5.4.2. Des incertitudes quant à l’organisation psychique - B. Gibello

Au prémisse des travaux sur la dysharmonie cognitive pathologique engagés par B. Gibello dans les années 1970, le champs de recherche sera similaire à celui de R.Mises (1963). Ainsi, concernant plus précisément la structure de la psyché des sujets, B. Gibello semblera rencontrer comme R. Mises les mêmes difficultés pour situer avec certitude ce syndrome dans une organisation psychique traditionnelle.

En 1984, rejoignant quelque peu R. Mises, et étayant son propos d’observations il écrira dans son livre L'enfant à l'intelligence troublée qu’

‘« en dehors des psychoses infantiles et des syndromes psychopathiques, la dysharmonie cognitive se rencontre très souvent chez des sujets présentant des dysharmonies évolutives, à forme pseudo-névrotique ou pseudo-psychotique. » (B. Gibello, 1984, p. 87)’

Il ajoute qu'elles sont également fréquentes, dans le champ des pathologies intermédiaires : états limites, atypies de développement, prépsychose.

En 1987, dans Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence (1987 a), B. Gibello soulignera que ce syndrome s'accompagne d'un trouble de la représentation de soi, mais que cette altération donne rarement lieu à des développements autistiques ou psychotiques, mais bien plus à un syndrome dépressif. Alors qu'en 1988 au Colloque de Bobigny, il avancera que la dysharmonie cognitive pathologique n'est jamais dans une organisation névrotique, mais que toutes les autres sont possibles, telles que l'autisme, la psychose ou encore les syndromes dépressifs.

En 1994, le point de vue de B. Gibello sera plus large. Il précise que ces troubles s’observent dans la majeure partie des perturbations graves de la personnalité tels que les dysharmonies évolutives, les psychoses, l’autisme et les troubles narcissiques graves.

R. Mises donnera, dans ses divers écrits, des détails concernant les causes pour lesquelles ce syndrome se situerait ou se rapprocherait de telle ou telle structure psychique. B. Gibello quant à lui, insistera avant tout sur le fait essentiel que ce sont les relations particulièrement carencées avec l’objet primaire qui ont conduit le sujet à une telle déficience. Cependant, les importantes théories de B. Gibello et les travaux de R.Mises, ne permettent pas d’identifier les raisons précises qui pourraient expliquer la présence de décalages dans les acquisitions en lien avec la prégnance de telle ou telle structure psychique. Outre ces constats d’écarts dans les possibilités du sujet, ces auteurs ne différencient pas radicalement au niveau structurel et fonctionnel le sujet dysharmonique des autres sujets (psychotiques, dépressifs, etc.) alors qu’il a, sa particularité propre, son fonctionnement psychique insolite. Comment comprendre que le sujet tend vers telle ou telle disposition psychique ? Pourquoi ne devient-il pas "simplement" psychotique ou dépressif ? En quoi enfin, son fonctionnement psychique génère-t-il cette déficience particulière d’apprentissage ?

Penchons-nous à présent sur les analyses de Maurice Berger.