Dossier n°1 : Eric.

8 ans, 1 rapport de synthèse.

Historique du suivi éducatif du jeune

AEMO d’une durée de un an afin de veiller au bon développement et a ce que Eric ne soit plus maltraité

Condition du dernier placement

Le renouvellement du placement pour une durée de un an, résulte globalement de trois raisons majeures. Tout d’abord, Eric présente un certain nombre d’acquis. Ceux-ci sont fragiles et demandent à être renforcés quotidiennement.Au regard de la situation des ascendants, ce travail ne peut être suivi que par une structure spécialisée. Ensuite, Eric tait encore l'objet de conflits entre le père et la mère. Les différentes interventions éducatives visant à assainir cette problématique n’ont abouti que partiellement. Un travail doit être continué en ce sens. Enfin, un travail doit aussi être mené et renforcé auprès des parents, pour une meilleure prise en charge lors des week-ends.

Rapport à la famille

Depuis son arrivée au foyer,Eric passe tous ses week-ends en famille - allant une fois chez son père,une fois chez sa mère -En période de vacances,Mr C accueille son fils à raison de 50% du temps ainsi que quinze jours au mois d’août Pour ce qui est de Mme V, elle accueille Eric de façon ponctuelle. Depuis son arrivée à T., le Jeune semble s’être adapté progressivement à la nouvelle rythmicité des week-ends. Jusqu’en mi-octobre, Eric nous a interpellé régulièrement afin de lui préciser le décompte de jours restants avant ses départs en week-end. A l’heure actuelle, l’automatisme des fréquences de week-end est acquis.

En ce qui concerne ces passages en famille, Eric en exprime peu de choses. Les faits évoqués ont attrait principalement à de mauvaises conduites et de mal-être à son niveau ou de réprimandes à son encontre. Les premiers s’effectueraient chez la maman. Concrètement Eric n’est jamais seul chez sa mère puisque les enfants du beau-père sont aussi présents. Il souffrirait de cette situation. Il lui arriverait parfois de les suivre à l’extérieur de l’appartement, sans aucune présence de l’adulte. Cette situation peut alors placer ce jeune garçon dans des situations délicates. Dernièrement, il aurait jeté des cailloux dans des fenêtres avoisinantes. Le libre choix offert à ce jeune semble un risque, lorsque l’on connaît le trop peu de repère sociaux acquis. Pour ce qui est du mal-être et des réprimandes, Eric retrouverait ces points chez son père. Eric a évoqué son incompréhension face aux venues de sa mère chez son père. Il semble avoir assimilé le discours du juge en ce qui concerne les week-ends - une fois chez l’un, une fois chez l’autre - ce qui n’est peut-être pas encore le cas chez la maman.

En ce qui concerne les réprimandes, Mr C pense que son fils doit connaître les limites à ne pas dépasser. Malheureusement, celles-ci semblent mal définies et trop souvent mouvantes selon l’humeur du père. Par conséquent et en se référents aux dires d’Eric l’équipe éducative pense que le manque de stabilité du «cadre» angoisse régulièrement le garçon et rend incompréhensible les contextes familiaux. Une partie de ces points ont été repris lors de la dernière synthèse ayant eu lieu dans le bureau de M P, dans un premier temps avec Mme V et dans un second temps avec le papa.

Malgré cela, il semble transparaître qu’Eric vit de nombreux moments agréables sur les lieux familiaux. Si ils ne sont pas évoqués, nous retrouvons régulièrement un jeune calme aux fins de week-ends. Ces périodes de courtes durées semblent bénéfiques. Parallèlement à cela, les liens du fils envers son père et sa mère seraient de la même force.

Pour en revenir à la communication entre l’enfant et ses ascendants, le fait du rapprochement d’Eric autour de C a déclenché chez Mme V, une envie de contacter son fils quotidiennement pendant les trois premières semaines. Mme est même venue rendre visite à Eric sur T. Par la suite, les appels se sont espacés et l’euphorie du départ s’est amenuisée. La rythmicité des week-ends a là aussi pris le pas.

A l’inverse, Mr C ne contacte jamais son fils par le biais du téléphone? Une seule visite a eu lieu, celle ayant attrait à une prise de médicament non conseillée.

Mr C reste fort vigilant sur ce qui touche au médical - cet aspect est prévalant chez lui- Actuellement et par ce biais, le père pose plus facilement sa place en tant que responsable paternel. Tout comme son fils, mais à une échelle supérieure, le père d’Eric est asthmatique. Sa connaissance de la maladie lui permet de renforcer son droit de regard et de critiquer quiconque intervenant auprès de son fils - particulièrement - auprès de son ex-femme qu’il considère ici comme dangereuse et incapable.

Hormis cette approche médicalisée, le père de l’enfant aurait de grosse difficultés à verbaliser l’amour qu’il porte à son garçon. Tout comme pour le « cadre » qu’il pose à Eric, c’est au file de ressentir cet état de fait. Si il existe bien cet amour du père envers le fils, il fonctionne «dans» un «non-dit»flagrant.

Une intervention des travailleurs sociaux « sur » ce problème pourra certainement faire évoluer cette relation, en une relation d’échange visant à la construction d’Eric.

L’interaction mère-enfant est quant à elle beaucoup plus symbiotique. Eric devient ici le «petit enfant», ou m^me l’enfant objet du désir. Hormis cette approche, il est difficile d’observer un quelconque «cadre» éducatif visant à construire le jeune. Face à certains comportements inadaptés, la maman ne semble pas avoir actuellement les capacités de mener une intervention visant à inverser le processus. Si là aussi, un travail des acteurs sociaux a déjà été mené, il faudrait maintenir et renforcer cette intervention pour un travail en profondeur avec la maman.

En ce qui concerne X, son demi-frère, accueilli chaque week-end et chaque vacances dans un chalet de M situé à S, la demande de renouer avec Eric était exprimée. Une première rencontre s’est effectuée pendant les vacances de la Toussaint. Cette rencontre s’est relativement bien déroulée . Leur lien semble faible, ce qui ne les a pas empêché de rester deux heures ensemble. Cette relation familiale ressemble à de la copinerie. Le père est le médiateur de leur relation. Après avoir pris un peu de distance, ils se sont retrouvés à 5 minutes du départ de X pour se dire «au revoir».

La seconde, inhérente aux aléas de deux calendriers respectifs, eut lieu chez leur mère. Alors que depuis des expériences malheureuses le SEF faisaient en sorte d’y donner un temps à chacun.

La mère marquant nettement sa préférence pour Eric, les deux frères n’ont pu réellement se retrouver e cela a fait l’objet d’une vive déception pour X qui s’est vu d’une part négligé par sa mère et qui d’autre part n’a pas pu profiter de la présence de son frère.

La troisième rencontre a eu lieu à S, lieu de vie de X en week-end et vacances . Le projet de cette rencontre c’est fait à la demande des deux frères qui se faisaient une joie de pouvoir enfin se rencontrer hors du contexte familiale. Or, une fois de plus, cela c’est avéré être un échec. En effet, le comportement d’Eric sur le groupe n’a fait qu’amplifier la déception de X : grande agitation, puis réaction violente aussi bien verbale que physique après s’être fait surprendre à voler un malabar dans un magasin de S. Par ailleurs, Eric n’a pas ou s’intégrer au groupe qui pourtant était prêt à le recevoir cordialement.

A son retour sur M nous avons réuni X et Eric afin de déterminer s’il était souhaitable de renouveler l’expérience. Suite à leur avis négatif, nous avons donc convenu de limiter leurs contacts à de simples courriers ou coups de téléphone, ceci jusqu’à qu’ils manifestent à nouveau l’envie de se revoir.

Cependant le rythme de séjours chez la mère a fait qu’une fois de plus ils s’y soient trouvés ensemble. Eric en a profité pour se plaindre de son frère qui l’avait dénoncé aux éducateurs de S, que ceux-ci l’avaient grondé. Mme V s’est fâchée sur X, reprochant à ses éducateurs de toucher à son fils. L’ainé est rentré à S très affecté.

Ces seules rencontres ne permettent pas une analyse profonde de la relation entre Eric et X. Cependant, un paradoxe apparaît entre le désir de se rencontrer et la difficulté à vivre harmonieusement cette rencontre. Le conflit sous-jacent qui anime les deux frères semblerait pourtant dévoiler un malaise relevant d’une problématique familiale : sentiment d’injustice pour X qui se sent inexistant aux yeux de sa mère et difficultés pour Eric à mettre en question l’attitude de celle-ci face à son frère.

Ainsi il apparaît important, avant d’envisager une nouvelle rencontre, de clarifier leur relation afin de les aider à vivre le mieux possible une nouvelle prise de contact.

Rapport à la loi:

Il aura fallu un bon mois avant qu’Eric assimile un certain nombre de règles de vie du groupe. Pendant cette période, le jeune a posé de nombreux comportements répétitifs qui se ont dépassé de manière systématique les limites. Son fonctionnement transgressif semble faire appel inconsciemment mais certainement à une intervention éducative de notre part. Vers la mi-octobre, les comportements d’Eric ont commencé à évoluer différemment. Il a présenté un fonctionnement en «dent de scie». Face à nos réactions en rapport à une transgression de sa part, ERic se sanctionnait en boudant ou en se punissant. Il s’excluait même du groupe en s’enfermant dans sa chambre ne daignant pas entendre nos insatisfactions.

Après les vacances de Toussaint, Eric présente un mal-être permanent - il vient de passer cinq jours chez son père et deux jours chez sa mère - Il est à vif, il est très agressif auprès de son entourage. La scolarité est pour la première fois très mal acceptée. Les règles de vie sont dépassées systématiquement, interagissant sur la violence des autres ou, engendrant celle-ci. Si il est ici provocateur, il peut s’en prendre aussi physiquement à lui-même. L’adulte est lui-même pris à parti tant «dans» le verbal que «dans» le physique.

Jusqu’à la Toussaint, il était très friand de relations duelles avec l’éducateur. Après cette période, ce type d’interaction a pu prendre des profils différents, créant ici et là une source d’excitation extrème.

Nos interventions n’ont plus été entendables à son niveau, il pouvait hurler, insulter à qui voulait entendre son mal-être. Dans tous les cas de figure, ces situations se terminaient quasi systématiquement par une bouderie suivie d’une auto-sanction. Dans ces situations, les éléments de l’équipe devaient se relayer afin de mener le jeune au calme.

Hormis cette période, il semble qu’Eric n’ait pas encore perçu l’intérêt de certaines règles de vie. En fait, il nous paraît vraisemblable que les «lois» n’ont jamais été réellement bien explicitées. Pour le cas d’Eric, l’acte adapté ne serait pas porteur de réponses mais bien l’acte inadapté.

En conséquence, et après trois mois d’observation, nous supposons que les réprimandes ont plus de valeur à ses yeux que nos félicitations.

Projet

A ce jour, l’une des hypothèses de travail tend à renforcer les réponses positives, tout en faisant respecter les règles de vie ; en confortant le moins possible ce jeune dans ses demandes inconscientes de réprimandes.

Rapport au corps

D’une nature turbulente, Eric peut se blesser facilement. Il est sensible à la douleur, tout en étant un jeune assez dur physiquement. Les traitements sont pris méticuleusement. Eric les réclame de façon automatique. Si il se plaint parfois de maux divers, ceux-ci ne sont jamais imaginaires. A l’heure actuelle, aucun traitement long n’est à noter.

En ce qui concerne l’hygiène, Eric aime prendre un bain quotidien. Lors des deux premiers mois, Eric a réclamé une présence de l’adulte. Face à cette demande, l’équipe éducative a présenté une certaine ambiguïté dans la relation au corps. Avec le temps, les intervenants ont pris du recul lors de ces moments.

A ce jour, Eric ne demande plus la présence d’un éducateur lors du bain. Parallèlement au soin de son hygiène corporelle, Eric sait prendre soin de ses vêtements propres. A l’inverse, ceux utilisés en journée sont délaissés. Il sait aussi prendre soin de son rangement de chambre. Il apprécie être accompagné dans cette démarche.

En ce qui concerne les vêtements à porter pour le lendemain, Eric sait faire des choix. Il s’informe par la même occasion des conditions climatiques éventuelles pour adapter ses linges.

Pour ce qui est du comportement alimentaire, Eric évolue selon des humeurs variables. Soit il mange de tout sans poser de problèmes de comportement à table, soit il peut fonctionner à l’inverse. D’une manière générale, ce n’est jamais la nourriture qui est en cause mais bien un mal-être dans l’instant.

Quant au sommeil, Eric a longtemps présenté des difficultés d’endormissement. Nous avons observé une amélioration vers la mi-octobre, pour que le problème se repose à la rentrée des vacances de Toussaint. Concrètement, Eric a besoin d’une présence adulte au coucher. Il apprécie être câliné, recevoir et donner son baiser du soir. Au réveil, il présente deux types d’attitudes. Celle d’un réveil en douceur ou agité. Dans cette situation, il peut se trouver rapidement en conflit avec les autres jeunes.

Rapports interpersonnels

Avec les jeunes

Il est le plus petit et le plus jeune d’un groupe vertical de neuf éléments.

Le contact à l’autre s’effectue principalement sous une forme conflictuelle. Dans cette interaction qu’il induit; le groupe le rejette quasiment systématiquement. Il se rapproche alors de l’éducateur avec le sentiment d’être incompris. C’est après plusieurs tentatives identiques à la première ou le groupe continue à le rejeter qu’il amorce enfin une démarche souvent mieux adaptée.

Parfois ce type d’interaction le mène à un «jeu» qui le place rapidement en tant que «bouc émissaire». Ce statut semble être recherché par ce jeune - comme si c’était une place qui lui permette de se repérer. Il arrive aussi à avoir des relations privilégiées avec le jeune qui partage sa chambre. D’un tempérament têtu, Eric ne semble pas se laisser manipuler facilement par les autres jeunes. Sa démarche est souvent individuelle, ne tenant compte que très rarement de l’avis de l’autre. Au sein du groupe, Eric est souvent perçu comme un élément perturbé et déstabilisant. Cet état de fait a été très marquant au retour des vacances de Toussaint - pouvant être arrogant et provocateur devant l’adolescent- Son mode de communication verbale est aussi fort et agressif. Eric ne dialogue pas il hurle. Ce qui alimente régulièrement les conflits avec le reste du groupe.

D’une manière générale, Eric semble toujours à vif. Il vit difficilement la vie du groupe, il aime s’accaparer l’adulte et n’apprécie guère les intrusions des autres au sein de la relation qu’il tisse avec l’éducateur.

Avec l’adulte

Le contact a été rapidement assuré par Eric. Il est en quête d’une relation individualisée. Celle-ci s’effectue souvent de deux manières. La première «dans» la séduction, la seconde est beaucoup plus directive. En quelque sorte, il ordonne que l’éducateur s’occupe de lui. Inentendable à notre niveau, il lui est souvent dit qu’il n’est pas le seul sur le groupe. Notre réponse n’est pas satisfaisante à notre niveau et le met souvent hors de lui. Lorsque l’on reprend cela avec Eric, sa tension est toujours fort présente. Il peut se mettre à bouder ou à jeter toute chose qu’il tient entre ses mains à ce moment là. Cette attitude semble acquise et apprise au sein du milieu naturel. Malgré les répétitions d’intervention au quotidien, il semble qu’il continue à être moteur de ces interactions. Poussées à l’extrême, ces situations nous obligent régulièrement à le mettre en chambre afin qu’il se calme. Lorsque nous posons pas ce type d’acte, il se sanctionne. S’enfermant dans sa chambre pendant quelques minutes, il lui arrive de revenir en nous faisant comprendre qu’on l’a sanctionné. Cette attitude «masochiste» est perceptible à d’autres niveaux. Elle semble le sécuriser et lui faire prendre conscience qu’il existe, par le biais de repères qu’il a parfois à s’imposer. Sous le mode de la séduction, Eric recherche l’adulte afin que celui-ci le sécurise. Dans ces moments, il est vite attachant, voire même «collant». Comme avec ses parents, il prend facilement la main de l’éducateur. Il semble avoir un besoin physique de contact.

A L’inverse de la quasi-totalité du groupe, Eric est le dernier arrivé. Il recherche certainement une place au sein du groupe tout en sachant qu’il ne s’y inscrirait que très partiellement. Il semble beaucoup trop à vif, pour être dans ce type de recherche. En fait, son quotidien est beaucoup en recherche de l’adulte sécurisant, que d’un groupe de jeune pouvant le déstabiliser. Face à certaines responsabilités que lui offre l’éducateur, Eric sait être très adapté. Malgré cela, il ne semble pas savoir profiter de ses comportements positifs pour les mettre en valeur. Comme si ces actes posés n’avaient aucune valeur à ses yeux. Cette attitude nous renforce dans le fait que cette carence le renvoie à poser des actes inadaptés, afin que l’on s’occupe plus particulièrement de lui.

Sur ce point, notre intervention doit maintenant viser à prendre le contre-pied de ces carences, pour l’amener à poser de plus en plus d’actes visant à bonifier ses comportements.

Rapports sociaux

Scolarité

Scolarisé au CP, Eric a un an de retard.

Il présente un intérêt à ses devoirs. Ceux-ci sont plus facilement assurés le matin que le soir en rentrant de l’école. Malgré cela, le soir venu, il est en grande demande de suivi scolaire. Ce travail vise à de nombreuses séries de phrases de lecture. Celles-ci sont souvent répétées sous la forme du «par coeur». Il présente des difficultés dans la lecture de mots nouveaux. -point qui ne se présente plus le matin, lors de la reprise des devoirs- Depuis les vacances de la Toussaint, Eric a présenté des problèmes de comportement en classe. il s’en prend aux autres élèves mais aussi à l’instituteur. A ses retours de classe, il n’aborde pas ces problèmes. Après la première de décembre, il s’adapte de nouveau au cadre de la classe. Mais depuis janvier son comportement à l’école qui sature, y pose de gros problèmes. Une réorientation est à l’étude.

Activités ludiques

Si ERic n’est inscrit dans aucune activité extérieure du foyer, il pratique des activités par le biais des éducateurs du groupe. On a pu observer une nette amélioration dans sa façon de colorier des dessins. De la même manière, ses créations ont une qualité qu’ils n’avaient pas au début de septembre.

A l’inverse, le travail en pâte à modeler est peu performant. La manipulation de la pâte est même difficile.

En ce qui concerne les activités corporelles, Eric présente des difficultés à garder son calme. Il n’arrive pas à se contenir dans des activités comme le yoga. Des activités d’extériorisation seraient plus adaptées.

Services collectifs

Il a besoin d’être accompagné et encouragé dans ce type d’activité. Elles sont perçues comme rébarbatives. L’entrain à effectuer ces tâches semble inexistant. Aucune organisation n’est observable. Ce manque de méthode n’est visible à d’autres niveaux chez ce jeune.

Rapport à l’espace

Pendant longtemps, Eric s’est incrusté dans le bureau des éducateurs. Il a fallu près de deux mois pour qu’il ne s’y rende plus sans autorisation. Il lui est arrivé souvent d’empiéter sur des lieux tels que les chambres des autres. Depuis quelques temps, les jeunes lui ont fait comprendre que ce type de lieu est personnalisé. Il respecte de mieux en mieux les espaces.

Sa chambre est bien investie. Il reste très respectueux de cet espace. Il lui arrive à s’y rendre parfois afin d’y jouer seul ou avec son collègue de chambre.

Après la Toussaint, ses attitudes très «éclatées» le faisaient se déplacer et investir des lieux jusque-là non-investis. Dans ces espaces, ses attitudes étaient très perturbée, il n’y entendait que très peu l’adulte. Ce qui nous a obligé à le reprendre régulièrement, et d’une manière assez stricte. Depuis, il s’est de nouveau stabilisé et ne présente plus de tels dépassements.

Rapport au temps

Il s’est progressivement adapté aux rythmes de l’institution. Même s’il est un peu lent dans certaines situations, les repères temporels sont globalement acquis. Si il réclame un long moment pour son suivi scolaire, son temps libre est difficilement autogéré. Eric végète souvent «sur» le groupe. Ce type de moments l’oriente parfois vers d’autres jeunes afin de les taquiner. Cette taquinerie est généralement vite relayée vers un énervement des différents éléments. Il peut aussi se rapprocher des éducateurs avec des demandes personnalisées telles que des sorties, des pratiques de jeux ou des activités manuelles ou même des achats de jouets ou de confiseries. Sa recherche de l’adulte semble être source de repères. A l’inverse, le fait de errer sur le groupe serait une source d’angoisse pour lui.

Face aux températures climatiques, Eric sait adapter ses vêtements. Il questionne régulièrement l’éducateur sue les possibilités de changement du temps pour les lendemains.

Rapport à l’argent

Il ne semble pas encore avoir une réelle notion de l’argent. Malgré cela, il sait qu’aucune chose n’est généralement gratuite. Ses dépenses s’orientent vers les jouets de petits prix et les confiseries. Peu dépensier, il épargne sans vraiment en prendre conscience.

Expressions affectives

Humeur

Après trois mois de placement, nous avons pu observer une humeur allant en «dent de scie». Elle a été d’abord de type lunatique, pour ensuite être égale à elle-même et pour être enfin hyper-excitable.

Instabilité

D’une manière globale, Eric présente des attitudes d’entêtement, d’impulsivité et de précipitation. Ces comportements se sont même durcis pendant les vacances de Toussaint. Depuis la première quinzaine du moi de décembre, nous observons un apaisement de ce type d’attitudes. Actuellement, il ne s’investit dans aucune activité précise, par contre, il commence à pouvoir s’investir dans des jeux porteur de règles. Ces jeux ne sont pas de type physique mais bien des jeux demandant une attention psychique et un certain calme - points auxquels il arrive de mieux en mieux à s’acclimater dans ces contextes précis.

Conclusion

Au travers des différentes observations effectuées auprès d’Eric, nos interventions ont visé dans un premier temps et parfois de façon inconsciente à créer un cadre rassurant pour ce jeune. Parallèlement à cela, une confiance c’est progressivement instaurée entre ce jeune et les adultes l’entourant. De la même manière, le rapprochement auprès de ses parents a permis de créer un cadre temporel précis, lui apportant d’autres repères. A l’heure actuelle, nos interventions s’orientent vers l’enfant mais aussi vers les parents. Pour Eric, notre action est assez rééducative. Globalement, ce jeune présente des comportements de type excessif - monopolisation de l’adulte, impulsivité, hyper excitabilité...- visant à une intervention de l’éducateur. Notre travail s’effectue principalement par le biais du langage, et dans la redondance de ce dernier. De manières répétitives et quotidienne, nous informons que Eric peut exister en posant des actes moins excessifs. De la même façon, nos interventions sont courtes pour éviter la monopolisation de l’adulte. Parallèlement à cela, nous avons observé que la confiance du jeune pour l’adulte est fragile. Pour cela, nos nous efforçons de présenter au jeune un cadre environnemental très clair - les limites à ne pas dépasser, mais aussi un discours cohérent de l’équipe auprès du jeune.

En ce qui concerne ce jeune, nous constatons que les acquis notifiés ci-dessus sont déjà bien ancrés. Donc, avant d’envisager un quelconque projet à moyen terme, un travail de type éducatif visant à de nouveaux minimums acquis est à mener.

D’un autre côté, nous renforçons positivement les actes adaptés du jeune aux différents contextes.

Enfin, Eric doit intégrer un groupe de parole pour des jeunes de son âge auprès de la stagiaire psychologue du foyer.

Pour ce qui est de la famille, des rencontres mensuelles à la circonscription commencent à s’instaurer,à la demande de l’assistante sociale. Elles permettent de rencontrer les parents individuellement avec es différents travailleurs sociaux. Ces temps de rencontre visent dans un premier temps à informer les parents de l’évolution de la situation de leur fils. Dans un deuxième temps, de permettre aux travailleurs sociaux de prendre connaissance du quotidien du jeune lors des week-ends. Dans un troisième temps, d’ouvrir un débat sur l’approche des différents intervenants auprès du jeune. Le dialogue vise à mener un questionnement sur cette approche, sur l’attitude éducative mais aussi sur les automatismes de fonctionnement des parents et /ou sur leurs inquiétudes. Enfin ces rencontres doivent mener les parents à réfléchir sur leur propre intervention auprès de leur fils.

Dans cette dynamique, le travail avec la famille est primordial. Dans le temps, notre objectif reste que la famille soit porteuse d’un éventuel projet commun avec les travailleurs sociaux.