En conclusion

Mélissa témoigne sans conteste d’un clivage du moi dû en partie à l’effraction du pare-excitation, élément essentiel du traumatisme primaire. Elle révèle toute une problématique liée à une forte carence en processus transitionnel. Par le biais de ses trois dessins, elle va tenter de rejouer inconsciemment des processus défaillants par le passé. L’ayant rassurée un moment et contenu son trop plein d’angoisse, elle me manifestera toute sa satisfaction d'avoir pu produire un dessin, d'avoir trouvé/créé (D.W. Winnicott, 1951) un objet transitionnel (D.W. Winnicott, 1971), dans un cadre suffisamment stable et malléable. Mélissa va être ici active dans un processus de fonction contenante, qu’elle semble enfin maîtriser, permettant pour un temps l'acquisition de l'objet transitionnel entre elle et l’objet. Elle va ensuite me montrer que l’étape normale suivante est celle d’introjecter et donc de pouvoir se représenter les éléments de façon catégorisée. Des représentations-mots (S. Freud, 1895) se lient à des représentations-choses (S. Freud, 1895) grâce au double étayant (J. Guillaumin, 1996) que je représente et tout semble enfin bien en place. Elle témoigne ainsi de cette persistance et de ce besoin à nommer et à décrire ce qu'il y a dans sa psyché et ce qui y fait défaut. Mélissa éprouve une peur de perdre la trace représentative des choses et a fortiori de l'objet maternel. Elle aspire à sortir de cette symbiose sujet-objet. Pour cela elle doit revivre des processus précocement échoués afin d’acquérir des représentations mentales, éléments nécessaires à tout détachement d’avec l’objet et à tout apprentissage.