3.2.1. Les concepts de contenants et contenus

B. Gibello (1987) précise que les termes "contenant" et "contenu" tirent tous deux leur origine du verbe "contenir" désignant respectivement "ce qui contient" et "ce qui est "contenu". Ceci implique donc une relation d'inclusion.

‘« La relation d'inclusion est centrale dans le fait de contenir [...], cette relation s'entend au propre et au figuré : inclusion dans des limites d'objets physiques ou de représentation de tels objets ; inclusion ou confinement dans d'autres limites d'affects ou de mouvements passionnels. » (B. Gibello, 1987 a, p. 278)’

Il note que dans le langage courant, on retrouve cette idée d'inclusion ou de non-inclusion dans les limites des frontières psychiques. Par exemple dans "être décontenancé" ou "conserver sa contenance". Pour B. Gibello, il y a là l’idée d’inclusion ou de non-inclusion dans les limites des frontières psychiques.

B. Gibello utilise les concepts de "contenant" et "contenu" de W.R. Bion (1962) que ce dernier emprunte à la théorie de Mélanie Klein (1955) sur l’identification projective. La psyché du bébé comporte des éléments β. Ces éléments, contenus psychiques bruts (les sentiments désagréables du bébé) sont projetés dans le bon sein leur servant de contenant. Il va aider à modifier les contenus et ainsi éliminer ou atténuer l’angoisse du nourrisson. Dans un second temps ce contenu et ce contenant modifiés sont réintrojectés par la psyché du bébé. A ce stade ils peuvent être utilisés par la pensée.

B. Gibello reprend cette fonction importante de la psyché et précise comment il a été amené à utiliser le concept de "contenant de pensée" opposé à celui de "contenu de pensée".

‘« Je propose comme définition générale des contenants de pensée les systèmes dynamiques par lesquels des contenus de pensée peuvent prendre sens, être compris, mémorisés et communiqués. » (B. Gibello, 1994 b., p. 20)’

De telles relations contenantes sont essentielles à la constitution de la pensée. Les contenants de pensée donnent aux contenus leurs significations. Ces contenus se composent de représentations mentales conscientes et préconscientes : perceptions, mots, affects, souvenirs, anticipations, etc. Il existe aussi des contenus inconscients refoulés.

Ces contenants de pensée ont chacun un rôle très spécifique que B. Gibello développe dans l’ouvrage La pensée décontenancée (B. Gibello, 1994 a). Il en décrit deux grands groupes : Les contenants de pensée archaïques et les contenants de pensée symboliques complexes.