Conclusion

Nous avons vu combien les visages que Thomas dessine de façon compulsive témoignent d’un objet absent même dans sa présence. La mère était certainement incapable de renvoyer quoi que ce soit de positif.

Le thème du cyclope va confirmer les difficultés du sujet à se détacher de l’objet en raison de processus ayant fait défaut. Le sujet n’a pu introjecter l’objet et en avoir ainsi une représentation interne. Faute d’introjection Thomas va me parler d’incorporation en utilisant la représentation d’un cyclope qui mange les gens et de personnes qui ont dû se manger entre elles. C’est le processus de fonction contenante permettant au sujet de se séparer de l’objet et de l’introjecter qui est ici au centre de la problématique de Thomas. Ainsi va-t-il rejouer ces processus par l’intermédiaire de l’histoire qu’il raconte afin de retenter de trouver des repères et se structurer.

Au cours de ce processus rejoué par Thomas, se manifeste toute la nécessité pour lui de se détacher de l’objet mais aussi toute la contrainte à revenir vers lui. Le processus de détachement a échoué car la différenciation complète sujet-objet est impossible. La situation demeure donc instable et fragile pour Thomas. La seule alternative va être cette chute dans le vide, ce retour à l’archaïque, ce retour vers l’objet qui paradoxalement est recherché et rejeté à la fois. L’échec du processus ne permet pas la représentation de l’objet et donc le sujet ne peut vivre différencié de lui. Ainsi, chez Thomas l’image de l’objet est constamment au devant de la scène de la vie psychique sans qu’il ne puisse contrôler cela. Le moi reste ainsi en carence de structuration, en morceaux éparpillés, à l’image des timbres sur la table.