetés dans la gueule du loup », comme l’a ressenti cette jeune française en échange à Taiwan :

‘« Au niveau organisation finalement c’était la catastrophe, finalement on a levé un truc qui était pas très net, quoi. C’était des accords purement commerciaux en fait entre deux universités. Nous, quand on est étudiant, on y va pour apprendre, pour s’enrichir culturellement, mais quand même pour ramener quelque chose de concret. Or, c’était totalement impossible dans les conditions dans lesquelles le contrat entre les deux facs était fait. Je pense quand même que la Région, comme elle propose de l’argent, elle donne une bourse, c’est étonnant qu’elle n’ait pas un droit de regard, quand même, sur ce qui se passe. Ils envoient des jeunes, j’avais 22 ans, 23 ans, je sais plus, sans savoir du tout où ils les envoient. […] Comme mon sujet de maîtrise était plutôt philosophie, littérature, histoire, il a fallu que je me coltine des cours de philo, littérature, histoire… mais avec des étudiants chinois. Donc je ne captais absolument rien, mais rien, rien, rien que dalle. Donc je perdais mon temps » (Fabienne, 30 ans, Française, Taiwan).’

Le long extrait du jeune homme suivant rend compte des éléments ayant concouru à le faire échouer. Les conditions institutionnelles d’hébergement et d’accueil des étudiants étrangers, certains comportements de l’enquêté, et une confiance aveugle de la part des responsables de l’échange interuniversitaire à l’égard de ce dernier semblent ici être en cause :

‘« Ça fait que l’entrevue a été faite. Ils m’ont posé la question, "est-ce que tu vas apprendre le suédois", j’ai dit "oui, je vais apprendre, et je vais suivre des cours intensifs là-bas", ce que j’ai fait. Arrivé en Suède, je ne connaissais personne là-bas, l’accueil était pas trop pire, c’était assez bien organisé pour les étudiants étrangers. Je dirais que 95% des gens là-bas parlent anglais, donc tu te débrouilles, mais arrivés en cours… C’était fou. J’avais des cassettes, j’avais des livres, je commençais à balbutier le suédois, mais vraiment des conversations de base : "salut, bonjour, je veux 3 pommes", tu sais. C’est facile. Mais que tu arrives avec des cours de thermodynamique… et le suédois, c’est le même alphabet que nous, mais les mots peuvent faire 40 lettres… Vraiment, je n’en revenais pas. Donc au premier cours, j’ai pris tout en note, j’arrive chez nous et ça m’a pris deux heures traduire une heure de cours. C’était pas évident. J’ai fait ça pendant deux semaines. […] En plus de ça, tu as les associations étudiantes, tu avais des mentors là-bas qui s’occupaient des étudiants étrangers, mais il reste qu’ils nous mettaient tout le temps en gang, et puis il y avait tout le temps des partys, au moins un ou deux par semaine, je te le jure, sur toute la durée de mon séjour, il y avait un ou deux partys d’étudiants étrangers. Évidemment, tu te tiens toujours avec eux, tu ne pratiques pas le suédois, je n’allais plus au cours parce que je ne comprenais rien et je perdais mon temps, je me suis dit… En plus, là-bas, la structure, les cours, l’examen, c’est 100% final. Mais tu as trois chances de le réussir. Si tu ne le réussis pas, tu peux le reprendre, et le reprendre. Donc finalement, j’ai pas été aux cours, j’ai visité, j’ai fait la fête… et puis je m’étais dit "je vais étudier le dernier mois", ce que j’ai fait. Et même, on allait même pas dans les laboratoires. C’était obligatoire, mais les profs savaient qu’on ne venait pas. Les Suédois sont vraiment gentils et c’était, comment dire, c’était une fausse image. On était trop présomptueux de ce qu’ils allaient être tolérants et tout, et nous aider à passer les cours de toute façon. Parce que c’est le premier étudiant étranger qui va là-bas, il coule, c’est quasiment fini, le programme… Les notes ont vraiment été sévères et j’ai coulé quatre cours sur cinq » (Pascal, 23 ans, Québécois, Suède).’

Avec beaucoup d’efforts, de stress et de chance, cet étudiant repassera avec succès ses examens à partir de Montréal. Nous verrons plus loin que le traitement réservé à l’étudiant à son retour est parfois personnalisé et que son issue semble reposer à la fois sur ses aptitudes personnelles et sur la charité de son interlocuteur institutionnel. Des enquêtés ayant subi des échecs en séjour étudiant parviennent avec détermination et non sans certaines capacités de communication et d’argumentation à faire valoir leur point et à ne pas perdre leur année tandis que d’autres, moins privilégiés, ne réussissent pas à avoir le même traitement de faveur.

Le niveau de diplôme, le volume de ressources spatiales et le degré d’institutionnalisation du séjour semblent exercer un effet sur la manière qu’ont les étudiants en mobilité d’appréhender leur expérience une fois à l’étranger. Les étudiants étrangers pour qui les études et les apprentissages scolaires apparaissent secondaires par rapport aux apports personnels de l’expérience en sont habituellement à leur premier séjour à l’étranger, ils habitaient chez leurs parents avant de partir, ils sont souvent au premier cycle (et comptent poursuivre leurs études à leur retour) et sont généralement en situation d’échange interuniversitaire 197 . Parmi eux, ils sont plusieurs à avoir précisé que la maîtrise de la langue était ce qui leur importait le plus, un apprentissage qui n’est pas exclusif à l’espace scolaire. Ils sont conscients que les notes reçues à l’étranger n’apparaissent pas sur le relevé et qu’il leur suffit d’obtenir la note de passage pour voir leur année validée par leur établissement d’attache.

‘« Là-bas, ce qu’il y a de bien c’est que… les résultats qu’on a… ce qui est important c’est de passer les cours. Parce que dans notre bulletin, ils nous mettent des notes – je pense que c’est Y, ça veut dire équivalent –, ce qui fait que j’avais pas à performer. J’avais pas à avoir de bonnes notes, j’avais qu’à passer les cours » (Daniel, 27 ans, Québécois, France).’

À l’inverse, les étudiants qui n’en sont pas à leur premier séjour à l’étranger, ceux qui sont en mobilité autonome – lesquels engagent des sommes d’argent considérables et souhaitent obtenir le diplôme officiel de l’université d’accueil – ceux qui ont un projet d’études longuement élaboré en conformité avec le pays et la culture de destination et ceux qui sont en quête du diplôme avec lequel ils entameront leur recherche d’emploi, bien qu’ils disent également avoir vécu une vie sociale intense et soulignent les apports personnels de leur vie à l’étranger, conçoivent davantage leur séjour comme un moment d’acquisition de connaissances académiques et de qualifications professionnelles.

‘« Il y avait beaucoup d’étudiants pour qui leur année d’ERASMUS, on sentait vraiment que c’était une année où ils faisaient une pause, ils prenaient du bon temps, ils étaient pour la plupart en gestion et en sciences économiques et apparemment ils avaient pas beaucoup d’heures de cours. Ils étaient plutôt en premier cycle. Moi j’étais la seule étudiante étrangère en sciences, en second cycle, une année très importante pour moi pour la valider. Il y a ça aussi, j’ai énormément travaillé pendant mon année en Belgique et j’ai pas autant participé que les autres à toutes ces réunions ERASMUS, à toutes les soirées, les balades… Je regrettais un petit peu de pas pouvoir plus en profiter mais je voulais pas sacrifier cette année. Surtout que cette année-là ne me permettait pas… j’aurais pas pu dire, bon j’ai perdu une année mais j’ai quand même progressé en langue. Moi je parlais la langue du pays! Ça aurait été difficile à justifier, quoi » (Marielle, 28 ans, Française, Belgique).’

Pour le Québécois suivant, qui est parti en mobilité autonome en Angleterre, il n’était pas question qu’il mette en danger une année de maîtrise qui allait coûter, à lui et à ses parents, près de 45 000$ canadiens 198  : « Je ne me suis pas donné le temps parce que je me serais senti coupable. C’est vraiment le fait que ça coûte cher et je me disais "non, non, non, il faut que tu aies des bonnes notes et que tu te trouves une bonne job, point à la ligne. Le plaisir, ce sera une autre fois" » (Patrice, 28 ans, Québécois, Angleterre).

Ainsi, les conditions de vie des étudiants étrangers (proximité physique et sociale grâce aux structures d’hébergement, durée déterminée du séjour, etc.) tendent à engendrer des représentations différenciées du séjour selon le volume de capital spatial, le niveau de diplôme et le degré d’institutionnalisation de la mobilité. Si tous les enquêtés ne considèrent pas les apprentissages scolaires avec la même importance, la plupart s’accordent pour souligner les bienfaits d’une familiarisation avec un autre système d’enseignement. Par ailleurs, tous s’entendent pour mentionner les nombreuses qualités personnelles – la tolérance, l’ouverture à l’autre, l’autonomie, la flexibilité, la faculté d’adaptation, les capacités à communiquer dans une autre langue – qu’ils ont pu développer grâce à l’expérimentation d’un brassage social et culturel et grâce à l’intensité des relations nouées lors du séjour. Certaines de ses relations perdurent d’ailleurs dans le temps et l’espace.

Notes
195.

Revoir la partie sur les motivations de départ présentée dans le chapitre précédent.

196.

Murphy-Lejeune (2003 : 56) va jusqu’à employer l’expression de « ghetto des étudiants étrangers ».

197.

Bien que le cumul de ces caractéristiques ne conduise pas automatiquement à une telle représentation et manière de vivre le séjour.

198.

Ce jeune homme explique que ses parents lui ont prêté les deux tiers de la somme nécessaire à la réalisation de ses études en Angleterre. Dans son cas, le fait qu’il soit un élève sérieux et talentueux et qu’il étudie dans le domaine des finances – où les salaires sont réputés élevés – a certainement contribué à faciliter cet investissement. Ici, les acteurs en cause misent sur la valeur symbolique du diplôme afin d’accéder à l’emploi qui rentabilisera le capital économique investi : « J’avais des dettes, donc j’avais besoin d’une grosse job, et c’est ça que j’ai décroché. J’ai vraiment décroché une grosse job pour quelqu’un qui vient juste de finir la maîtrise, donc après un an déjà je faisais six chiffres. La contrepartie, c’est que je travaillais 120 heures par semaine… » (Patrice, 28 ans, Québécois, Angleterre).