INTRODUCTION

1. Champ de Recherche : Echec scolaire et Psychologie clinique

1.1. OÙ SITUER LES ECHECS SCOLAIRES ?

Quotidiennement, les enseignants constatent avec regret qu’un certain nombre d’enfants ne parviennent pas à apprendre. Cette carence peut parfois être dramatique en aboutissant à un illettrisme total au collège. Pourquoi ces enfants sont-ils en échec scolaire ? De nombreuses théories ont vu le jour, orientées très souvent sur les seules explications sociales ou cognitives du problème. L’échec scolaire serait dû à l’origine sociale ou culturelle du sujet. Les théories cognitives se sont quant à elles axées sur les compétences sensées faire défaut. Ici la difficulté à acquérir des connaissances serait principalement le fait de troubles fonctionnels dus à des causes physiologiques. Mais ces explications ne sont pas suffisantes. On a vu de nombreux sujets issus de familles populaires réussir leurs études ainsi que d’autres sans aucun trouble neurologique les échouer totalement.

Le champ sur lequel nous avons souhaité travailler est à cette limite floue entre le cognitif et le psychanalytique. Il ne s’agit pas pour nous de nous intéresser au seul aspect cognitif de l’échec scolaire mais d’élargir le champ d’investigation au domaine de la clinique. Nous avons choisi d’étudier cette question ancienne de l’échec scolaire sous l’angle de la psychanalyse. On a que trop souvent négligé la part qui revient à la psyché dans les difficultés d’apprentissage. Et pourtant c’est dans les premiers rapports à l’autre et particulièrement à l’objet primaire que va naître la source des troubles que nous étudions.

Nous nous intéressons particulièrement aux difficultés d’apprentissage où les troubles de la personnalité et du comportement sont constamment mis en avant. L’échec scolaire est ici très visiblement lié à une problématique psychique. Il s’agit d’un syndrome que B. Gibello (1984) a nommé dysharmonie cognitive pathologique. Nous le retrouvons implicitement dans la catégorie « troubles des fonctions instrumentales et des apprentissages », de la classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent (R. Mises, N.Quemada & al 2002), dans la sous-catégorie « les troubles de l’acquisition de la lecture et de l’écriture, les dyscalculies, les troubles du raisonnement et de la pensée (encore dénommées dysharmonie cognitive), etc.» Cet échec scolaire est d’autant plus singulier qu’il se manifeste par des performances dans un domaine et pas dans un autre.

Revenons d’abord à la notion même d'échec scolaire en général et dans la psychologie clinique, ainsi qu’aux conceptions freudiennes sur ce sujet