2.1.2. QUE SIGNIFIENT CES MANIFESTATIONS PARTICULIERES ?

2.1.2.1. La paradoxalité psychique

Arrêtons-nous à la pensée de René Roussillon (1991) sur le concept de paradoxalité. Ces sujets présentent-ils des comportements paradoxaux ? R. Roussillon insiste sur la question du rôle de l’objet dans la structuration du moi et rattache ce qu’il nomme la pathologie du paradoxe aux ratés de la différenciation sujet-objet, c’est-à-dire à l’ensemble du registre narcissique et plus précisément au traumatisme primaire et aux communications paradoxales. Il parle de souffrances identitaires-narcissiques (1999) et pose l’essentielle question de savoir si les paradoxes qui caractérisent les processus de maturation (paradoxe de l’objet transitionnel, de la capacité d’être seul en présence de l’autre, de la destructivité, (etc.) D.W. Winnicott, 1951, 1958, 1971) sont les mêmes qui entravent le processus de différenciation et donc la structuration complète de la psyché. Il précise que, s’ils sont tolérés et doivent être respectés, dans les processus de maturation qui se déroulent bien, impensables pour le sujet et donc inacceptables ils se présentent à l’inverse,

‘« comme une modalité de la pulsion de mort, de l’attaque du lien et du clivage. » (R. Roussillon, 1991, p. 19) ’

Ainsi, dans les communications paradoxales, toute séparation d’avec l’objet devient impensable. Elles sont un puissant moyen pour maintenir la symbiose au prix d’une atteinte du narcissisme primaire. R. Roussillon précise que plus l’appareil psychique est peu formé, plus les effets seront graves.

‘« Les communications paradoxales ont ainsi des précurseurs précoces qui constituent des premiers points de faiblesse dans la constitution de l’appareil psychique, qui grèvent fortement la constitution du narcissisme primaire et constituent des points d’appels régressifs lors des expériences paradoxantes plus tardives. » (R. Roussillon, 1991, p. 60) ’

La plupart des sujets décrits au cours de la recherche ont très probablement été pris précocement dans de telles communications. Et, il est sans doute très probable qu’ils répètent cela au présent. Ainsi, les paradoxes qu’ils manifestent pourraient être une forme du conflit. R. Roussillon précise :

‘« Si le monde de la relation objectale […] est gouverné par le conflit, il se pourrait que le narcissisme le soit quant à lui par le paradoxe. » (1991, p. 18)’

Sans organisation véritablement différenciée et stable, par l’objet maternel des satisfactions et des frustrations, le sujet ressent et manifeste alors des antagonismes de sensations et d’excitations. C’est ainsi que les sujets en échec scolaire électif témoignant de régression, mettent en évidence des comportements contradictoires. Nous allons voir que ces derniers liés au clivage du moi.