5. À la poursuite de l’espace international

Tout au long de ce chapitre et des chapitres précédents, nous avons laissé entendre à maintes reprises que la carrière spatiale des jeunes ne connaissait pas son terme avec le premier séjour d’études à l’étranger. La moitié des enquêtés français et québécois réinvestissent l’espace international à nouveau, et certains à plus d’une reprise 203 . Les formes que prennent ici les mobilités sont tout aussi diverses et variées que celles qui ont été effectuées lors des séquences antérieures à l’expatriation pour études 204 . Les jeunes repartent dans le cadre de leur formation universitaire, pour un stage, pour le service militaire, ils accomplissent des séjours linguistiques, ils voyagent, ils font de l’aide communautaire et, enfin, ils travaillent à l’étranger. Si, pour ceux dont le parcours est déjà fort ponctué de phases de mobilité internationale, les étapes ultérieures d’appropriation de l’espace international apparaissent s’inscrire dans la normalité de leur destinée, pour les autres, le premier séjour d’études, souvent rendu concrètement accessible grâce aux ententes interuniversitaires et aux dispositifs de soutien financier, est la première d’une longue suite de séquences de pratiques spatiales à l’international. Nous pouvons dire que chaque individu possède un système évolutif de mobilité qu’il régule en fonction des structures sociales et de ses expériences accumulées; de fait, les usages de l’espace, tant pratiques que symboliques, se transforment au fil de son parcours.

Certains jeunes qui sont partis étudier à l’étranger pour une première fois prennent alors l’ampleur des bénéfices multiples d’une pareille expérience et organisent dès leur retour au pays, sinon depuis la société d’accueil, leur second séjour académique international. Tout se passe comme si l’étudiant constatait soudainement que son champ d’action ne se limite pas aux établissements d’enseignement de sa société d’origine.

‘« Et puis là, rendus à la mi-trimestre là-bas, c’est à la suite des discussions avec les professeurs là-bas, parce qu’on avait des professeurs qui venaient des États-Unis, de Londres, donc en discutant avec ces gens-là ils m’ont comme encouragé à "va faire ta maîtrise en Angleterre, Londres c’est le noyau de la finance, etc.". Donc à la mi-session, c’était certain que je revenais et que je me mettais dans les démarches pour appliquer » (Patrice, 28 ans, Québécois, Angleterre).’

Cette prise de conscience est généralement suscitée par un nouvel accès à d’autres espèces de ressources comme, par exemple, une lettre de recommandation signée de la main d’un professeur étranger pour l’admission à un programme ou à une bourse dispensée par la future université d’accueil. C’est parfois au cours d’un premier séjour institutionnellement encadré et donc relativement sûr que l’individu au faible volume de capital spatial acquière la conviction qu’il sait vivre seul dans un univers étranger et qu’il peut donc assumer une seconde expatriation, cette fois de plus longue durée ou en ayant le statut d’étudiant autonome.

Comme pour le premier séjour académique, les motivations sous-jacentes à la deuxième expérience étudiante sont multiples et enchevêtrées. Toutefois, le sens que prennent les deuxième et troisième mobilités étudiantes internationales évolue en fonction à la fois de l’expérience vécue précédemment et de l’étape du parcours d’insertion professionnelle à laquelle se trouve l’individu. Certaines motivations prennent à cette occasion plus d’ampleur. Les étudiants restent plus longtemps au pays d’accueil ou repartent à nouveau, selon les cas, moins dans l’intention d’acquérir de l’indépendance vis-à-vis de leurs parents ou de prendre congé d’un environnement universitaire devenu routinier que dans le but de rester auprès du petit ami de nationalité étrangère, d’obtenir une formation spécialisée ou de se voir décerner un diplôme prestigieux qui donnera accès au statut social et professionnel convoité. Ainsi, certains jeunes Québécois 205 en voie de s’insérer prochainement en emploi sont-ils repartis, cette fois en étudiants autonomes, dans l’espoir d’obtenir la formation la plus qualifiée et spécialisée possible de même que dans l’espoir de voir la notoriété de l’université incarnée dans le diplôme leur ouvrir les portes du marché du travail national. Ces jeunes souhaitent prouver à leur futur employeur « qu’ils l’ont fait ». La formation acquise dans le cadre d’un échange d’étudiant d’un trimestre ou d’une année serait-elle considérée par ces étudiants comme incomplète ou comme étant devenue trop commune? Il semble en effet que la recherche de distinction soit une puissante motivation à la mobilité autonome.

‘« …mais je ne serais pas allé dans une autre université que la London School. Donc ça tombait bien que tout ça était au même endroit. C’est certain qu’il y a un prestige… je ne sais pas comment j’en avais entendu parler… Parizeau est allé là, Pierre Elliot Trudeau est allé là, je pense Robert Bourassa, Daniel Johnson est allé là… Donc l’école avait un prestige et c’est avant tout ce prestige-là qui m’a fait postuler là » (Antoine, 26 ans, Québécois, Angleterre).’

Outre les enquêtés de niveau doctoral qui bénéficient du concours d’un organisme d’appui à la recherche – lesquels sont récompensés pour l’excellence de leur dossier scolaire et proviennent, pour certains, d’un milieu familial économiquement modeste –, il va de soi que ce sont les plus privilégiés économiquement qui disposent de la marge de manœuvre suffisante pour s’approprier l’espace international éducatif en mobilité individuelle et à des fins de distinction. Les propos d’Antoine, dont le père exerce une profession libérale, permettent de mesurer l’ampleur du rôle des ressources économiques dans pareille entreprise :

‘« J’avais la chance de ne pas avoir la contrainte financière. Je n’avais pas une carte de crédit que je pouvais utiliser comme je voulais, il y avait un certain contrôle, mais… Je ne me souviens pas qu’on ait parlé d’argent. Je me souviens que je leur ai parlé, tout ça, que je voulais partir, mais je ne me souviens pas qu’on ait vraiment parlé de la répartition des dépenses. J’avais assez d’argent pour défrayer moi-même au moins 75%, j’avais probablement pris pour acquis qu’il y allait avoir un certain partage des dépenses, mais chez nous, les études ont toujours été payées par mes parents. Les études de mon frère, ma sœur, mes études, les trois enfants ont eu une voiture de payée lorsqu’ils ont eu 17 ans je crois, et pendant qu’on étudiait, l’essence et les assurances étaient payées. L’été, l’essence n’était plus payée parce que c’étaient pas les études, et graduellement, les assurances n’étaient plus payées à mesure que les enfants grandissaient et qu’ils pouvaient gagner de l’argent. Ça n’a jamais été dans ma famille un système qui a été expliqué comme ça, mais c’est un système qui a été appliqué pour les trois enfants. Donc je savais que j’allais avoir du support financier, finalement ça s’est terminé qu’ils ont tout payé, mais je m’attendais pas nécessairement à ce qu’ils payent tout. C’était pas… j’avais assez d’argent pour le faire ce projet-là » (Antoine, 26 ans, Québécois, Angleterre).’

Nous aurons l’occasion de revenir en fin de chapitre sur l’inégalité d’accès à l’espace éducatif international en fonction des ressources économiques.

Tel qu’indiqué précédemment, l’accumulation de capitaux et de compétences à travers un espace international se poursuit dans le cadre d’autres activités. Des jeunes ayant l’obligation ou la possibilité de faire un stage au cours de leur formation profitent de l’occasion, quand la structure du programme le permet, pour le faire à l’étranger. C’est le cas de Florence qui, après avoir passé une année universitaire en Australie où elle rencontre son ami, y déniche un stage dans le but affirmé de rester auprès de son copain.

Par ailleurs, certains jeunes Français et Québécois, notamment ceux qui n’ont pas eu l’occasion de le faire auparavant 206 , profitent de la phase transitionnelle entre la fin de leurs études et le début envisagé de leur vie professionnelle pour partir en voyage d’aventures. Ici, l’espace étranger est conçu de façon similaire à ces jeunes qui sont partis en séjour d’études afin de faire le point et de réfléchir à la direction à donner à leur parcours professionnel : le voyage en terre culturelle étrangère apparaît comme une pause avant d’entamer concrètement la vie professionnelle, comme une occasion, telle cette jeune française, de faire le bilan des pérégrinations et des quêtes antécédentes avant de rentrer au pays ou de s’installer plus durablement :

‘« Et j’ai été jusqu’à Ushuaia, et c’était tout un symbole parce que quand je suis partie à Montréal… Cette année, ça a été un petit peu une année de transition et après tout s’est enchaîné. Enfin, tout a commencé un petit peu quand je suis allée en Gaspésie, à Ste-Anne des Monts, et alors j’étais contente que toutes ces années en Amérique aient commencé à Ste-Anne des Monts et finissent à Ushuaia, à la pointe sud de l’Amérique du Sud! [rires] Je trippais complètement, là ça m’a confortée que j’étais prête pour rentrer en France, que j’avais fait ce que je devais en Amériques, et voilà! C’était vraiment… Je dis ça en rigolant mais j’ai pris ça très au sérieux. Quand je suis arrivée à Ushuaia, c’était comme un pèlerinage, c’était bon, la terre s’arrête, il faut rentrer! [rires] Et je suis rentrée! A New York une semaine, et après en France » (Brigitte, 28 ans, Française, Argentine).’

Quelques enquêtés repartent également dans le but de faire un séjour linguistique, bien que cette forme de mobilité après le séjour d’études soit plus rare. À l’instar des exemples précédemment cités où les individus, une fois à l’étranger, ont accès à des ressources qui procurent une véritable ouverture des possibles, ce jeune Québécois décroche en Allemagne une bourse qui lui permet d’aller étudier l’arabe en Syrie :

‘« Après mes deux ans à Erlangen, j’ai gagné une bourse pour passer une année d’études de langue en Syrie. C’est le service d’échange académique de l’Allemagne, c’est un très grand programme fédéral, les étudiants allemands voyagent beaucoup, ils font beaucoup de séjours à l’étranger. J’étais à Damas. […] Une fois que j’ai gagné cette bourse pour finalement passer une année au Moyen-Orient, c’est quand-même quelque chose qui me manquait dans ce domaine-là, parce que tous mes collègues avaient passé au moins une année au Moyen-Orient longtemps avant moi, ils étaient tous meilleurs en arabe que moi. Donc une fois que j’ai gagné cette bourse, j’ai vu quand même que j’avais des très grandes chances de pouvoir continuer » (Frederic, 34 ans, Québécois, Syrie).’

C’est cette formation linguistique qui le confortera dans ses qualifications et le poussera à s’engager dans des études doctorales.

D’autres individus, au terme de leur formation universitaire, choisissent de partir en séjour d’aide communautaire parce qu’ils ont attrapé « la piqûre du voyage », qu’ils veulent « tellement partir » et qu’ils souhaitent acquérir une expérience professionnelle. C’est le cas de cette jeune femme fraîchement diplômée en travail social, pour qui ce type d’activité est en adéquation avec le programme de formation :

‘«… c’est beaucoup "si t’as terminé tes études et que tu fais un stage à l’international, ça t’ouvre les portes", ce qu’ils disent. Ça fait que j’ai commencé à regarder ça. Donc j’ai appliqué et finalement, j’ai eu différentes entrevues et finalement ça a été le [nom de l’organisme montréalais] qui avait un projet pour aller au Nicaragua » (Annabelle, 29 ans, Québécoise, Nicaragua).’

Comme lors des séquences de mobilité internationale identifiées préalablement au séjour d’études à l’étranger, les expériences réalisées dans le cadre d’un programme d’aide communautaire dans les pays en voie de développement sont le lot des enquêtés québécois et non celui des enquêtés français. La formule des stages de courte durée offerts par les divers organismes québécois et canadiens à l’endroit des jeunes facilite leur appropriation ponctuelle alors que les organismes français tels Handicap International, Médecins sans frontières, Bioforce, etc. font davantage appel à des professionnels (Garneau, 2001).

Certains jeunes gens français soumis à l’obligation du service militaire cherchent à repartir en tant que coopérants. Ici, la volonté presque à tout prix d’éviter le service militaire se joint au « désir » de l’étranger pour mener au départ :

‘« … ça m’a bien donné le goût de repartir à l’étranger cette année-là. Donc quand je suis rentré en France, je savais que je devais faire mon service militaire, donc j’ai cherché à faire une coopération en entreprise, donc j’ai ouvert un dossier au ministère des armées, j’ai cherché un poste, etc. Donc j’ai fini [nom de l’école] début septembre, là j’ai cherché coopération, j’ai pas trouvé, et on m’a proposé, le ministère des Affaires étrangères m’a proposé un poste à l’ambassade à Tel-Aviv en Israël. […] Donc ça ne me satisfaisait pas complètement mais j’avais vraiment envie de partir et de ne pas passer un an dans une caserne, donc je suis parti… » (Fabrice, 27 ans, Français, Israël).’

Ces jeunes doivent non seulement être disposés à partir à nouveau à l’étranger, mais ils doivent être en mesure de le faire pendant 16 mois, période exigée à ceux qui effectuent le service militaire en tant que coopérants. Pour Fabrice cité à l’instant, c’est le séjour d’études au Canada, le premier de sa carrière spatiale, qui a fait naître en lui l’intention de repartir vivre à l’étranger, en plus de lui fournir la conviction toute personnelle qu’il peut et sait le faire. Cette formule – pour peu que l’individu ait l’occasion de l’emprunter car les postes de coopérants ne sont pas pléthore – est une stratégie qui peut s’avérer fructueuse professionnellement puisque, généralement en concordance avec sa filière de formation, elle lui permet d’étendre ses compétences et son bagage de qualifications. C’est le cas du jeune homme suivant, lequel a été embauché sans même passer l’étape habituelle de l’entretien :

‘« Quand je suis revenu de Washington [ville de la coopération] j’étais vraiment… Enfin si je ne suis pas bilingue, je ne suis vraiment pas loin de l’être. Je travaillais huit heures par jour en anglais pendant un an et demi. Et donc là, ce poste-là, je vais travailler en anglais. On m’a contacté avant même que l’année soit finie parce que mon profil les intéressait. Donc là, carrément, mes expériences à l’étranger[ 207 ] ça m’a carrément servi. On ne m’aurait jamais proposé ce poste-là comme ça, quoi » (Armand, 27 ans, Français, États-Unis).’

Dans une voie similaire, plusieurs enquêtés ont occupé un emploi à l’étranger pendant une période s’étalant de quelques mois à quelques années, selon les cas, et certains se sont d’ailleurs expatriés à plus d’une reprise. Notons qu’il est ici fait référence à ceux qui doivent s’établir à l’étranger pendant un certain temps dans le cadre de leur travail et que cela exclut donc les enquêtés qui, de par la nature de leurs fonctions professionnelles au pays d’origine, sont appelés à travailler à l’étranger pour des missions de deux à trois semaines. Dans de nombreuses situations, cela a été dit, l’occupation d’un poste à l’étranger est précédée d’une rencontre amoureuse et s’accompagne d’une mise en couple avec un ressortissant du pays concerné ou, dans un même ordre d’idées, le départ est initié par la volonté de suivre un conjoint de même nationalité en partance à l’étranger pour ses études ou son travail. C’est ce qui s’est passé pour Laurent qui, alors qu’il amorce en France un emploi qui s’était pourtant longtemps fait attendre 208 , fait la rencontre de son amie quelques mois seulement avant qu’elle ne parte effectuer un post-doctorat au Japon. Fort de la certitude, après son séjour étudiant au Québec, qu’il peut vivre pendant une longue période à l’étranger, et sans doute échaudé par une expérience d’amour à distance déchu, il fait le choix de tout quitter et de partir avec elle au Japon :

‘« Je me suis dit que si je pouvais vivre un an à l’étranger, je me suis dit que c’était pas nouveau pour moi. Que je pouvais encore le faire. C’est ce qui m’a poussé aussi à partir. Bon, surtout ma copine, mais aussi le fait de savoir que c’était pas totalement inconnu. Je pense que ça a joué [la rupture avec l’ancienne copine] aussi sur ma décision en me disant que si je voulais m’investir dans une relation, si je commençais encore à rester loin pendant un an, je pense que le schéma allait recommencer, chacun prend son chemin, chacun prend son expérience, pas d’expériences partagées ou des choses comme ça, donc j’ai décidé, je pense que ça a été vite parce qu’en un mois, j’ai décidé de me mettre au japonais et de déposer ma lettre de démission parce qu’il faut trois mois de préavis » (Laurent, 30 ans, Français, Japon).’

Lui et sa petite amie passent trois ans au Japon, où il travaille d’abord en tant qu’enseignant d’anglais et de français, puis en tant que programmeur dans des entreprises oeuvrant dans l’informatique. Ils étaient de retour en France depuis une semaine lorsque nous l’avons rencontré.

Selon les cas de figure, certains enquêtés passent directement des études à l’étranger à l’occupation d’un poste tandis que d’autres reviennent au pays le temps de terminer leur diplôme et de trouver le moyen le plus adéquat possible, sur le plan professionnel (stage? autre diplôme? emploi?), de repartir auprès du copain ou de la copine. Comme nous venons de le voir, certains partent à l’étranger en vue d’y chercher du travail et d’autres sont affectés à l’étranger par leur employeur du pays d’origine. Les expatriations dans le cadre du travail ne suivent pas de modèle déterminé.

‘« En fait, l’annonce c’était un groupe de Danois de 1000 personnes et la première année c’était une année de training où en fait je visitais toutes les sociétés du groupe où je menais des projets de deux mois dans toutes les sociétés du groupe, donc j’ai fait cinq pays pendant un an. Et en plus je suivais des cours particuliers dans chaque pays, donc j’ai appris l’italien, l’espagnol, 40 heures dans chaque pays. La première année. Et c’était pour ensuite prendre un poste de responsable qualité dans la société française.
- Et vous avez fait quels pays, finalement?
- On est implanté dans treize pays, donc j’ai fait Danemark, après je suis parti en Italie, je suis parti en Espagne, Allemagne et Suisse. […] donc maintenant, j’ai la responsabilité depuis janvier de l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la France » (Damien, 28 ans, Français, Europe).’

Des enquêtés disposant d’une double nationalité et d’un réseau professionnel développé au cours de leurs études dans le pays d’accueil profitent de ces avantages afin de contourner certaines difficultés d’insertion en emploi. C’est ainsi, par exemple, qu’un jeune Québécois de nationalité anglaise obtient une bourse postdoctorale de l’Angleterre afin de mener des recherches en géologie à Hawaï. Aspirant à devenir professeur d’université, son post-doctorat lui permettra de poursuivre ses recherches jusqu’à ce qu’il obtienne un poste au Canada, pays où il comptait s’établir. Cet autre Québécois de nationalité allemande, après quelques entretiens d’embauche infructueux aux États-Unis et au Canada, repart vers l’Allemagne où il obtient un poste, non sans l’aide d’un professeur avec lequel il avait travaillé durant sa maîtrise :

‘« Finalement, j’ai eu un poste en été 2002 en Allemagne. Il y a un poste d’assistant… On a créé un département d’histoire dans une nouvelle université en Allemagne avec un poste pour un professeur d’histoire du Moyen-Orient et la personne qui a eu le poste de professeur, c’est l’ancienne assistante professeur de Erlangen que je connaissais depuis longtemps, j’avais travaillé comme son assistant de recherche à l’époque et elle m’a carrément proposé le poste d’assistant. C’est comparable à un professeur adjoint. Donc c’est par le biais de ce contact personnel que j’ai eu ce poste, finalement » (Frederic, 34 ans, Québécois, Allemagne).’

De tels exemples où l’espace international est mobilisé afin d’échapper à une situation de non-emploi, d’éviter une déqualification après de hautes études et d’acquérir l’expérience professionnelle nécessaire à l’obtention du poste espéré dans le pays d’origine, ne sont pas uniquement le lot des enquêtés qui possèdent une double nationalité et ne constituent pas une exception parmi les enquêtés tant français que québécois. Il s’agit néanmoins des individus qui possèdent des capitaux culturel, social et spatial élevés, accumulés tout au long de leur parcours spatial.

Évidemment, tous les individus dont il est ici question étaient de retour dans leur pays d’origine au moment où nous les avons rencontrés. Les anciens étudiants en mobilité qui sont toujours à l’étranger au moment de l’enquête échappent donc à l’analyse. À ce titre, rappelons les données de l’OURIP citées dans le chapitre précédent selon lesquelles 10% des étudiants français qui sont partis en 1997/98 sont toujours à l’étranger en 2001 (Di Vito et Pichon, 2003 : 36). De fait, et malgré que nous ne soyons pas en mesure d’avancer de chiffres – lesquels de toute manière ne seraient pas statistiquement significatifs –, nombre de personnes ayant été contactées au cours de la récolte de ce matériau d’enquête ont répondu – ou un membre de leur famille – qu’elles n’étaient pas au pays, pour une durée d’ailleurs souvent indéterminée (notamment lorsqu’elles sont mariées à un ressortissant étranger). De plus, rien ne nous autorise à affirmer que les enquêtés de retour resteront définitivement dans leur pays d’origine : quatre Français sont sur le point d’émigrer au Canada ou cherchent activement du travail à l’étranger et deux Québécois ont obtenu respectivement une bourse de post-doctorat et de doctorat pour effectuer des recherches en France. Ces mobilités en cours d’élaboration ne comprennent pas toutes les autres intentions imprécises 209 d’expatriation temporaire ou de très longue durée néanmoins manifestées par pratiquement la moitié des informateurs français et québécois. Du projet futur de s’installer en Afrique, à l’image de l’expatrié traditionnel (Verquin, 2000), jusqu’à un second ou un troisième séjour d’études à l’étranger, en passant par le désir de devenir « cadre international » d’une entreprise française ou québécoise, de partir travailler à l’étranger pour une période d’une à trois années, d’effectuer la première partie de la carrière professionnelle en circulant avant de se poser pour fonder une famille, de vivre une partie de leur vie dans la société d’origine puis l’autre partie dans celle de leur conjoint… tous les cas de figure même les moins facilement réalisables sont évoqués. Ces jeunes ne rejettent pas pour autant leur société d’origine pas plus, d’ailleurs, qu’ils n’ont aucune préférence quant au(x) lieu(x) de destination. Les lieux ont une signification et font l’objet d’une hiérarchisation selon les aspirations professionnelles et personnelles : on compte s’investir dans une société qu’on connaît, on espère s’installer dans un pays qu’on considère stratégique quant à l’évolution de la carrière, on souhaite vivre dans une ville du monde convenablement desservie afin de faciliter les retours fréquents au pays, etc.

Les jeunes qui, a contrario, n’élaborent aucun projet de vie même temporaire en direction de l’espace international évoquent des explications diverses et variées. On trouve d’ailleurs parmi eux des individus qui ont autant un fort qu’un faible volume de capital spatial. Ils considèrent qu’ils ont « assez bougé », qu’il est maintenant l’heure de bâtir une vie de couple, qu’ils veulent des enfants qui pourront vivre près de leurs grands-parents, qu’ils ont de meilleures possibilités d’avancement professionnel dans leur société, que partir nécessite des démarches compliquées auxquelles ils n’ont pas ou plus d’énergie à consacrer, qu’ils sont très attachés à leur ville, à leur région, à leur culture, à leur famille et à leurs amis.

‘« Mes amis, là, j’ai un ami qui a fait ERASMUS à Milan, il est resté une année de plus à Milan pour faire son stage, il s’est marié là-bas avec une fille qu’il a connue, une Portugaise qu’il a connu en résidence, depuis ils sont venus habiter à Lyon, et ils ont comme projet d’aller vivre à Barcelone. Eux ils sont à fond dans ERASMUS. Mais le truc c’est à un moment donné, ERASMUS, ça reste une vie d’étudiant et quand tu vas à l’étranger, c’est bien, mais c’est une vie d’ERASMUS, tu n’apprendras pas le pays de la même façon. Et ça, je suis pas sûr que les gens en soient vraiment conscients. Après, quand tu vas vivre à l’étranger, il y a la barrière de la langue. Au niveau professionnel, c’est quand-même important! En architecture, je ne me vois pas partir à l’étranger sans faire une période encore de quatre ans ou deux ans pour me familiariser avec leur mode de travail. Donc du coup, tu perds encore deux ans de ta vie. Moi j’ai déjà 27 ans, je ne me vois pas entrer réellement dans la vie professionnelle à 30 ou à 32 ans. Donc après, du coup, là tu fais la part des choses. Là tu te dis "est-ce que je vais lâcher tout le monde, lâcher ma famille, mes amis pour partir vivre à l’étranger" » (Samy, 27 ans, Français). ’

Ces informateurs insistent toutefois sur le fait qu’ils ont désormais conscience, grâce justement à leur(s) expérimentation(s) antérieures de l’international, que leur champ d’action peut s’étendre bien au-delà de leur territoire national d’origine si, advenant un événement perturbateur tel une rupture amoureuse ou une perte d’emploi, ils étaient amenés à revoir la direction de leur destinée. Dans tous les cas, cela dit, ils envisagent de continuer à vivre l’international comme touristes, lors des vacances.

Les modalités par lesquelles les jeunes peuvent aujourd’hui s’approprier l’espace international se transforment – du moins pour ceux d’entre eux qui accèdent à l’enseignement supérieur – sous l’effet de la multiplication et de la diversification des ententes interuniversitaires et des dispositifs de soutien financier à la mobilité internationale des étudiants 210 . L’espace étranger est désormais accessible à un nombre de plus en plus grand d’individus aux prédispositions à la circulation internationale inégales. Cette inégalité initiale des rapports concrets et virtuels à l’espace s’exprime à travers la différenciation des intentions manifestées par les jeunes à partir dans le cadre de leur formation, à travers les modalités d’appropriation des ressources nécessaires à la bonne marche, jusqu’à son terme, du séjour, et à travers les modes subjectifs d’expérimentation de l’expérience en territoire social et culturel étranger.

L’investissement d’un espace spatial, social et culturel étranger pendant une durée de quelques mois à quelques années, implique la sortie de l’individu de son cadre social familier en même temps qu’il le plonge dans un univers constitué d’une multiplicité de nouveaux repères sociaux et culturels. Cette situation inédite lui donne l’occasion de remanier son répertoire de rôles ou de redéfinir certaines conduites qui leur sont rattachées.

Le rôle social peut être envisagé sous une triple dimension institutionnelle, interpersonnelle et personnelle. Grâce à leurs rôles, non seulement les individus disposent-ils d’un ensemble de connaissances sur les conduites appropriées et attendues dans un contexte donné d’interaction, mais ils intériorisent par le fait même les normes et les institutions sociales propres à leurs groupes d’appartenance (Mead, 1963; Berger & Luckmann, 1996). Par ailleurs, les possibilités de réflexivité individuelle – que certains auteurs considèrent grandissantes et de plus en plus généralisées dans le monde contemporain (Goffman, 1973a, Giddens, 1991) – permettent la réinterprétation personnelle du contenu de la relation à l’Autre, généralisé ou concret.

Lorsque l’individu s’extrait physiquement du cadre de l’expérience – lequel informe les participants sur le sens de l’activité et de leurs conduites respectives (Goffman, 1991) –, il dispose soudainement d’un flou qui peut tantôt être subjectivement vécu avec désarroi, tantôt s’offrir comme une libération des normes qui, jusque-là, régulaient l’ensemble de ses conduites 211 . Les étudiants en mobilité vivent différemment l’éclatement de leur cadre social familier selon le volume de leurs différents capitaux (notamment spatial) et selon les événements personnels qui ponctuent leur vie au moment de leur arrivée en terre d’accueil. Néanmoins, la plupart conçoivent le séjour d’études comme un retrait en coulisse où ils peuvent, loin des engagements situationnels où leur sont assignés socialement des identités et des codes de conduite, réfléchir plus librement à leurs identités sociales et personnelles. Ainsi, plusieurs jeunes qui habitaient toujours chez leurs parents ont profité de l’occasion pour renégocier certains engagements familiaux en faveur d’une plus grande autonomie personnelle tandis que d’autres, jugés contraints par les attentes d’autrui à leur égard, ont osé revendiquer une nouvelle identité professionnelle ou affirmer leur orientation homosexuelle. Dans un contexte du marché du travail plus ou moins incertain selon les secteurs professionnels et les niveaux de diplôme, et à une période de leur biographie marquée par l’obligation de faire des choix, des jeunes conçoivent donc le séjour d’études comme un moratoire au cours duquel ils réfléchissent à leur avenir tout en multipliant les acquis linguistiques, scolaires, professionnels et personnels.

Ce moratoire est d’autant plus profitable que les étudiants sont simultanément plongés dans un tout nouvel univers social marqué à la fois par la similitude et la différence : hétérogénéité des origines culturelles, appartenances sociales, histoires de mobilité, etc. Cette période de foisonnement est encore plus caractéristique de ceux qui sont accueillis par des dispositifs efficaces d’accueil et d’hébergement, bien que cette situation tende en contrepartie à les enfermer dans l’univers clos des étudiants étrangers. Dans tous les cas de figure étudiés, néanmoins, l’arrivée dans un environnement social et culturel étranger soumet l’individu à un inventaire original de conduites et de repères. La réflexion sur ses divers engagements passés et futurs est d’autant plus prolifique qu’il dispose de ce répertoire élargi de modèles possibles de comportement. Pour certains jeunes, l’expérience étudiante dans un espace social et culturel étranger constitue d’ailleurs un moment décisif qui entraîne un changement de direction de leur carrière spatiale et professionnelle.

Les mobilités qui s’inscrivent dans le cadre d’un dispositif fortement institutionnalisé – ancienneté de l’accord bilatéral, bourse de mobilité, structure d’accueil et d’hébergement – comportent généralement moins d’embûches pendant le séjour et au retour dans l’université d’attache que celles qui ne sont pas structurées de longue date, particulièrement pour les individus qui disposent d’un faible capital spatial initial. En même temps, elles sont perçues relativement contraignantes aux yeux des jeunes qui ont un projet arrêté mais qui ne peuvent le satisfaire faute d’une opportunité institutionnelle conséquente ou qui, englués malgré eux dans un groupe d’étudiants étrangers, ne parviennent pas à pratiquer la langue et à s’intégrer à la vie sociale et culturelle du pays d’accueil.

Là où les programmes d’échange d’étudiants et les dispositifs d’appui sont plus récents et sont encore en processus de construction, les risques de mauvaises surprises à l’arrivée dans la société d’accueil comme au retour, soit au moment d’obtenir la reconnaissance universitaire de la période d’études à l’étranger, sont plus élevés. C’est ici que les qualités individuelles des acteurs institutionnels et des acteurs jeunes jouent un rôle déterminant. Dans le premier cas, il apparaît que les responsables de la mobilité étudiante qui ont des représentations personnelles favorables à l’endroit d’une expérience d’études à l’étranger proposent un encadrement plus étroit ainsi qu’une reconnaissance universitaire des équivalences en dépit parfois de certaines incohérences avec le programme offert à la maison. Pour eux, les acquis même les plus personnels obtenus au cours du séjour (langue, tolérance, ouverture, autonomie, confiance, etc.) sont tout aussi importants sinon plus que les apprentissages strictement académiques. Compte tenu des réticences qu’ont encore certains acteurs institutionnels à l’égard de la mobilité étudiante internationale 212 , des étudiants se retrouvent donc parfois face à des complications inattendues, certaines plus graves que d’autres. De leur côté, les étudiants qui partent dans le cadre d’un projet personnel d’études minutieusement préparé et qui ont un certain bagage de ressources et de compétences héritées et acquises, préviennent plus aisément les difficultés et, si elles se présentent néanmoins, les surmontent plus sûrement, parfois au prix de négociations serrées et de luttes acharnées avec l’administration des universités concernées.

Les modalités de déroulement du séjour d’études à l’étranger depuis l’établissement d’enseignement d’origine jusque dans l’université d’accueil semblent moins diverger en fonction des sociétés française et québécoise qu’en fonction de ce degré d’institutionnalisation des mobilités étudiantes internationales. Si le programme ERASMUS et les bourses de mobilité de la région Rhône-Alpes existent depuis plus longtemps que leurs pendants québécois et que, par conséquent, on pourrait s’attendre à ce que les complications soient plus généralement évitées du côté français, de mauvaises expériences ont tout de même été vécues en France par les premiers participants d’une entente fraîchement signée. Paradoxalement à l’ancienneté des programmes, il semble que le phénomène rencontre toujours des opposants dans le milieu universitaire français. Est-ce en raison, comme nous l’a assuré plus d’un acteur universitaire et politique lyonnais, de certains professeurs français qui ne sont pas convaincus des bienfaits d’une telle expérience? Ou est-ce tout simplement ERASMUS qui, à tort ou à raison, est progressivement devenu l’objet d’une mauvaise réputation? 213 Il est difficile d’offrir une réponse sans ambiguïté. Il semble néanmoins que les échanges les plus anciens et ceux qui impliquent des acteurs institutionnels sincèrement versés dans le phénomène de la mobilité académique sont ceux qui connaissent le plus de succès et ce, en France comme au Québec.

En somme, là où les mobilités étudiantes internationales ne s’inscrivent pas dans un couloir déjà creusé institutionnellement, le jeu des interactions entre les acteurs universitaires et les étudiants peut conduire à une certaine individualisation des carrières spatiales et scolaires. Les étudiants qui manquent de connaissances ou qui n’ont pas eu le support nécessaire afin de défricher les offres éducationnelles des sociétés d’origine et d’accueil, d’en déceler les décalages, de prévenir la non-reconnaissance de leurs acquis académiques, voire de choisir les meilleurs programmes et les meilleurs universités étrangères, risquent de voir leur retour et même leur entrée sur le marché du travail compliqués. Non seulement, donc, tous ces jeunes qui n’ont pas accès à l’espace international dans le cadre d’un séjour d’études peuvent se retrouver derrière le peloton dans la course à l’emploi 214 , mais aussi ceux qui, bel et bien partis, rencontrent toutefois des embûches qui les ralentissent dans leur cursus et leur font perdre certaines ressources, notamment économiques.

Notes
203.

L’annexe 3 qui fait état des séquences objectives de mobilité internationale des 80 informateurs permet de constater que dix Français et treize Québécois expérimentent deux séjours ou plus à l’étranger en plus de la première mobilité étudiante.

204.

Ces formes ont été étayées au chapitre 5. Il s’agit, en cascade, des colonies de vacances, des séjours linguistiques dans un cadre scolaire pré-universitaire, d’une immersion linguistique réalisée sur une base individuelle, de l’aide communautaire, des voyages, des stages ou autres missions internationales relatives au programme de formation universitaire, et du travail rémunéré.

205.

Rappelons qu’aucun enquêté français n’a réalisé une seconde mobilité étudiante internationale de façon autonome. Nous y reviendrons.

206.

Certains, plus ou moins contraints et peut-être même inconsciemment, semblent avoir consacré la majeure partie de leurs ressources, de leur temps et de leurs énergies à leur formation universitaire. Cela semble surtout être le cas des enquêtés Français.

207.

Dans son cas, toutes les expériences de mobilité internationale – travail, études, coopération – ont eu lieu en pays anglophone et lui ont donc permis d’approfondir la connaissance de cette langue.

208.

Il cherche du travail pendant huit mois avant d’être embauché pour un contrat à durée indéterminée en tant qu’ingénieur mécanique chez Peugeot. Au final, il travaille seulement six mois pour cette entreprise.

209.

C’est-à-dire, qui n’ont pas enclenché des démarches concrètes.

210.

Rappelons que les programmes de mobilité internationale dans le cadre d’une formation universitaire font partie d’un ensemble plus vaste de programmes de mobilités juvéniles non étudiantes tant en Europe et en France qu’au Canada et au Québec. Les programmes « Jeunesse pour l’Europe », « Service volontaire européen », « Formation et emploi » de l’OFQJ, Québec sans frontières, etc. en sont des exemples.

211.

Kaufmann (2001 : 127) exprime bien en quoi la plupart des gestes de la vie quotidienne sont généralement posés sans grande réflexivité, du moins jusqu’à ce qu’un événement vienne perturber ce qui se présentait comme simplement là : « L’habitude, quant à elle, est l’outil grâce auquel la banalisation prend forme. Elle est ce segment de banalisation incorporée (qui sait se faire oublier en tant que signification) produisant à la fois la fluidité du geste, l’évidence des repères, et le simplement là du décor familier ».

212.

Des acteurs politiques québécois ont mentionné les dangers de voir l’éducation entrer dans un processus de marchandisation économique tandis que des responsables de la direction du service international de certaines universités lyonnaises nous ont confié que les professeurs français ne sont pas tous convaincus des bienfaits de s’expatrier à l’étranger pour les études.

213.

Cette jeune Française explique avoir été traitée injustement pour avoir fait une année en ERASMUS : « Donc, j’avais demandé des DEA à Lyon, à Paris, à Nice et j’ai été acceptée à plusieurs, dont un à Paris. Donc je reçois l’acceptation de ma place en DEA et je commence à aller à Paris pour chercher un appartement. Et là, trois semaines après je reçois un appel de la secrétaire de ce DEA qui me dit qu’il y a eu une erreur et que je ne suis pas sélectionnée. Donc j’ai essayé de "faisander" cette dame-là qui m’a dit que de toute manière, les étudiants qui venaient de programmes ERASMUS c’était que des nuls qui ne valaient rien, qui sont partis à l’étranger parce que… Ça c’est des vérités, il y a pas qu’elle, après je l’ai entendu plus d’une fois que les gens qui partaient étaient moyens, qu’ils partaient parce que c’était plus facile de faire des études en Grande-Bretagne, à l’étranger quoi » (Charlotte, 28 ans, Française, Écosse).

214.

Nous verrons au prochain chapitre que si la reconnaissance accordée socialement au séjour d’études semble, d’après l’expérience qu’en ont les jeunes, varier selon les filières professionnelles, d’autres sources affirment que celui-ci devient un critère de distinction.