6.4. LES HYPOTHESES

HYPOTHESE 1

Nous posons comme postulat de base que les contenants de pensée sont des processus psychiques et donc des systèmes continuellement actifs. Ainsi, la constitution ou l'absence de constitution de ces contenants n'aboutit pas à un état fixe chez les sujets en échec scolaire électif.

Nous posons ainsi l’hypothèse que le fonctionnement de la psyché des sujets en échec scolaire électif est caractérisé par des processus psychiques qui ont la particularité d’être progrédients et régrédients. Ces deux termes impliquent une progression et une régression, qui tour à tour vont éloigner et rapprocher le sujet de l’objet, menant le moi du sujet à des étapes psychiques différentes. Ainsi, à certains moments le sujet est dans l’état d'indifférenciation caractéristique du narcissisme primaire dont il essaie de sortir. Puis il parvient par un processus progrédient à quitter cette situation et ainsi à se différencier de l’objet maternel. Dans une phase suivante il revient à cet état d'indifférenciation par un processus régrédient. Ce dernier se spécifie par un retour à un état fusionnel avec l’objet. Ce recul obligé est dû à une crainte spécifique.

HYPOTHESE 2

Les sujets en échec scolaire électif ont subi des carences affectives précoces entravant le déroulement normal du processus de différenciation sujet-objet et en conséquence l’internalisation normale de l’objet primaire. Afin de "sortir" de l'indifférenciation et faute d'une représentation de l’objet maternel stable et internalisée, le sujet garde l'image mnésique de la mère. Il craint d'effacer cette trace de l'objet maternel en pensant à autre chose, et particulièrement aux apprentissages. Cette image de la mère est un prototype d'objet maternel interne permettant ponctuellement au sujet en échec scolaire électif de se détacher psychiquement de l’objet. Il y a une volonté et une obligation permanente de maintenir l'image de la mère en soi chez ces sujets. En l’absence de représentation de l’objet maternel, l'image de l’objet sera presque toujours au devant de la scène de la vie psychique de ces sujets. Toutefois cette sortie de l’indifférenciation est aussi due à la présence d’un cadre suffisamment stable et malléable afin que le sujet puisse rejouer ce qui a manqué en son temps, et est en outre possible car il y aura là un double étayant (J. Guillaumin, 1996) qui va réassurer le sujet du dehors.

HYPOTHESE 3

Dans la mesure où le sujet est dans tel ou tel "état", c’est-à-dire dans tel ou tel type de fonctionnement psychique et relation particulière à l’objet, il aura une attitude spécifique par rapport aux apprentissages. Ces derniers vont être investis ou non-investis en fonction de l’étape psychique où se situe le sujet. Le comportement et la psychomotricité seront différents. La personnalité même du sujet sera différente d’un moment à un autre. Au stade de "l'indifférenciation" se manifesteront des difficultés de repérage dans l'espace et dans le temps, et des difficultés psychomotrices liées au corps et à la relation fusionnelle à la mère. Le corps du sujet se meut par rapport au corps de l’objet. La prestance remarquée chez ces sujets, marque l'illusion d'être sorti de "l'indifférenciation". Dans ce semblant de "différenciation", le sujet investit les apprentissages et l'espace est mieux structuré. Cependant, ce qui paraît acquis à cette phase ne peut se généraliser faute d'une pensée symbolique et conceptuelle complète. Le concept généralisable n'existant pas, tout, est chaque fois à refaire. Le retour, par un processus régrédient, est marqué par la dépression du sujet.