2.1. PREMIERE APPROCHE DE L’OBJET DE RECHERCHE

Pour notre part, nous nous intéressons aux enfants et aux adolescents qui ont la particularité d’être performants dans un domaine, scolaire ou non, et d’être parallèlement en échec dans un autre. Ceci nous intéresse particulièrement dans la façon qu’a ce syndrome d’être lié à des défaillances importantes de la personnalité et du comportement. Pour notre travail de recherche nous sommes partie des travaux sur ce type de sujets, c’est-à-dire essentiellement ceux de B. Gibello, sur Les dysharmonies cognitives pathologiques (1984). Toutefois, nous avons constaté que ce concept recouvre des situations cliniques diverses. En outre, si B. Gibello insiste sur le fait que sa théorie concerne des sujets à partir d’un Q.I. (quotient intellectuel) de 68, il axe l’essentiel de ses recherches théorico-cliniques sur des adolescents ou des pré-adolescents ayant des Q.I. avoisinant 100. Rappelons que depuis quelques années, dans la classification internationale des maladies de l’O.M.S. (l'Organisation Mondiale de la Santé), les sujets ayant un Q.I. compris entre 68 et 80 sont considérés comme ayant une intelligence à la limite de la normalité. Cette catégorie de sujets présentant une dysharmonie cognitive pathologique a été peu étudiée. Pourtant leurs troubles sont si massifs qu’ils posent grandement question. Nous nous sommes alors posée la question de ces cas inclus dans la théorie sur les dysharmonies cognitives pathologiques mais qui ont été peu analysés. Nous avons donc essentiellement ciblé notre attention sur des sujets ayant des Q.I. relativement faibles mais semblant atteint de dysharmonie cognitive pathologique selon la description qui en était donnée par B. Gibello.

Si nous avons pris pour base de recherche les essentiels concepts de B. Gibello (1984) et essayé dans un premier temps d’utiliser sa méthodologie, notre travail de recherche s’enrichira au fil des mois, puis des années de nombreux travaux tels que ceux de M. Berger, sur les troubles de l’apprentissage par difficulté de représentation de soi, qu’il a développé dans son ouvrage "Les troubles du développement cognitif" (1996). Nous avons en outre étudié les travaux de R. Mises (depuis les années 1960 à nos jours), de R. Cahn (1972) ou encore de M. Sami Ali (depuis les années 1970 à nos jours). Nous avons de plus considéré les travaux des cognitivistes (depuis les années 1930), puis les travaux plus récents des neurosciences (tels que ceux de L. A. Hirschfeld & S. A. Gelman, 1994), sur des pathologies semblables à ce trouble et qui se nomment entres autres : les troubles domaine-spécifique (P. Boyer, 1998).

Les différents points de vue des chercheurs sur ces difficultés d’apprentissage particulières nous ont ainsi permise d’explorer de nouvelles pistes théoriques. Ces premières recherches eurent les avantages, d’éviter un "collage" de nos cas à toutes les conditions méthodologiques de recherche développées par B. Gibello et, de rechercher toutes et exclusivement les caractéristiques cliniques données par cet auteur. Nous aurons l’occasion d’y revenir longuement.