1.2. ECHEC SCOLAIRE ET ENSEIGNEMENT SPECIALISE

En quoi consiste exactement l’échec scolaire ? Selon nous, il témoigne qu’un enfant ou un adolescent ne pourra acquérir toutes les connaissances et les compétences nécessaires à son évolution intellectuelle. Cela aboutit à ce que le sujet ne puisse, dans son parcours scolaire, passer chaque année à la classe suivante. Ainsi, il ne pourra arriver au terme d’une scolarité normale afin d’être, à l’âge adulte, professionnellement et socialement intégré.

En 1909 la loi va permettre la mise en place de classes spécialisées dans le but d’accueillir les enfants en échec scolaire. Cette initiative visait à long terme à aboutir à une socialisation des individus. On pensait que ces sujets étaient "anormaux", et qu’il était donc nécessaire de les orienter vers une éducation adaptée capable de remédier à leurs difficultés.

A partir de 1905, toutes les recherches de A. Binet et Th. Simon, qui parviendront à la création de l’Échelle Métrique de l’Intelligence (A. Binet & Th. Simon 1905) vont donner une légitimité scientifique à la création de ces classes spécialisées. Si en pratique, il ne se crée que peu d’écoles de ce genre, cela va avoir le grand avantage d’encourager l’émergence d’une réflexion sur les difficultés de l’enfant.

A partir du milieu du XXème siècle, la notion d'échec scolaire sera enfin considérée du point de vue psychiatrique et sera, de plus en plus fréquemment, la raison qui amène à consulter chez les enfants et les adolescents. Pourtant actuellement encore, dans de nombreux cas, on considère qu'un enfant en échec scolaire a une absence de don, peu d'intérêt pour l'école ou encore une mauvaise volonté. Cette façon de penser témoigne d’un refus de donner à l'échec scolaire la possibilité d'être le symptôme d'une pathologie psychique plus profonde.

Cet intérêt grandissant pour l’enfant, va aboutir à ce que la psychanalyse s'intéresse à l'échec scolaire. On va commencer à le considérer dans le contexte familial de l'enfant. Les difficultés d’apprentissage se relient enfin aux difficultés relationnelles. Ainsi, commence à émerger l’idée selon laquelle le cognitif et l’affectif sont indissociables. On pense alors de plus en plus, qu'il y a des déterminations qui relèvent de mécanismes inconscients et qui requièrent donc une thérapeutique adaptée à ces caractéristiques. L’échec scolaire sera finalement considéré comme un symptôme révélateur des troubles affectifs de l'enfant. Ceci nous allons le voir, ira à l'encontre de la position de S. Freud sur ce sujet.