Etablissement E 2. Population concernée : garçons. 27 dossiers consultés.

Les conduites décrites dans l’établissement E 1 se retrouvent à l’identique. Les mêmes termes qualifient les conduites et les personnalités, les mêmes expressions servent à les décrire et il n’existe que peu d’éléments originaux ou singuliers. Toutefois, le caractère général des écrits est très sensiblement différent d’un établissement à l’autre. Les représentations dominantes et secondaires ne se présentent pas de la même façon. Singulièrement, elles s’organisent dans un ordre inverse. Les conduites les plus fréquemment évoquées par les éducateurs de cet établissement, concernent les « conduites manipulatrices ». Au premier plan, nous trouvons la « séduction », puis les conduites de « manipulations », et même, parfois, des conduites « machiavéliques » ainsi que, sans qu’il soit précisé en quoi, celles des conduites « déviantes ». Avec une fréquence presque équivalente, sont évoquées des conduites pathologique : « comportement de toute puissance », « d’excitation », voire « d’hyper-excitation », ou bien encore « d’agitation ». Les conduites de prestance et de domination ou encore de provocation sont beaucoup moins fréquentes, et la menace est quasiment absente. Les conduites agressives, à la recherche du conflit, si elle sont présentes, restent sensiblement en retrait et ne semblent pas constituer une préoccupation majeure pour les éducateurs.

Les conduites connotées positivement occupent ici aussi la portion congrue. L’accent est mis sur les compétences à construire de « bonnes relations », sur la capacité à « être attentif », à « écouter », « à prendre en compte » la « parole de l’autre » Une dimension singulière apparaît : l’évocation d’attitudes de recherche de tendresse, de chaleur humaine, de contacts et d’échanges corporels positifs. On peut lire des expressions comme « recherche les câlins », « vient parfois se lover dans nos bras comme un tout petit ». Ces termes, rarement employés il est vrai, pudeur oblige, témoignent de la capacité à percevoir le besoin d’amour d’autrui et de le rendre avec des mots qui en témoignent. Il y a un monde entre celui qui écrit que tel enfant a besoin de câlins et celui qui écrit que tel enfant est dans une quête affective !

A propos de la personnalité, deux ensembles thématiques sont majeurs. Le premier est celui de l’emprise des affects sur les personnalités. La souffrance, la tristesse, l’anxiété, l’angoisse apparaissent avec une fréquence et une régularité remarquable. Le deuxième est celui de la domination des pulsions : « l’intolérance à la frustration », le fait d’être « incapable de retenue », de ne rien vouloir d’autre que « le plaisir immédiat », voire d’être « attiré par la sexualité dans ce qu’elle a de plus abject ». L’existence de troubles graves de la personnalité est peu évoquée mais il advient que les écrits fassent état de l’inquiétude des rédacteurs à propos d’un enfant dont on se demande s’il n’est pas « psychotique » ou bien encore « paranoïaque ». En définitive les éléments les plus fréquemment retenus par les rédacteurs s’attachent à décrire des personnalités en quelque sorte sous influence : envahies par leurs affects, soumises à leurs pulsions, ou encore aliénées par des pathologies altérant leurs capacités à appréhender la réalité du monde externe.

Curieusement, aucun document émanant de cet établissement, pourtant mixte depuis plus de vingt-cinq ans, ne concerne de filles. Faute d’informationsnous nous en tiendrons à constater cet état de fait.