3.1. Méthodologie pour l’enquête.

3.1.1. Construction de l’enquête.

Nos informateurs.

Les travailleurs sociaux enquêtés exercent exclusivement des fonctions d’éducateur au sein d’internats dont les missions sont la prise en charge d’enfants et d’adolescents placés à la suite de décisions judiciaires soit au titre de la protection de l’enfance, soit au titre de l’ordonnance de 1945. Ces professionnels ont des qualifications diverses. Néanmoins, éducateurs spécialisés, moniteurs éducateurs ou animateurs, ils exercent tous les mêmes fonctions d’encadrement permanent de groupes d’adolescents dans toutes les activités de la vie quotidienne. Cette situation professionnelle spécifique les confronte continûment aux difficultés afférentes à cette vie quotidienne collective imposée aux adolescents. Lorsque la violence se manifeste, qu’elle soit collective ou individuelle, ils ne peuvent y déroger. Ils sont appelés, d’une façon ou d’une autre, à vivre en totalité cette situation et tentent de lui trouver une issue. Dans les situations éducatives, dites de milieu ouvert, l’éducateur n’est pas forcément présent dans les moments de violence. Il lui est possible de mettre en place des stratégies d’évitement pour se soustraire à cette confrontation, c’est impossible dans la situation d’internat. Notre choix d’enquêter exclusivement auprès des éducateurs exerçant avec des adolescents en internat est précisément guidé par l’exemplarité de leur expérience vécue des situations de violence.

Nous avons conduit nos entretiens auprès d’un nombre sensiblement équivalent d’hommes et de femmes, de professionnels expérimentés et d’autres plus novices. Sans prétendre à une représentativité de la population d’enquête, il nous a semblé néanmoins pertinent de recueillir le discours d’un ensemble de professionnels, tel qu’il en existe ordinairement dans les équipes éducatives, sans faire l’impasse sur une catégorie d’entre eux. Apprend-on de la violence ? L’expérience de ces situations modifie-t-elle la sensibilité ? Change-t-elle les conduites éducatives et en quoi ? D’autre part, il nous a paru utile de ne pas exclure a priori l’idée selon laquelle la perception de la violence est sensiblement différente pour un homme ou une femme.