Les dessins

Les dessins d’Amin sont pauvres. Il utilisera rarement des couleurs et ce seulement pour faire des formes et non pour colorier. La plupart des personnages manquent de plus d’épaisseur. Ils sont faits avec des traits jetés. Amin est visiblement en manque d’affect. Il y a une carence en remplissage de la psyché où des vides, des trous, du non-représenté ne permettent pas au sujet de reproduire du plein sur ses dessins.

De plus à son âge Amin devrait être capable de mettre de la perspective mais il n’en est rien. Les personnages flottent de plus dans le vide. Rien ne les retient.

Que révèle ici ce manque ? Nous sommes certainement en présence d’une carence en étayage. Amin manque d’appui. Il a sûrement manqué dès son plus jeune âge du holding et du handling ( D.W. Winnicott, 1960 ) de l’objet. Ainsi à présent se représente-il sans soutient, sans base. On pourra noter que c’est souvent sa signature qui est posée comme un socle. Il essaie sans doute de se soutenir lui-même faute d’être soutenu par un tiers. Il veut inscrire, marquer la base qui fait défaut.

On notera enfin l’extrême inorganisation dans l’espace feuille. Le personnage est à la verticale puis l’autre est sous lui. La feuille est ensuite remplie de façon désordonnée. Il dessine par-dessus ce qu’il a dessiné auparavant. Les éléments se mêlent et semblent être des contenants pour d’autres éléments. On ne voit alors plus rien. Des objets bizarres semblent se promener dans un espace inorganisé. Sur le dernier dessin un personnage sera posé seul au milieu de la feuille verticale, et soutenu encore par des signatures.

Essayons à présent d’analyser ce qu’Amin a exposé dans cet entretien.