2. Des cas particuliers

La passation du W.I.S.C. nous a permis d’affiner plus en profondeur notre première investigation via la grille d’observations. Nous avons ainsi pu dégager un certain nombre de cas où le W.I.S.C. a confirmé la présence d’un échec scolaire électif. Cependant, à ce stade nous avons aussi constaté que certains cas ne présentaient pas véritablement un échec scolaire électif au sens où nous l’avions défini. Si la plupart de ces cas étaient certainement atteints d’une forme de ce syndrome, il s’agissait d’une autre forme que celle que nous analysions. Il y avait par exemple, des sujets qui savaient multiplier, d’autres qui avaient un bon niveau de Q.I., d’autres encore avaient une problématique d’échec scolaire électif liée à des difficultés d’ordre sexuel plus développées. Loin d’être dans des difficultés archaïques ces sujets semblaient déjà avoir dépassé un certain stade de maturation psychologique. Ces cas sont certes intéressants et présentent sans conteste une variante de l’échec scolaire électif mais leurs difficultés nous semblaient devoir être abordées différemment. Pour André et Sofie par exemple, si la faible pensée représentative correspond à leur niveau, elle est surtout plus développée que la pensée perceptive. De plus, chez André l'investissement scolaire est évident. Lorsque nous essayons de comprendre ce qui pourrait être la cause de ces différences, un élément important de leur histoire s'impose : la majorité des autres enfants ont subi des carences affectives qui ont conduit à les séparer de leurs parents ou, ont été abandonnés par leur mère, ce qui n'est pas le cas de Sofie et André. Rappelons que la mère de Sofie était dépressive et qu'elle a laissé la grande sœur élever l'enfant. Quant à André, plusieurs éléments témoignent d'un manque de malléabilité de l'environnement et donc du forçage. Il a certainement aussi été, et est encore, l'enjeu de conflits familiaux importants.

Il y a donc une différence entre les enfants abandonnés et ceux qui ont pu profiter de la présence d’une mère, même défaillante. La mère n’est peut-être pas suffisamment bonne (D.W. Winnicott, 1951) mais elle est là, et cette présence compte, puisqu’elle permet visiblement a minima la constitution d’une pensée représentative, nécessaire selon nous à la remédiation de telles difficultés d’apprentissage.

Nadine, présente certainement une forme d’échec scolaire électif, cependant après l’étude de ce cas nous avons vu combien ses longs discours délirants et désorganisés ne permettaient pas une étude telle que nous l’envisagions ensuite avec notre protocole de recherche. La permanente nécessité de la cadrer sans vraiment obtenir de résultats qui permettent la poursuite des recherches nous conduisit à l’évidence d’une impossibilité à poursuivre l’étude de ce cas.

Linda quant à elle, présentait une majorité des caractéristiques de notre grille, mais semblait avoir une problématique liée à l’adolescence et aux difficultés avec cette mère qui ne l’avait pas désirée. Nous avons en effet, constaté qu’elle maîtrisait des notions de calcul qui témoignent d’un niveau différent des autres sujets présentant un réel échec scolaire électif. Cependant, avec des résultats scolaires déséquilibrés, des difficultés à assimiler des connaissances ou encore un état dépressif, il semble que Linda révèle une forme d’échec scolaire électif ayant ses caractéristiques propres.

Au cours des observations et à l’aide de la grille nous avons aussi pensé que Loïc présentait un échec scolaire électif. Cependant, nous avons pu mettre en évidence que sa problématique était certainement tout autre. Incontestablement Loïc à des graves difficultés scolaires liées à des défaillances importantes du comportement mais, cet échec scolaire au regard de ses résultats au W.I.S.C., n’est pas un échec scolaire électif.

Le W.I.S.C. de Sofiane encore, a révélé que l’écart était de 1 point entre les Q.I. Verbal et Performance et que les dispersions étaient peu faibles. Ce qui veut dire qu’il ne présente pas d’échec scolaire électif comme nous l’avions cru lors de nos observations. Sofiane présente donc une pathologie psychique différente, mais entravant néanmoins fortement les apprentissages.