5.4.1. Un point de vue englobant - R. Mises

Nous avons vu qu’en 1963 R. Mises décèle ce type de pathologie chez des sujets psychotiques. C’est sur ce groupe qu’il travaillera avec I.Barande. Ils affirment alors que l'association des troubles de la série psychotique et les manifestations déficitaires sont un syndrome unique.

Cependant, en 1981 dans "Cinq études de psychopathologie de l’enfant" R. Mises avoue que la notion de dysharmonie évolutive échappe à un cadrage précis.

Puis, dans un article de 1997, s’exprimant plus spécifiquement sur les pathologies limites où il situe le type de syndrome que nous étudions, il précise :

‘« L’accent est porté de façon prioritaire sur la fonction de mécanismes archaïques tels que le déni, la projection, le retournement contre soi et en son contraire, cela dans des organisations dominées par les clivages. Longtemps, des modalités de cet ordre ont été surtout décrites dans le fonctionnement psychotique ; aujourd’hui il faut reconnaître qu’elles ne suffisent pas à établir un diagnostic structural, elles tiennent en effet une place centrale dans le registre de "l’archaïque" où elles se relient à des défaillances, portant entre autres sur l’intériorisation, la représentation, les liaisons intrapsychiques. Certes, ces modalités archaïques et rigides se révèlent coûteuses pour le moi, elles interdisent le recours à des aménagements évolués propres à la névrose ; cependant dans les pathologies limites, elles n’incluent pas le processus anti-objectal propre à la psychose, elles se révèlent compatibles avec l’établissement d’un écart entre réalité interne et externe, la différenciation entre soi et non-soi, l’avènement de capacités adaptatives étendues, même si ces ouvertures se développent en secteur. » (R. Mises, 1997, p. 1348) ’

Développant ensuite ses idées, il exposera largement avec R. Perron en 1997 dans "Nouveau traité de Psychiatrie de l’enfant" un certain nombre d’éléments montrant comment les déficiences dysharmoniques peuvent être à versant psychotique, de type névrotique, liées à des psychopathies ou encore présenter des composantes archaïques. Comme pour justifier de cette vision englobante, il précise que de tels sujets utilisent des mécanismes psychopathologiques divers pris dans des processus complexes et évolutifs.

En 2003 R. Mises rappelle que ces difficultés, ayant pour origine « des défauts d’étayages très précoces et persistants » (R. Mises, 2003, p.29), concernent principalement les pathologies limites où s’inscrivent de graves défaillances narcissiques.

Voyons à présent les théories de B. Gibello.