Les sites de recueil des informations.

Afin de disposer d’un ensemble de données issues de sources diversifiées, et soumis à l’impératif de faisabilité, nous avons choisi d’enquêter en Haute-Savoie. Ce choix tient compte des spécificités de l’organisation, par le département, des missions de protection de l’enfance qui lui incombent. En l’occurrence, l’accueil des mineurs placés est assurée par un ensemble d’établissements et de services qui sont, pour partie, publics et, pour partie, sous statut associatif. Nous avons donc enquêté auprès d’éducateurs en exercice dans ces deux catégories d’établissement. En outre, la prise en charge des adolescents placés en internat y est conçue, selon quatre modalités. Ils peuvent être accueillis dans des groupes dits « verticaux », c’est-à-dire au sein desquels cohabitent, le plus souvent au nombre d’une dizaine, des enfants et des adolescents de cinq à dix-huit ans. La proportion de jeunes enfants et d’adolescents est alors variable selon les décisions de placement, l’objectif restant de former un groupe équilibré en âge. Ils peuvent être accueillis dans des groupes d’adolescents qui, comme l’indique leur dénomination, rassemblent six à huit jeunes gens de quatorze à dix-huit ans. Il existe aussi des dispositifs d’accueil d’urgence pour adolescents dont la mission est de répondre dans l’urgence au besoin de placement, de faire un diagnostic de la situation du jeune et de proposer des solutions adaptées. Enfin, pour les jeunes réputés en grande difficulté 338 , il existe quelques services spécialisés intervenant selon des modalités non conventionnelles : séjour dit de rupture, immersion longue et accompagnée dans des expériences de vie exigeantes, par exemple. Tous ces dispositifs sont conçus de façon à recevoir indifféremment des filles et des garçons. Nous avons conduit la recherche dans tous les types de services existant en Haute-Savoie. En effet, notre première approche, par l’analyse des rapports de synthèse nous a convaincu de l’extrême mobilité, du caractère très subjectif de la perception de la violence selon les individus. Nous avons vu que, pour certains, un enfant est violent dès qu’il manifeste des conduites d’opposition alors que d’autres conçoivent qu’il y a violence lorsque les transgressions sont beaucoup plus lourdes. Dès lors, nous ne préjugeons pas du fait que les adolescents réputés les plus difficiles soient vécus comme particulièrement violents par ceux qui en sont en charge. Nous avons privilégié une approche large et tenté, par l’analyse du contenu des entretiens de comprendre ce qui est déterminant dans ce vécu subjectif de la violence.

Notes
338.

Cet euphémisme recouvre souvent la réalité de jeunes qui ont mis gravement en échec toutes les propositions de prise en charge « traditionnelles ».