W.I.S.C. (cf. annexe 7.3., p.146-155)

La passation

Thomas sera presque opposant avec moi, mais cela cachera une peur de montrer qu'il ne connaît pas les réponses. Il dira souvent : « Je veux pas te répondre ! » Il semblera qu'il ait honte de ne pas savoir et cela le rendra très nerveux au point de s'arracher un bout d'ongle avec dureté. Il ne cessera de toucher tout ce qui est sur la table. Il se balancera sur sa chaise et fera souvent tomber son crayon. Il mettra la poubelle sur la table, puis rentrera sa main dans sa manche et nouera l’extrémité de celle-ci. Il voudra de plus, utiliser mon stylo. Il finira par se plaindre de la durée de la passation.

Puis, il s'effondrera en constatant qu'il ne résout pas l'item Code. A Cubes c'est lui qui bougera ne voyant pas qu'il peut déplacer les cubes dans tous les sens. Similitudes sera échoué à "piano-guitare" pour réussir à "pomme-banane" et échouer à nouveau à "mètre-kilo" quand les éléments deviennent moins palpables. A Vocabulaire aussi c'est à "discret" et "obscur" qu'il échouera et il réussira à "absorber" et à "périmé" pour échouer de nouveau à "se vanter" comme s'il avait toujours besoin de l'ancrage du réel.

A la fin de la passation il me demandera qui va venir après lui et sera satisfait d’apprendre qu'il n'y aura personne.

Scatter de Thomas
Scatter de Thomas

Q.I.G. : 76 Q.I.V. : 70 Q.I.P. : 87

Moyenne standard : 6,7

Analyse du W.I.S.C.

1. Les Q.I.

Les Q.I. sont hétérogènes avec 17 points d'écart, au détriment du Verbal. Il y a donc un investissement cognitif déséquilibré. Les chutes à Information et Code montrent déjà la trace de l'histoire traumatique de Thomas tant au verbal qu’au corporel.

2. Les dispersions

La tension est en outre visible avec des dispersions très importantes au Verbal avec 9 points d'écart et au Performance avec 10 points d'écart. Il n'y a d'ailleurs qu'une seule note dans la z.e.m. Cet ensemble d’éléments atteste d’un échec scolaire électif. Information est par exemple à 1 alors que Vocabulaire est à 8. Le vocabulaire est-il pauvre ou non ? Thomas éprouve-t-il ou non des difficultés à assimiler des connaissances ?

3. Le rapport Similitudes-Cubes

Avec Similitudes à 4 et Cubes à 10 il est évident que la pensée représentative et conceptuelle est faible par rapport à une pensée perceptive beaucoup plus importante et dans la moyenne des enfants du même âge. En conséquence il est difficile à Thomas de généraliser ce qu'il a pu acquérir. Ce défaut en pensée généralisable s’observe en outre dans la difficulté à réussir Similitudes et Vocabulaire jusqu’au bout. Les éléments devenant plus abstraits moins ancrés sur le réel Thomas ne peut transposer la consigne. Nous pouvons émettre ici l’hypothèse d’un objet maternel interne qui ne serait donc pas une représentation mentale mais plutôt une représentation figurative. Ceci est à mettre en lien avec l'exacerbation du visuel révélée à Complètement d’images et confirmée à Assemblage d’objets. Il faut à Thomas rester en éveil car l'objet risque de disparaître ou/et d'oublier l'enfant. Cela pourrait alors entraîner la nécessité de maintenir l'"image" maternelle au devant de la scène de la vie psychique. Cependant, si l'investissement à Assemblage d'objets témoigne d’une volonté de maintenir la symbiose sujet-objet, il pourrait aussi être dû à la nécessité de rassembler les parties de soi. La vigilance sur le monde, doublée de la capacité à reconstruire un tout confirme que Thomas fait tout ce qu'il peut pour se rapprocher de l'objet.

4. L’investissement scolaire

Code montre toute la difficulté à investir ce qui est nouveau, d'ailleurs à cet item Thomas finira par abandonner. Il y a certainement une angoisse devant la nouveauté qui ne permet pas l’investissement de cette épreuve et certainement de tout nouvel apprentissage. Le faible investissement scolaire et la chute à Code révèlent que la peur de la nouveauté le détourne des apprentissages car cela impliquerait sans doute un risque de disparition de l’image de l’objet : Il ne faut pas le lâcher des yeux pour ne pas le perdre. Si, ce qui se présente peut être différent de ce qu’il était, cela risque aussi d'effacer ce qui occupe la plus grande place, à savoir la trace de l’objet. Ceci engendre de l'angoisse et bloque donc les investissements scolaires.

5. L’item Compréhension

Tous ces éléments sont liés au surinvestissement à l’item Compréhension. Cette note élevée montre qu'il y a sans doute chez Thomas une angoisse de type abandonnique, car il essaie de se conformer à ce qu’il pense que l’on attend de lui. Il lui faut être le "bon bébé" celui que l'on ne va pas abandonner ou maltraiter. Thomas investirait donc le manque par une exacerbation de l'attention sur le monde et par une pensée plus perceptive que représentative. Il éprouve donc certainement une angoisse d’abandon.

Conclusion

Thomas a visiblement subi un ou plusieurs traumatismes. Les dispersions témoignent de l’échec scolaire électif du sujet. La pensée représentative et conceptuelle est peu développée. La pensée perceptive beaucoup plus importante, liée à l'exacerbation du visuel laisse à penser que l’objet n’est pas représenté dans la psyché du sujet. Le faible investissement scolaire et la chute à Code confirment la peur qu’a le sujet d’oublier l’objet en pensant à autre chose et principalement au apprentissages.