2. 3. LES TRAVAUX DE R. CAHN

Arrêtons-nous à présent sur les travaux de R. Cahn (1972), qui prolongent d’une certaine manière ceux de R. Mises. R. Cahn va orienté ses recherches sur ces complications cognitives particulières en y voyant l’indice d’un trouble de la représentation de soi.

Il travaillera en 1972 sur une population d’enfants de 9 à 11 ans, d’intelligence normale et constatera que ceux-ci présentent des écarts dans les acquisitions scolaires. Certains domaines, comme la lecture ou le calcul, sont affectés alors que d’autres ne le sont pas du tout. Il note en outre, que la plupart de ces sujets ont fait l’expérience de situations douloureuses durant les premiers mois de la vie et parfois même avant la naissance.

R. Cahn va alors développer une idée fondamentale. Pour lui la phase du narcissisme primaire a une influence prépondérante sur le développement affectif et sur l’organisation intellectuelle et instrumentale de l’enfant. La grande défectuosité de ce vécu narcissique, qui devrait normalement conduire à une différenciation progressive du sujet, va aboutir à des retards intellectuels ou à une inexistence de certaines fonctions instrumentales . Selon R. Cahn, le sujet est pris dans un conflit dont la source est très précoce. L’objet maternel ayant été intrusif pour le sujet, les expériences permettant un repérage corporel et psychique structurant et une différenciation sujet-objet seront impossibles. Le nœud psychique va conduire à ce que le sujet ne se ressente pas comme sujet corporel défini et continu. Il est alors fortement limité dans ses activités de découverte du monde qui l’entoure. Or, comme tout sujet, il a besoin de ces expériences afin de développer ses fonctions cognitives et intellectuelles. R. Cahn déduit alors que dans de telles situations les activités de symbolisation sont inévitablement compromises.

R. Cahn avance alors un point de vue capital. Il est convaincu que ces situations aboutissent à ce qu’une grande partie de l’énergie investie par la psyché, à l’égard de l’objet, est défensive et qu’elle ne permet donc pas au sujet d’appréhender paisiblement les apprentissages, d’où l’échec scolaire.