1.4. INTELLIGENCE ET PROCESSUS COGNITIFS EN PSYCHOLOGIE CLINIQUE

Le cognitif renvoie à la psychologie cognitive, psychologie qui s’intéresse exclusivement à l’étude des modalités de fonctionnement des processus cognitifs, et donc à l’intelligence.

Les cliniciens se sont habitués à ce que seuls les cognitivistes s’intéressent au champ du cognitif. Pourtant, même si comme nous l’avons vu, S. Freud n’a jamais écrit de texte exclusivement consacré à l’intelligence et aux processus cognitifs, il évoquera à de nombreuses reprises certains aspects des opérations intellectuelles. Est-il donc légitime de laisser la psychologie cognitive s’intéresser à elle seule au domaine du cognitif ? Cela revient à l’éternelle question de savoir si l’on peut ainsi "découper" le sujet en différents secteurs à explorer ? Notre réponse est évidemment non.

S’il est clair qu’en psychologie clinique nous avons encore des réticences et peu d’intérêt pour le cognitif, nous voyons cependant actuellement de nombreux psychologues et psychanalystes se pencher sur ce domaine, si souvent altéré chez l’enfant. C’est ainsi que sont nées au milieu du XXème siècle des tentatives de synthèses entre psychologie cognitive et psychanalyse. D. Lagache, par exemple, dans sa conférence sur "L’unité de la Psychologie" lance cette initiative en 1949 et constate que la pluralité des psychologies pose le problème de l’unité de la psychologie. Toutefois, il est convaincu que la variété des méthodes employées, loin de compromettre la rigueur scientifique en est au contraire la garantie. Par la suite à partir des années 1970, B.Gibello réalisera une synthèse piagéto-kleinienne. Il définira un nouveau champ : La psychopathologie cognitive (B. Gibello, 1984).

L’évolution de la psychologie en général et des psychologies en particulier nous conduisent à l'évident constat que, lorsque nous nous intéressons à l’enfant en souffrance psychique, il est essentiel de ne pas méconnaître d’autres approches, sous prétexte que ça n’est pas notre domaine. Il est nécessaire et sans conteste bénéfique au suivi thérapeutique du sujet, de prendre particulièrement en considération les mécanismes cognitifs, car c’est souvent pour des difficultés intellectuelles que l’enfant (ou l’adolescent) va être amené en consultation. Fréquemment ces défaillances cognitives vont être symptômes d’une pathologie plus profonde. Afin donc de favoriser un meilleur diagnostic, il faut s’informer du niveau cognitif du sujet et ainsi savoir si ce domaine est touché ou non.

Avec les travaux de S. Freud (depuis 1895) et des cognitivistes tels que J. Piaget (depuis 1933) ou B. Inhelder (depuis les années 40), on ne peut que remarquer les liens importants existants entre la psychologie de l’intelligence ou de la genèse des connaissances, et la psychanalyse. Car finalement, psychanalystes et cognitivistes ont le même objet d’étude, appelé différemment : le psychisme ou la vie mentale. De plus, si les définitions et les explications sont différentes, ces deux disciplines ont affaire aux représentations.