2.2. CHAMP DE LA PROBLEMATIQUE

Quel est et quel a été le rôle de l’objet dans la genèse de ce syndrome ? Le rôle de l’objet primaire va, de manière primordiale déterminer le bon ou le défectueux fonctionnement psychique de tout sujet. Pour de nombreux auteurs, ceci est encore plus vrai dans la problématique particulière que nous étudions. Selon eux le rôle de l’objet primaire a été particulièrement important dans la naissance de ce trouble.

Bernard Gibello retient entre autres causes princeps « Les troubles mentaux de la mère » ou « Les ruptures des liens de l’enfant à son entourage » (B. Gibello, 1984, p. 193). Si Maurice Berger s’associe à cette vision des choses, il insiste sur la particularité essentielle de ce syndrome qu’est le trouble de la représentation de soi. Il précise que :

‘« Les difficultés de représentation de soi [...] surviennent quand le corps de l’enfant a été investi par son environnement de manière pauvre et chaotique. » (M. Berger, 1996, p. 8)’

D’autres auteurs encore, tels que R. Mises et I. Barande (1963) s’accordent à dire que les causes de ces troubles remontent aux premières relations mère-enfant.

A partir du point de vue de ces chercheurs a émergé en nous un questionnement. Au fil de notre recherche un point d’achoppement nous taraudait sans cesse. Il nous a paru extrêmement important et intéressant d’essayer de comprendre selon quelle organisation psychique ces sujets "fonctionnent" et quel est l’objet maternel interne qu’ils ont pu se constituer. Ensuite, en quoi cela peut-il influencer les apprentissages ?

Nous avons tous l'image mnésique de notre mère ou plus exactement une représentation de ce premier objet qui nous a soignés, nourris, veillés etc. Cette image est une représentation interne et stable de l’objet primaire. Elle est bien plus qu’une image mnésique, elle est une empreinte, faite de sons, d’odeurs, de chaleur, de sensations etc. Elle ne nous quitte jamais et se renforce même parfois, influençant à notre insu les choix de notre vie. Il n’est pas rare de rencontrer chez des écrivains, des poètes, des grands noms de la science ou même des grands chefs d’états, cette marque de l’influence laissée par leur mère, comme nous l’avons mentionné en préambule avec la citation d’Emmanuel Kant (cité par Exley H., 1994). Qu’en est-il des sujets aux résultats scolaires et aux compétences variées ? Ont-ils pu se constituer une représentation de l’objet maternel, qui a été absent ou encore "mère morte" au sens de A. Green (1983), violent ou simplement changeant ? Cet objet a-t-il laissé en eux, ne serait-ce qu’une trace, aussi minime ou troublée soit-elle ? Dans quelle mesure cette trace ou cette absence de trace pourrait-elle être en lien avec leurs difficultés particulières d’apprentissage ? Pouvons-nous penser que l’enfant refuse d’inscrire dans sa psyché les connaissances par crainte d’effacer cette marque fragile de l’objet maternel ?

Selon nous, le sujet en échec scolaire électif, en dépit des défaillances graves de l’environnement, a su s’adapter à sa manière. Il s’est trouvé dans l’obligation de s'organiser afin de préserver le moi. Cependant ces adaptations ont généré des dysharmonies dans la façon d’appréhender le monde et plus particulièrement les apprentissages scolaires.