Phase intermédiaire suivante : La chute de l’illusion

Les sujets ne peuvent accéder à cette aire intermédiaire que D.W. Winnicott « situe entre la créativité primaire et la perception objective basée sur l’épreuve de réalité » (D.W. Winnicott, 1971, p. 21) Nous avons clairement constaté ce retour dans les entretiens de Jérémy et de Thomas. Dans le laps de temps où ils atteignent cette aire de l’illusion, ils "voient" les choses autrement, avec plus de joie, avec plus d'assurance et ils ont l’impression d’une maîtrise de la situation. Mais il va y avoir un basculement. Le sujet va être confronté à une évidence : ses capacités sont limitées. C’est alors que se profile la chute de l’illusion. Les sujets sont contraints à revenir à l’état initial. Le retour est comme inévitable. « Il faut que je retourne », « On recule » dira Jérémy. « Ch'ais pas si je vais arriver » dira encore Mélissa. Une véritable crainte de l’effondrement (D.W.Winnicott, 1975) ressentie par le sujet, s’installe. Le risque de mort psychique (D.W. Winnicott, 1975) se profile pour le sujet qui n’en est pas vraiment un, qui n’a pas pu en devenir un, détaché de l’objet. Les traces des agonies primitives se réactivent malgré le sujet. Et l’impact du réel favorisé par l’évolution psychique joue ici un grand rôle. La prestance fait alors progressivement place à la dépression. C’est ainsi que le processus commence à tourner sur lui-même.

Le moi va alors éprouver de plus en plus de difficulté à gérer le clivage. Le sujet commence en effet à reconnaître ses difficultés. Le clivage se réduit. Il y a donc véritablement une chute de l’illusion. C’est cette dernière qui va faire ressurgir le sentiment de honte, sentiment omniprésent mais camouflé par d’autres manifestations tels que l’agressivité, la violence, le déni, etc.