2.3.1.2. Un maintien dans l’inclusion réciproque

Les sujets en échec scolaire électif demeurent donc généralement dans l’inclusion réciproque dans ce que D. Anzieu appelle l’inclusion mutuelle des psychismes (1985). Elle caractérise l’organisation fusionnelle primitive et est donc une sorte d’indifférenciation sujet-objet. Rappelons que l’inclusion réciproque se caractérise par deux organisations : la symétrie spéculaire et la complémentarité imaginaire. Selon M. Sami Ali (1974), dans l’espace bidimensionnel géré par des mécanismes d’inclusion réciproque, le "dedans" contient le "dehors" et vice-versa. Ainsi, pour les sujets en échec scolaire électif tout se reflète dans tout. Il y a enfermement du système dans lui-même. Il n’y a qu’un seul objet qui est le sujet à la fois. La configuration ramène donc, à une relation duelle mère-enfant caractérisée par une complémentarité imaginaire entre deux termes identiques où chacun est soi, l’autre et une partie de l’autre. Nous avons vu cette inclusion Chez Amin lorsqu’un visage se superpose sur un autre visage dans ses dessins. Chez Mélissa, il nous a été rapporté qu’elle imite souvent sa mère qui aboie, comme si elles ne formaient qu’une seule personne. En outre parfois, dans ses discours, lorsqu’elle s’adressera à moi, elle dira dans une sorte de collage : « Tu-je » Je constaterai cela chez Thomas lorsque je serai le cyclope et aussi celle qui est mangée par le cyclope. Ce fait est aussi visible par la manière qu’ont les sujets en échec scolaire électif d’avoir continuellement besoin de la présence de l’autre pour travailler. Les sujets ont en outre pour habitude lorsqu’ils sont concentrés d’approcher au maximum leur tête de la table, comme s’ils voulaient se coller à elle et créer ainsi un espace sans profondeur. D’ailleurs, alors qu’ils ont tous atteint l’âge où ils devraient pouvoir représenter la profondeur, nous constaterons qu’aucun ne l’a fait. Nous avons en outre constaté la symétrie spéculaire chez Lucille, sujet de Maîtrise (Cf. K. Chikh, 1992). Lors d’une épreuve de cubes, elle me fournira une réponse juste si je la considère par rapport à moi qui étais en face d’elle. Ses réponses sont en fait en miroir.

Cette organisation forme donc une totalité fermée, un système circulaire où indéfiniment le même communique avec le même. C’est ainsi que, comme nous l’avions vu précédemment, l’accessibilité du sujet à une phase objectale complète est totalement compromise. Il subsiste des manques dans le champ perceptif où, l’inclusion réciproque ne s’efface pas. Chez les sujets en échec scolaire électif des mouvements régressifs importants se manifestent de façon récurrente où soudain ressurgit cet espace archaïque.