Dossier n°2 :Roland.

11 ans, 4 rapports de synthèse.

Rapport de synthèse n°1

Roland a été confié au Service Enfance et Famille par une ordonnance en date du X 11 est placé dans une famille d'accueil Mr et Mme X. Son comportement violent et destructeur conduit la famille d'accueil à la rupture. Roland a intégré le foyer en Septembre.

A la lecture des différents rapports concernant l'histoire de Roland, nous étions en mesure de nous montrer extrêmement vigilants quant à la violence qu'il exprimait contre lui~même et qu'il destinait aussi aux personnes de son entourage.

L'inquiétude de Mr Y, éducateur au C.M.P, indiquait que Roland était dans un état suicidaire et qU'il craignait un passage à l'acte sur lui ou sur ses frères. A cette époque les troubles de Roland étaient en relation avec la place qu'il imaginait auprès de sa mère, rejetant tout partage de celle-ci avec ses frères.

Dans un souci de pouvoir traiter les problématiques individuelles, les trois enfants ont été accueillis dans trois groupes différents.

A son arrivée, Roland fonctionne sur le mode de la séduction, et nous ne trouvons pas un enfant au passé douloureux, dans la violence, la fuite et la destruction. Nous n'avons pas eu à intervenir dans des conflits majeurs. C'est aux vacances de Toussaint que Roland exprime sa satisfaction à l’idée de passer quelques jours chez sa grande mère. Il lui arrive fréquemment de parler de sa mère en de très bons termes et de nous amener à comprendre son attachement très fort. Toutefois avec le temps nous nous sommes aperçus que Roland vit souvent dans le mélodrame. dans une dynamique morbide.

Avec son regard d’enfant battu, il évoque parfois sa responsabilité dans le suicide de Mr X. Il y a tout un travail de déculpabilisation à poursuivre avec Rolandd. C’est dans la période des vacances de Noël qu’il va solliciter sa mère pour se rendre sur la tombe de Mr X. Cette démarche réactivera pendant un certain temps une intense douleur.

Quelques temps après il formulera clairement le désir de retrouver son père, qui semble-t-il .lui manque. C'est alors que l'assistante sociale contacte Mr Y et l' informe du placement de ses enfants au foyer

Roland et ses frères se rendent alternativement chez leur mère afin de créer des moments privilégiés aux vacances de Noël. En Février Roland rencontre la psychologue de l'établissement pour un bilan psychologique. Globalement les tests indiquent un QI. de 104 (cependant se référer a la note de la psychologue). Dans le groupe il arrive fréquemment que Roland s'isole dans sa chambre pour lire loin des autres enfants du groupe. C’est un enfant très brouillon. Il laisse traîner ses affaires partout et égare fréquemment des obiets personnels. Une des particularités de Roland est de se fermer à des moments où il existe dans sa famille beaucoup de fusion/confusion; et plus particulièrement avec sa mère. A son retour de week-end il dit que tout c'est très bien passé alors que nous apprenons par sa mère que le week-end a été le théâtre de disputes et de violences avec son frère Simon. En parlant de cette situation précise, Roland sollicite que1ques jours après ses référents pour leur exprimer son inquiétude "Quand Simon est seul chez moi, maman dit que ça va mieux. Il demande a1ors de rester au foyer un week-end sur deux puisqu'il se vit comme mauvais, créant le trouble dans sa famille. Sa culpabilité est une fois encore omniprésente et le déstabilise.

C'est à l'occasion des vacances de Pâques chez sa mère que Roland apprend que son père serait en prison par le fils de la concubine de Mr X. A son retour de vacances, Roland interroge les éducateurs, car il désire savoir la vérité. Il reçoit une lettre de son père qui ne fait aucune allusion à son incarcération. Roland remarque que son père lui donne une nouvelle adresse En effet l'adresse correspond à la Maison d'Arrêt de V Mme Z, assistante sociale, nous confirme l'incarcération de Mr X pour le motif de viol sur mineur. L'information officielle de l'incarcération du père sera donnée aux trois enfants par l'assistante sociale en présence des éducateurs L'aîné Richard révèle â cet instant avoir subi des sévices sexuels de la part de son père et désigne Roland comme ayant subi les mêmes violences. Le soir même, Roland me révèle qu'en 19.. son père l’aurait masturbé un soir alors que sa mère était sortie promener leur chien. Depuis cette révélation (extrêmement douloureuse pour Roland} il en a suivi une longue déposition â la gendarmerie de T puis un entretien avec un médecin. Il apparaît clairement que sa maman était au courant de ce qui s'était passé entre son ex-mari et leur fils car Roland a déclaré qu'il en avait parle dès le lendemain matin â sa mère, et pour éviter des histoires il ne fallait en parler â quiconque. Un secret bien lourd â porter.

Roland se rend régulièrement chaque semaine au C.M.P où il s'entretient avec Mr B.

Au plan scolaire Roland réalise en CM 1 une moyenne de 14,87. Son institutrice note qu’il peut être susceptible, au caractère changeant, parfois coléreux. Il passera sans problème en CM 2.

Relation avec la famille

Nous avons reçu en présence de ‘assistante sociale, Mme F, pour évaluer le déroulement des week-ends en famille et pour 1’informer des épisodes de la vie de ses fils dans l'institution. Tout en demandant de recevoir ses enfants toutes les fins de semaine, nous sommes arrivés en cette fin d'année scolaire à noter qU'il existe des problèmes relationnels entre Roland et son petit frère Charles (disputes, violence physique). Romuald fuyant le contexte en allant chez les copains dans son quartier. Mais, pour Mme F, il s' agit bien d'une certaine incapacité à contenir les pulsions de chacun de ses enfants. Précisons que les décisions de rentrer la mère et chaque fin de semaine a été prise à la demande de Roland, après les vacances de février. Mme F nous disant qu'il faut qU'ils apprennent à vivre ensemble, tous à la maison" . Si nous avons adhéré à ce juste propos~ il nous apparaît c1airement aujourd’hui que les capacités de Mme F à contenir la violence de ses enfants est fragi1e voire inéfficiente.

La violence non contenue de Roland dans ses épisodes malheureux avec son petit frère Charles nous conduit à penser que la mère présente~ n’arrive pas à contenir leurs pulsions destructives.

En conclusion Roland se présente dans un premier temps à son arrivée comme un enfant calme discret~ mettant en scène avec les adultes~ un personnage charmeur, séducteur, cachant en fait sa réelle personnalité. Cette personnalité très insécurisée s'exprime de façon archaïque chez sa mère. Celle-ci n'apporte pas de réponse et se trouve complètement débordée dans son rôle de mère. L/équilibre relationnel est précaire dans toute la famille et ne suscite pas chez nous d'engouement pour envisager un retour en famille. Tout au plus nous pensons à réaménager pour la prochaine rentrée scolaire~ des sorties de week-end en alternance pour les trois enfants. Il est impérieux que Roland poursuive de S. avec Mr B ses entretiens au CMP

Nous pourrons imaginer dès la prochaine rentrée scolaire de travailler dans 1a perspective de la recherche d’une famille d'accueil à l’horizon de l'année 19...

Rapport de synthèse n°2

Rapport à l'Histoire.

Depuis le mois de septembre Roland côtoie une nouvelle équipe éducative, il est resté dans un mutisme quasi-complet en ce qui concerne son histoire. Malgré tout, deux points importants sont à noter. Le premier est une demande faite à plusieurs reprises, celle de pouvoir rencontrer son père naturel à la Maison d'Arrêt de C. Roland correspond par courrier avec Monsieur L. Le second est l'idée quasi-permanente de sa culpabilité concernant le décès de son beau-père, Monsieur D.

Par Rapport à la Famille Roland passe un week-end sur trois chez sa mère. Les périodes de vacances sont partagées entre les trois frères. Entre ses différentes périodes, le jeune contacte sa mère à raison d'une fois tous les deux à trois jours. Ses discussions "tournent" sur la maman et ses demi-frères. Au début Janvier, Roland verbalise l'envie de ne plus aller en week-end. Après l'avoir questionné, il s'avère que Roland est bel et bien jaloux de son beau-père. D'ailleurs, Mme F évoque dès Novembre que l'ensemble de la fratrie ne reconnaît pas le rôle du concubin, se substituant à lui. Si il y a bien une jalousie naissante, Roland semble mal la vivre et celle-ci l'embarrasse. Très rapidement, le jeune revient sur son idée de ne plus aller chez sa mère, et émet alors que sa décision était une boutade. Dans cette dynamique mère/garçon, Roland est en relation symbiotique. Parallèlement à cela, la mère évoque qu'il est le plus sage - ce qui n'a pas toujours été le cas - et qu'il l'aide plus facilement que ses deux frères. En Février, suite à ses demandes de rencontrer son père, Roland semble un peu moins à l'aise avec Mme F. Celle-ci ne daigne pas répondre positivement à sa demande. A cette période, Roland semble s'intéresser aux filles du groupe et de sa classe. De la même façon, il évoque un jour où je lui demande d'entrer dans le bureau: "Ma mère est morte". Cette phrase qu'il a répété à deux reprises avec un sourire aux lèvres nous a fait penser que sa mère devenait peut être trop encombrante à son goût. Cette idée a vite été écartée lorsque la maman a accepté l'idée que son fils pouvait rencontrer son père, et Roland a remis Mme F comme "objet de convoitise". D'une manière générale, ce qu'exprime Roland en ce qui concerne la maman est toujours excessivement positif Il rentre heureux de ses week-ends. Ses demi-frères semblent avoir un énorme intérêt à ses yeux. Malgré cela, nous ne pouvons rester indifférent aux retours de week-end du jeune. Nous avons été stupéfaits de son retour pour son départ en camp en avril. Roland présentait une hygiène corporelle et vestimentaire plus que douteuse. Nos propos bien qu'inentendables dans un premier temps ont été ensuite reconnus puisque Roland fera des efforts tout au long du camp. Pour en revenir à sa demande de rencontre auprès de son père, il lui a été demandé d'écrire au Juge des enfants pour avoir une réponse. Cette démarche n'a toujours pas été effectuée. Par rapport à la Loi Roland nous a démontré avec le temps que la loi avait un rôle certain. Si il se trouve régulièrement dans des périodes d'instabilité où il présente des comportements de transgressions aux règles établies, il sait aussi prendre un certain recul pour analyser ses actes déviants. Lors de problématiques avec l'adulte - institutions - éducateurs - où il peut porter des coups, il recconnaît qu'il est dangereux; verbalisant que ses actes relèvent de ceux d'un fou. Parfois, il verbalise que ses pensées culpabilisantes du décès de son ex beau-père en sont la cause.

Il lui a été dit par l'équipe éducative que cette vision est réductrice, et que d'autres problèmes mal-être, situation quasiment statique - avaient leur importance dans ses actes déviants. Malgré cela, Roland semble reconnaître l'intérêt de systèmes réglementés. Par dessus tout, il tient à ce que les règles soient pour tout le monde pareilles. En ce qui concerne les sanctions, il reconnaît leur rôle et ne s'y oppose guère. Par contre, il est rebelle à la frustration. Enfin Roland a déjà présenté des actes de racket auprès de plus jeunes. Jusqu'à maintenant, ce jeune ne semble nullement se préoccuper de sa santé. TI ne se plaint jamais de maux qui pourraient nous sembler imaginaires. Si Roland ne suit aucun traitement de fond, il a déjà fallu appeler les pompiers afin de le calmer au cours d'une crise, suite à un conflit avec son frère. Les états de perte de stabilité psychique semblent lui donner des maux de crâne persistants. En ce qui concerne l'hygiène corporelle, elle reste douteuse. Si il reste longtemps dans la salle de bains, il donne régulièrement bien plus l'impression de s'y pomponner que de s'y laver correctement. On en arrive parfois à se demander de quoi se lave-t-il ? - en rapport aux relations incestueuses -. Son rapport à la nudité tend aux extrêmes, soit porté à la pudeur ou à l'exhibitionnisme. Sous certains côtés, il garde son côté enfant cherchant une protection de l'adulte. TI s'identifie à des personnages violents et protecteurs du monde - dessins animés - II peut être lui même protecteur de plus jeunes du groupe ou de son frère comme violent sauf sur ce dernier. Son rapport à ses demi-frère et soeur prend là aussi une forme de protection. Vers la fin du mois de Février, son suivi CMP prend fin à sa demande. Vers les dernières séances, Roland présentait de plus en plus de difficultés à s'y rendre. Ses retours étaient explosifs. La dernière rencontre s'est effectuée avec un éducateur. L'intervenant du CMP a évoqué que le suivi depuis quatre ans avait été difficile de par le peu d'entrain du jeune à se dévoiler. Lors des dernières séances, plus aucune information ne filtrait. A cette même période, Roland s’est rapproché des filles du groupe et n’a plus voulu s'identifier aux personnages de dessins animés. A ce moment là, Roland nous a semblé vouloir se "chercher". Nous pensons tout de même que ce jeune évolue en va et vient dans une totale incertitude de l'avenir. En ce qui concerne ses tenues vestimentaires, ce jeune en prend très peu de soin. Ce manque d'intérêt semble porter sur d'autres points tels que le rangement de sa chambre, les objets appartenant à d'autres jeunes ou à la collectivité. Face à sa désinvolture, l'équipe éducative doit régulièrement intervenir, et non sans mal. Dans sa chambre, il entasse régulièrement de nombreux objets auxquels il semble ne porter que fort peu d'intérêt. Il garde aussi un ensemble de vêtements trop petits, mais qui semblent « renvoyer » à son histoire. Pour ce qui est de son comportement alimentaire, nous avons dû être très vigilants. Tout d'abord, il a du mal à tenir à table. Ce temps lui semble encore méconnu. Il n'y prend aucun plaisir notoire sauf lorsqu'il peut se trouver au centre de discussions. Avec le recul, nous avons pu remarquer qu'il s'est accaparé pendant une longue période de gros morceaux de pain, qu'il mangeait avant le repas. Depuis que nous sommes intervenus à ce niveau, il semble se poser beaucoup plus et n'évite plus les repas à table. Malgré tout, il ne présente pas un gros appétit sauf lors du goûter. En ce qui concerne son approche de la sexualité, Roland doit être repris régulièrement sur son langage. Dans sa gestuelle, il présente des comportements parfois provocants. Son approche est souvent douteuse. Si au début d'année, nous avons été vigilants sur une relation avec un jeune du groupe, notre interrogation n'a pas eu de suite. Malgré tout, il y a un besoin d'être attentif suite au passif A ce jour, Roland ne semble pas indifférent aux jeunes filles, ce qui n'était pas encore le cas en début d'année. Enfin, pour ce qui est du sommeil, il est respectueux des phases de sommeil. Il lui arrive régulièrement de s'extraire du groupe afin de lire dans son lit. Il prend un certain plaisir à s'isoler, à préparer tranquillement sa nuit à l'écart de tout. Le réveil est souvent difficile et nos interventions doivent se répéter afin qu'il se lève. il peut aussi rêvasser tranquillement au lit. Aucun problème de somnolence est à noter en journée.

Rapports interpersonnels

1) Avec les jeunes: Roland est un jeune qui se "déplace" dans le groupe. Il est parfois omniprésent ou inversement. Il ne se place pas en tant que leader mais il peut être au centre du groupe - qu'il connaît depuis un an et demi - sans aucune difficulté. Il est généralement assez dynamique et joueur. Son contact à l'autre est facile, il est tout de même plus proche des jeunes de son âge que des plus petits. Si il a une relation privilégiée avec le plus grand du groupe, il peut "évoluer" aussi auprès de plus jeunes. Dans son rapport à l'autre, il est parfois protecteur mais il peut être agresseur. Malgré tout, les rapports avec les plus grands changent guère, il présente des comportements de suiveur tout en sachant qu'il peut s'en détacher sans grande difficulté. Tout comme dans son rapport à l'autre, son mode d'entrée en relation est différent selon les rencontres. Mais d'une manière générale, il existe une relation établie sur des reconnaissances mutuelles entre les autres et lui. Pour ce qui est des relations de conflit avec les jeunes, Roland semble dominer son sujet. Il ne crée pas un conflit avec des jeunes plus forts que lui, ou lorsque ça se présente, c'est en présence de l'adulte. Par contre, le conflit - dans le verbal- peut s'adresser au plus grand comme au plus petit. Globalement, Roland entre en conflit physique avec des jeunes de sa force. Les raisons de ces conflits relèvent principalement d'insultes émises envers sa mère. Dans le conflit, Roland semble entrer dans un plaisir de détruire ou d'être détruit, mais aussi dans un jeu sadomasochiste. A plusieurs reprises, lorsque nous sommes intervenus pour arrêter un conflit, Roland présentait des micro signaux non-verbaux - tels rictus et mimiques - venant en décalage avec les actes violents qu'il posait ou qu'il recevait. D'un autre côté, si la vie en collectivité ne permet pas toujours aux jeunes de pouvoir prendre le recul nécessaire face à l'autre, et bien que Roland soit conscient de cela, il n'a pas encore la capacité à s'extraire du groupe lorsque ses tentions s'élèvent. C'est en partie pour cette raison, que de nombreux conflits n'ont pu être évités à son niveau. Toutefois, ce pré-adolescent semble mieux vivre sur te groupe depuis quelques mois. En ce qui concerne son rapport à la domination, rien d'observable n'est à noter. En fait, au sein du groupe, Roland reste avant tout un joueur. Il parait intéressé à un quelconque pouvoir sur le groupe. Par contre, il lui arrive parfois de se mettre en valeur, et là encore, cela passe par le Jeu. ne se confie rarement à d'autres éléments du groupe, il lui arrive malgré tout à parler de son frère ou de sa mère, et cela d'une manière fort positive. Au sein de sa chambre, de nombreux objets sont visibles. Sous une certaine forme, ceux-ci sont protecteurs. Ce qui reste étonnant chez Roland est son caractère. Il a une force qu'aucun autre jeune a sur le groupe. Malheureusement, il perd cet avantage en ne daignant pas s'adapter au contexte environnant. Pourtant, il a une intelligence vive lui permettant d'anticiper sur son quotidien, en vain puisqu'il ne désire pas se "fouler" outre mesure.

Avec l'adulte Le dialogue avec Roland est relativement facile. Il est moins facile lorsque nous abordons des sujets un peu pointus. En ce qui concerne sa famille, les mots sont toujours positifs. Lorsque nous recadrons sur une certaine réalité existante, Roland devient un récepteur attentif qui n'émet plus aucune parole. Pour les points qui le préoccupent, ce jeune reste fort réservé et évasif Lorsqu'il lui arrive par erreur de donner une information pouvant compromettre sa famille, Roland se rétracte rapidement. Le contact est lui aussi facile. La spontanéité du jeune demande parlais à être freinée -principalement au niveau du langage- Dans son quotidien avec l'équipe éducative, Roland parait confiant. Il présente aussi d'autres visages tels que ceux de séducteur et chahuteur. Lorsqu'il traverse une période d'insécurité, Roland présente des comportement d'opposition dure. Cette attitude s'est principalement présentée entre décembre et janvier. Cette période d'instabilité a créé de nombreux heurts avec le personnel éducatif. Dans ces moments,

Roland ne semble plus capable d'entendre quoi que ce soit. C’est toute l’ambivalence de Roland dans ses périodes d'instabilité, -il est extrême dans ses ressentis et ses attitudes et il peut devenir buté et insolent. Face aux attitudes éducatives, il peut être sensible à la douceur comme à la fermeté. Dans le premier cas de figure, il peut fonctionner en miroir mais en général, le jeu reste son mode de réaction. En revanche, face à la fermeté, il a longuement fonctionné dans l'opposition passive ou active mais à l’heure actuelle, si il fonctionne par période en louvoyant, ses attitudes sont bien moins réactionnelles. De plus, Roland commence à mieux écouter l'adulte; ce qui minimise ses réactions opposantes. Malheureusement, la note d'incident en référence à la journée du 31 Mai dévoile un tout autre profil Le fait de pointer un poignard face à une éducatrice pose dans un premier temps le problème de sa capacité d'emmagasiner un ensemble de repères, dans un second temps l’irresponsabilité de Roland au travers d'actes et, dans quel mal-être se trouve actuellement ce jeune. En ce qui concerne la frustration, Roland la vit mal ; bien plus que la sanction qu'il accepte normalement sans trop de difficultés. Lorsque l'éducateur le responsabilise, il prend son rôle au sérieux en respectant les consignes données. Pourtant, un risque pose, celui où Roland peut défendre les demandes de l'éducateur en usant de sa force. Pour ce qui est de se valoriser, Roland passe encore par le jeu. il ne semble pas être capable de mettre en valeur les actes positifs qui lui arrive de poser.

La Scolarité.

Roland termine son cycle en école primaire à T.. il a déjà vécu un redoublement. L’année a été difficile. Le constat de fin d'année démontre que si ce jeune est d'intelligence normale, il fournit un travail plus que moyen. Dans son quotidien, Roland présente une inadaptation au milieu scolaire avec de gros troubles du comportement. Il a présenté de nombreux comportements violents envers le personnel enseignant. Si le jeune passe en 6ème générale, les instituteurs sont très inquiets pour l'année prochaine. Pour cette raison, l'orientation s'effectuera dans un collège hors de T.. Les risques de contact avec un environnement de copains et de son frère sont à éviter à tout prix.

Il est inscrit au club de football de T. Il a fallu une vigilance de l'équipe éducative pour qu'il se tienne à cette activité. En ce qui concerne les secteurs du type tertiaire, Roland est autonome et ses comportements restent adaptés aux contextes. Pour ce qui touche à la communication, Roland écrit et téléphone facilement à sa famille.

Comportements dans les activités. les activités manuelles: Roland sait s'isoler du groupe afin de pratiquer le dessin, le coloriage et la construction d'objets. Il investit sa chambre en la décorant régulièrement. Bien qu'il évolue dans une chambre souvent dérangée, il est méticuleux dans ses différents travaux. Au sein du groupe, il lui arrive souvent d'être entraîné par d'autres jeunes afin de s'inscrire dans des jeux ou des constructions diverses. b) les loisirs: la télévision reste son passe-temps favori. Il s'inscrit facilement dans les jeux vidéos, les jeux de société mais aussi la lecture ou le bricolage. c) les services collectifs: l’équipe éducative se doit de l'accompagner afin qu'il assure les services dans leur totalité. Malgré cela, il ne s'oppose pas au principe institutionnel si tout le groupe est au même niveau. Il tient à cette équité entre les jeunes sur l’ensemble des fonctionnements.

Rapport au placement

Cela fait maintenant prés de deux ans que Roland est au foyer. Il connaît tous les recoins de l'institution où il évolue avec une grande facilité. Son espace privilégié reste sa chambre (individuelle). Comme pour beaucoup d'autres jeunes, Roland a ce besoin en lieu inconnu, de faire le "tour du propriétaire" pour trouver ses repères et son équilibre. Tout comme dans les lieux qu'il côtoie régulièrement, les éducateurs doivent être vigilants sur le foutoir qu'il engendre. Mais d'une manière générale, Roland a régulièrement un besoin de s'entourer d'objets mal rangés et qui semblent inutiles pour se rassurer. IX - Rapport au temps Roland connaît les rythmes institutionnels. Il lui arrive de dépasser les repères-temps qui lui sont appropriés. Ses raisons sont douteuses - doutes sur les heures données, à oublier l'heure, se trompe d'heure - mais ses retards ne dépassent pas la 1/2 heure. II lui est difficile de se projeter dans un quelconque avenir professionnel en raison d'un passé et d'un présent lourd à porter. Au niveau vestimentaire, bien que débrayé, Roland porte des vêtements adéquats selon les Saisons.

Rapport à l'argent

D'une manière générale, Roland dépense facilement son argent de poche. Malgré cela, il peut patienter sans argent. TI lui arrive même de faire des économies pour des achats précis. Il semble ne porter que très peu d'intérêt à la valeur des objets. Il ne cherche pas à travailler afin de se faire plus d'argent de poche.

Expressions affectives.

Humeur : Roland se présente sous la forme d'une humeur égale; il est souvent joueur, rieur ainsi que provocateur au travers des jeux. Si ses comportements se "posent" comme positifs, ils cachent un mal-être profond qui est observable par le biais de pulsions qu'il contrôle avec d'énormes difficultés. Ces pulsions passent par des ressentis et des comportements extrêmes tels que des envies de mort, une violence orientée vers lui ou l'autre et de brefs passages dépressifs. Ces pulsions sont semble-t -il imprévisibles par Roland et par son milieu environnant. Instabilité. Il est précieux que le contexte où ce jeune évolue soit stable. Des repères fixes" tels que sa chambre, son groupe avec ses règles ou les limites à l'espace et au temps sont rassurants. Cela est d'autant plus important que le psychisme de Roland est fortement perturbé. Il traverse des périodes d'instabilité de courte durée où il a du mal à se contrôler. Dans ces moments de "crise", il y a toujours eu la présence de l'éducateur. Si ce dernier n’est pas toujours au centre de la tension, il est prêt à intervenir dans des délais rapides. De plus, nous pouvons constater que l'adulte devient dans un temps plus ou moins rapide l'unique récepteur de sa tension interne ou de ses comportements verbaux ou non-verbaux. Cela s'est aussi présenté à plusieurs reprises à l'école. Généralement, Roland attire l'attention consciemment ou inconsciemment dans ses états d'excitabilité. Dans l'instant, il n'arrive pas à se calmer, il faut un certain laps de temps avant qu'il ne puisse s'apaiser. Cet apaisement lui permet alors de réfléchir sur les actes posés. Il va alors prendre conscience des risques encourus. L'incident du 31 Mai a aussi dévoilé qu'il vit fort mal sa prise de conscience et le fait que les adultes renforcent son propre constat avec en plus un rapport à la loi.

Conclusion

Roland est un jeune intelligent. Il a de réelles capacités d'analyse. Malheureusement, son histoire et son présent le dépassent et l'handicapent énormément. D'ailleurs, il a verbalisé en fin mai qu'il était trop jeune pour "porter" ce passif. Dans la continuité de sa réflexion, Roland a évoqué sa difficulté à gérer sa violence. Après chaque acte violent, Roland culpabilise, se sent bête voire fou. Selon lui, il ne fait que reproduire des attitudes connues et l'équipe pense qu'il n’a pas connaissance de réponses plus adaptées. De plus, les éducateurs supposent qu'il demande indirectement à être aidé. Malgré cette difficulté, Roland a montré une capacité à s’inscrire dans un groupe et à poser un ensemble d'actes positifs selon les périodes. Pour son orientation scolaire, nous optons de plus en plus pour un collège autre que celui de son fière. En ce qui concerne le projet pour l'année prochaine, le retour en famille n'est pas envisagé. Pour l'équilibre de la fratrie, les trois fières seront une nouvelle fois dans des groupes différents. D'un point de vue individuel, un premier projet a été pensé lorsque Roland a fait la demande d'une famille d'accueil. Si il s'est avéré avec le temps qu'il n'était plus demandeur, L’assistante sociale nous a informé qu'il en avait parlé à son ancienne famille d'accueil alors qu'il passait un week-end chez sa mère. Il est probable que Roland n’ose pas ou plus évoquer ses envies, à moins qu'il"nactionne de tels comportements ou dires pour faire réagir l'adulte ou peut-être encore, qu'il ne peut penser à un projet hormis celui d'un retour chez la maman.

A ce jour, trois idées d'orientations distinctes sont envisagées. La première prend le problème de violence comme un axe prioritaire de travail. Pour cela, l'idée du maintien du jeune au moins auprès d'une partie de l'équipe de cette année serait pertinent. Ceci permettrait d'assurer un suivi thérapeutique sur l'ici et maintenant - à l'inverse du travail de fond mené par l'éducateur spécialisé en CNIP - et un suivi quasiment quotidien d'une partie de l'équipe qui l'a observé en 19... Cette deuxième approche aurait pour but d'intervenir sur les comportements et le mal-être du jeune. Le second projet est une orientation vers une des maisons de C.. Le choix pourrait donner à Roland, une possibilité de créer une nouvelle image. Les inconvénients sont à prendre dans un système circulaire. Primo, le jeune avec un tel bagage comportemental". Le nouvel environnement l’oblige à travailler sur son adaptation au milieu, ce qui peut l'empêcher d'investir d'autres axes de travail. Secundo, l'équipe éducative doit se prendre un temps d'observation avant de pouvoir envisager un suivi quotidien sur un problème tel que la violence! Tertio, Roland peut une nouvelle fois renforcer ses attitudes à risque sur le temps où l'équipe travaille sur l'observation. Le troisième projet aurait comme support un lieu de vie. Ce contexte où le travail s'effectue d'une manière beaucoup plus individualisée et dans un projet à plus long terme permettrait probablement à ce jeune de se poser. Une intervention en profondeur pourrait même être entreprise. A l'heure actuelle, il n'existe toujours pas de structure de ce type en Haute-Savoie. Mais à X, un lieu de vie intéressant a été visité par l'équipe.

Dans tous les cas de figure, il semble dès aujourd'hui important de mener une intervention auprès de ce garçon pour éviter que la violence n'évolue vers d'autres horizons.

Rapport de synthèse n°3

RAPPORT A L'HISTOIRE

Depuis la rentrée de Septembre 1996, Roland a poursuivi la correspondance écrite avec son père (depuis 19..). La fréquence de leur courrier s'est même rapprochée dès le mois de Janvier 1997. Mr L. lui a aussi fait parvenir une somme de 300 Francs. Certains de ses courriers ont marqué psychologiquement le jeune - ratage de repas, fermeture sur lui même - mais il n'en a jamais fait part à l'équipe éducative. A l'inverse de l'année dernière, le pré-adolescent n'a pas fait de demande afin de rencontrer son père à la Maison d'arrêt. C'est dans des états de mal-être que Roland parle de son père; ce dernier est perçu comme quelqu'un de négatif. Le 17 Avril, Roland est informé par notre chef de service qu'un courrier du T.G.! de C. lui demande d'être témoin au procès de son père qui a lieu le 22 Mai. Le jeune signe sa citation à comparaître le lendemain.

Au début du mois de mai a lieu un entretien téléphonique entre la maman et l'équipe éducative. Selon Mme F., son fils veut être présent au procès - Il l’avait clairement évoqué au chef de service - afin d'aborder et d'être entendu au sujet de la violence subie à son égard. Il est vrai que la plainte déposée par la maman en 19.. n'a pas eu de suite en raison d'une prescription. En tout état de cause, le choix du jeune à se rendre au procès pourra peut-être l'aider à mieux comprendre certains faits de son histoire.

RAPPORT A LA FAMILLE

A) Roland et Mme F: la fréquence des visites chez la maman est la même que n'année précédente. Avec le recul, il semble vraisemblable qu'une nouvelle dynamique s'installe dans le milieu naturel. Comme dans beaucoup d'événements passés, Roland parait en être le déclencheur tout en sachant que dès le mois de septembre, Mme F. avait présenté une attitude bien plus énergique que dans le passé. Pour en revenir à Roland, nous (l'équipe et la maman) avons eu à nous interroger sur certains de ses comportements. Le premier date du mois de décembre et s'est déroulé au sein de l'institution. Le pré-adolescent a été pris en possession de nombreuses cartes pornographiques représentant des hommes nus. Dès la mi-décembre, ce problème a été soulevé avec le jeune, la psychologue qui le suit au CMP, la maman et un membre de l'équipe. A partir de cette date, il semble qu'un nouveau type de communication va naître entre la maman et son fils. Il va reposer sur un « terrain» touchant aux tabous tels que les ressentis et la violence. Malgré cela, un nouvel événement entre Mme F. et Roland va engendrer de nouveaux questionnements. Concrètement, le jeune s'en prend presque physiquement à sa mère en date du 1er Janvier (cf note d'incident du ..). Dès lors et pendant près d'un mois, Roland est fortement perturbé - les repas se déroulent difficilement, le jeune s'en prend au matériel de l'établissement, ses états d'instabilité sont quasi quotidien. Ses nombreux comportements déviants nous ont amené à nous entretenir avec lui régulièrement. Lors de l'un d'entre eux, Roland évoque qu'il a une famille de fous, que son père n'est qu'un« pédé» et qu'il ne veut plus entendre parler d'eux. Après être sorti du bureau et avoir longuement pleuré sur son lit, il reviendra rencontrer l'équipe afin de revenir sur les dires concernant ses week-ends chez sa mère. La fragilité psychique de Roland est resté sensiblement identique jusqu'à sa deuxième sortie chez la maman pour l'année ... A son retour de week-end, Roland nous est apparu apaisé et nous avons pu observer une amélioration des comportements. En fait, ce temps de rencontre entre la mère et son fils leur aurait permis d'aborder l'incident du 1er Janvier, et de la violence dans une certaine globalité. Dès lors; nous avons eu des contacts téléphoniques beaucoup plus réguliers et plus consistants concernant les week-ends du jeune.

Le fait que la maman et son fils soient amenés à témoigner au procès de Mer L. doit les inciter à parler beaucoup plus profondément d'un passé lourd en événements. Cet état de fait semble entraîner Roland dans cette même dynamique de communication. A ce jour, nous pouvons apprécier l'énergie - même si elle reste fragile - de la maman et de ses enfants; énergie que nous pensions encore irréalisable il y a quelques mois.

B) Roland et Richard : Dans une certaine continuité du projet, les frères vivent sur des groupes différents. Hormis les problèmes rencontrés le 1er Janvier, les jeunes ont des relations au sein de l'institution sans gros problèmes. Ils se rencontrent régulièrement et sont assez proches. Depuis l'annonce de leur citation à comparaître au procès de leur père, on a pu observer que leur relation de frères s'est même renforcée. Si on ne connaît pas le contenu de leurs entretiens, l'entente nous semble bien meilleure.

C) Roland et Cyril Entre les mois de septembre à décembre Roland a rendu visite à Cyril à deux reprises. Ces rencontres se seraient plus ou moins bien déroulées. Depuis, plus aucun rendez-vous n'a été pris mais Roland a maintenu des contacts par téléphone. Lors du premier trimestre, l'équipe de l’établissement X nous a informé que le pré-adolescent avait profité de ces appels pour faire peur à son frère. L'incident a été repris et plus aucun problème n'a ensuite été soulevé.

Dl Le jeune est très proche de son demi-frère et sa demi-soeur. Si il prend soin de prendre des nouvelles d'eux lorsqu'il appelle sa mère, il semble s'en occuper lors de ses périodes de week-end.

IV - RAPPORT A LA LOI

En septembre 19.., Roland intègre un nouveau groupe et une équipe plus ou moins inconnue à 80 %. Il lui faut près de cinq mois pour s'adapter plus ou moins correctement aux nouvelles règles. A ce jour, si sa vie sur le groupe est rassurante et équilibrante, de nombreuses sautes d'humeur ont pu être observées. Lors de ces moments d'instabilité, Roland s'est opposé au cadre posé reprochant à qui voulait l'entendre qu'il n'avait rien à faire en institution. Face à l'interdit, ce jeune a longtemps évolué selon ses états psychiques. Si nous avons constaté une amélioration notoire des attitudes depuis son arrivée sur le groupe, Roland sait se situer d'une manière générale sur la limite à ne pas dépasser - ce qui nécessite des remises à niveau dans l'instant -. Pour les problèmes plus importants, il peut se rapprocher de l'éducateur avec un discours adapté tel que « je suis comme ça parce que je n'arrive pas à me contrôler» ou« mes actes ne sont que des reflets de mon passé». Si l'équipe peut entendre sans accepter l'acte déviant, îl lui arrive de se questionner aussi sur la capacité du jeune à manipuler son monde.

Enfin, Roland peut montrer une réelle capacité d'adaptation aux règles extérieures mais là, nous percevons que le jeune a besoin de renforçateurs pour tendre vers un mieux. Le verdict du procès du père peut en être un en vue d'une meilleure adaptation aux lois sociales.

RAPPORT AU CORPS

A l'inverse de l'année passée, l'hygiène corporelle est plus soignée. Ce nouvel état émane bien plus de l'équipe qui veille que d'une prise de conscience du jeune. En fait, cela lui semble être encore bien secondaire. Par contre, la propreté vestimentaire s'oriente vers un mieux. Malheureusement, il reste fort peu respectueux des vêtements. Là encore, nous constatons une amélioration depuis quelques semaines mais avec une double vigilance des éducateurs. Pour l'équilibre alimentaire, il y a là aussi une amélioration mais des excès sont parfois observés. Pour un meilleur équilibre psychique, un suivi psychologique a été mis en place vers la mi-novembre à la demande du Juge. Si il est correctement suivi, il semble que le jeune n'y soit que peu acteur. Là encore, le procès du père parait être un élément déclencheur d'évolution dans le travail thérapeutique.

RAPPORT INTERPERSONNEL

A) Avec les jeunes Il est parmi ceux qui sont peu présents sur le groupe. En période scolaire, il part à 7h15 pour rentrer le soir vers 18h30. Jusqu'à la fin 1996, Roland g' est présenté en tant que leader et/ou suiveur négatif Il a régulièrement essayé d'entraîner d'autres jeunes dans ses revendications - oppositions régulières contre les règles établies par l'équipe éducative - mais en vain. Par la suite, Roland s'est progressivement posé au sein du groupe. Il reste fort proche des jeunes de son âge ou des plus âgés. il est joueur et il aime taquiner son entourage. Ses meilleurs rapports se font avec les garçons. Bien que quasi-inexistant à l'heure actuelle, les conflits qu'il a eu avec les éléments du groupe ont plus été de types verbaux que physiques. Ils reviennent pour des affaires bénignes et visent plus facilement les filles ou des garçons moins âgés que lui. Si dans le passé, nous observions un certain plaisir « sadomasochiste» par le biais de conflits physiques, cela semble aujourd'hui beaucoup moins pervers. A l'inverse de l'année dernière, Roland est peu protecteur des plus petits (il y en a peu sur le groupe). A l'heure où l'équilibre du groupe est bien stabilisé, les relations qu'il entretient avec l'autre semble reposer sur une reconnaissance mutuelle.

En ce qui concerne le respect, Roland y est peu attentif Partageant sa chambre avec un autre pré-adolescent, l'équipe a dû redoubler sa surveillance pour qu'il n'empiète pas sur le territoire dans sa totalité. Longtemps «je m'en foutiste» de ses affaires et de l'autre dans sa globalité, il commence à faire des efforts pour cohabiter avec son compagnon de chambre. Enfin, de par sa force de caractère et une intelligence vive, Roland reste un jeune qui sort du « lot». Malheureusement, ses tensions internes lui empêchent de mettre à profit de telles valeurs.

Avec l'éducateur Depuis longtemps, le pré-adolescent est partagé entre l'amour et la haine de l'adulte. Si ces différents ressentis lui rendent la tâche difficile, la difficulté est bien plus grande lorsqu'il y a convergence de ces deux ressentis pour une même personne. L'un des exemples le plus marquant est sûrement celui de son père. Parallèlement, la notion de confiance a son importance. Pour lui, la confiance envers l'adulte s'est envolée par les événements passés. Par conséquent, Roland a de grosses difficultés à entretenir une relation facile avec l'adulte. En raison de son doute, Roland a des tendances à tester son environnement proche - jouant sur la cohésion et la solidité des équipes et des individus -. Au travers cette approche, Roland semble commencer à apprécier et à avoir confiance envers certains hommes et certaines femmes.

Parallèlement à cela, Roland a progressivement trouvé son propre équilibre en vivant à côté de l'éducateur, Pour cette raison, nous pouvons de plus en plus constater que le jeune maîtrise de mieux en mieux son rapport à l'autre. Malgré cela, Roland ne peut reconnaître l'intérêt du placement; l'éducateur reste un adversaire qui le répare de son milieu naturel. Pourtant, son approche auprès de l'éducateur évolue positivement. D'un statut d'adversaire, l'image de l'éducateur semble être à ce jour perçue comme celle d'un élément neutre, voire partenaire. Cette nouvelle image serait récente et serait la résultante du travail d'accompagnement fait par l'équipe éducative et par le chef de service en ce qui concerne l'avant et le pendant du procès du père. Si notre perception est bonne, nous pouvons espérer intervenir auprès du jeune d'une façon beaucoup plus constructive que dans le passé. Au niveau comportemental, Roland a fonctionné en dents de scie pendant près de sept mois. Deux signalements ont même été envoyés au Juge suite à plusieurs conflits répétés avec des jeunes ou des éducateurs. Avec les travailleurs sociaux, Roland a posé des comportements inacceptables _ mensonges, vols, coups et casse de mobiliers institutionnels -. Dans ces interactions, on peut penser que le pré-adolescent a testé la fiabilité de l'adulte et du système environnemental comme il pouvait déjà le faire l'année passée. Après cette première approche, Roland s'est progressivement détourné de l'adulte pour s'en prendre beaucoup plus au matériel. Avec le soutien de l'équipe, il a commencé à parler de détresse, de perte de contrôle et par mots cachés, d'un besoin d'aide face à son malaise. C'est à cette période que Roland a été audiencé et où le Juge lui a donné de nouvelles alternatives pour freiner, voire stopper certaines de ses attitudes pulsionnelles. Depuis l'audience, Roland n'a plus posé d'actes déviants envers lui-même ou envers son entourage. En conséquence, nous pouvons espérer que dans cette relation adulte/jeune une poursuite vers un mieux se concrétise et que le filet de protection fait pas les différents intervenants permette un meilleur travail en partenariat avec le jeune et sa mère.

-RAPPORTS SOCIAUX

Al La scolarité: à la rentrée Roland a commencé une 6ème en école privée sur C.. Nous avons pu constater de bien meilleurs comportements en comparaison à l'année précédente. Il évolue dans une classe où les jeunes ne posent pas de problèmes outre mesure. Dans cet environnement, Roland semble y trouver une sérénité jusque là inconnue. Quant aux résultats, ils restent faibles. Des problèmes d'investissement, de mémorisation et de concentration sont notables. Au vu de ses résultats, les professeurs demandent le redoublement en raison du potentiel du jeune.

Bl Autres: le pré-adolescent n'a pas pratiqué d'activités au cours de l'année. En ce qui concerne les secteurs tertiaires, Roland ne présente pas de difficulté pour les investir. En ce qui concerne la communication, le jeune utilise le courrier et le téléphone sans difficulté.

-RAPPORT A L'ESPACE

En comparaison à l'année dernière, Roland montre un désinvestissement du lieu de placement qu'il n'avait pas.. Il verbalise encore beaucoup le fait que c'est chez sa mère qu'il se trouve chez luiSi on ouvre son armoire, très peu de vêtements s'y trouve; tout serait chez lui. Il y. aurait aussi un ensemble d'objets ne lui appartenant pas qui se trouveraient chez lui. Si comme l'année dernière, il verbalise son mal être à être placé, il concrétise beaucoup plus matériellement cet état depuis le début de l'année.

RAPPORT AU TEMPS

Une nette amélioration est à noter depuis le début d'année sur le respect des temps qui lui sont donnés. Aucune projection sur un avenir professionnel n'a été verbalisé par ce jeune; il y a encore beaucoup de travail avant qu'il puisse se recentrer sur lui-même pour envisager ce type de démarche.

Au niveau vestimentaire, Roland est bien moins« débraillé» que l'année dernière et ses vêtements sont plus en adéquation avec les saisons.

RAPPORT A L'ARGENT

L'effet du groupe a certainement une incidence sur le rapport du jeune avec l'argent. Il ne le dépense pas de façon inconsidérée et il sait même faire des économies à certains moments.

EXPRESSIONS AFFECTIVES

A) Humeur : Roland passe par des phases moyennement longues (4 à 5 mois). Ces périodes varient selon ses états internes. Cette année, il a tout d'abord présenté des attitudes d'instabilité. Les jeux qu'il a mis en place avec les jeunes ou les éducateurs ont semblé renforcer des états de malaise. Ensuite, Roland a présenté un profil beaucoup plus agréable; on a pu percevoir une certaine satisfaction dans le contact avec autrui. Son côté espiègle est même réapparu. Enfin, il présente une humeur stabilisée dans le positif; l'accompagnement éducatif serait semble-t-il beaucoup moins pesant pour lui.

B) Instabilité: Comme nous avons pu le signaler l'année dernière, Roland a besoin d'un cadre stable avec des règles et des limites repérantes. Evidemment, il ne peut l'accepter et met tout en place pour prouver le contraire. Cette année, ce cadre a été clair et il a mis quatre mois pour s'y sentir bien. A ce jour, il n'éprouve plus le besoin d'extérioriser son instabilité et les comportements s'en trouvent plus positifs. Malgré tout, nous constatons que cette amélioration comportementale puise dans ses ressources d'auto-contrôle et qu'un travail de fond (thérapie) doit être poursuivi.

CONCLUSION

Dans une certaine continuité, Roland a présenté des comportements et un discours jusqu'au mois de décembre comme ceux de l'année précédente. En 19.., il s'est plus «recentré» sur lui-même et sur sa famille. Le groupe semble avoir eu peu d'influence sur son quotidien comportemental. En réalité, il pourrait y avoir pris un ensemble de bénéfices de façon implicite, sécurité, stabilité, adéquation au milieu ou calme environnant. Parallèlement à cela, le nouvelle scolarité sur C. l'a certainement aidé à prendre du recul face à l'institution et à ses problèmes comportementaux scolaires. Dans l'ensemble, si Roland nous a montré une image moins perturbée qu'en 19.., nous restons inquiets pour son état psychique en raison d'un autocontrôle régulier de ses pulsions. De la même manière, si les derniers événements (procès à C.) ont toutes les chances d'être constructifs à moyen ou long terme pour Roland, on peut craindre à un effet «boomerang» pouvant être déstructurant par période. D'un autre côté, l'évolution de la situation familiale, la construction d'une communication moins superficielle au sein du milieu naturel et la vision plus positive de l'intervention éducative peuvent nous permettre d'espérer en un travail plus constructif avec ce futur adolescent. Malgré cela, tout est encore bien fragile. Il semble évident que la maman a besoin d'une aide éducative pour appréhender au mieux l'avenir.

A ce jour, si nous avons à évoluer au coup par coup avec Roland afin de le guider au mieux, nous ne pouvons que constater son désinvestissement au sein de l'institution qui dévoile son désir d'un retour plus ou moins lointain au sein du milieu naturel. Pour cette raison, il nous semble important de renforcer progressivement les liens familiaux par le biais d'une convergence répondant à des demandes émanant des différents éléments du groupe. Ce type d'intervention présenté à Roland sous la forme d'un projet devrait lui permettre de donner un peu plus de sens à une construction personnelle.

Rapport de synthèse n°4

RAPPORT A L'HISTOIRE

Dès le mois de Novembre, Madame F. nous téléphone pour nous informer de l'ambiguïté de Roland par rapport à son père. Concrètement, si il reconnaît la violence de Monsieur L., il continue de lui écrire, il se réfère à lui, il trouve injuste la sanction du Tribunal de C.. De plus, la maman observe des changements de comportement lorsque son fils lui parle de son père. Enfin, :Madame F. a eu l'occasion de lire les courriers envoyés par le père. Ceux-ci ont semblé manipulateurs. Pour ces raisons, 1Yfadame F. a demandé à l'équipe de lire les courriers du père. L'équipe a très rapidement observé que Monsieur L. faisait un jeu de séduction et de chantage auprès de Roland et de ses frères. Depuis la fin du mois de Janvier, Roland ne reçoit plus de courrier de son père et l'adolescent ne semble plus lui écrire. Quelques temps auparavant, Monsieur L. fait une demande pour rencontrer ses enfants. Cette demande lui est refusée quelques temps plus tard. A cette même période, Roland fait des révélations à sa mère comme quoi Monsieur L. a abusé de lui dans le passé. Suite à notre dernière rencontre avec l'assistante sociale, Roland et la maman, cette dernière va porter plainte contre le père.

RAPPORT A LA FAMILLE

A) Roland et sa maman : en raison de nombreux problèmes - tension du jeune avec son frère, doute sur des comportements « sexués de Roland Roland se rend un week-end sur deux chez sa mère lorsque son jeune frère est en établissement. Depuis la rentrée de Septembre, Madame F. est globalement satisfaite des relations qu'elle entretient avec son fils. Jusqu'aux révélations faites par Roland, le jeune a communiqué longuement avec sa maman sur les problèmes du passé. Depuis, les discussions ont disparu. Madame F. en est déçue. Elle perçoit les tensions de son fils mais ne sait plus trop comment les aborder. En début Mai, elle parle d'angoisse face aux risques de violence de Roland. L'équipe éducative a cette même appréhension - aux vues des derniers incidents - et redoute surtout une montée de violence de Roland dans les différents secteurs où évolue le jeune, et principalement dans ceux qui ne sont pas réellement protégés - famille, école et dans les rues -. Si la maman ne l'a pas explicité, Roland ne semble plus faire d'efforts, il fait ce qu'il veut avec ou sans autorisation de la maman. D'ailleurs celle-ci se plaint qu'il ne l'aide plus. A l'inverse, il sait être gentil à d'autres moments - visant ainsi des bénéfices secondaires. Finalement, si Roland rentre satisfait de ces week-ends et relativement détendu, la maman perçoit que son fils est régulièrement sous-tension et que cet état l'inquiète pour l'avenir.

Avec ses frères: Après le procès de Carcassonne, les deux fières ont semblé proches. Ayant vécu ce moment fort d'une manière commune, une complicité - perçue comme positive - est« née ». Il est vrai que les jeunes se sont soutenus et on a perçu qu'il existait une relation de frère à frère. Par la suite et en raison du projet de retour de Richard chez sa maman, Roland a semblé prendre de nouveau du recul par rapport à Richard. Si il y a une discontinuité dans leur relation, il. nous apparaît de plus en plus évident que les deux frères savent se retrouver lors des moments difficiles.

Avec son petit frère: Les deux frères ne se rencontrent plus sur les temps de week-ends - sauf lors d'anniversaires ou lors de très courtes périodes en vacances -. Ce choix provient de tensions constatées entre eux et des présomptions envers Roland. A l'inverse de l'année dernière, Roland comme son frère n'ont pas fait de demandes pour se rencontrer au sein des institutions.

D) L'adolescent ne semble plus très attentif auprès des plus petits. La maman a informé dernièrement que son fils est resté avec eux alors qu'elle devait trouver un terrain de stage pour Richard. A son retour, Roland ne s'était pas occupé des petits et la maison était dérangée.

RAPPORT A LA LOI

A la rentrée de Septembre, Roland évolue dans le même groupe que l'année précédente. Connaissant les règles, il va progressivement les reprendre en compte dans son quotidien mais pour une très courte durée. Continuant son fonctionnement en dents de scie, il va vite avoir des comportements de transgression. Dans ces moments, il verbalise un ensemble de paroles contre les éducateurs, la police et la justice. En relation dueile, il en veut à la justice qui a incarcéré son père allant jusqu'à dire que son père avait des comportements normaux. Dans ses moments de difficultés, Roland est dans une provocation verbale et physique. Tout devient prétexte à créer un climat de violence envers les jeunes ou l'adulte. Deux notes d'incidents seront envoyées au Procureur entre Février et Mai 19... Si dans le passé, la frustration est mal acceptée, à ce jour, il transgresse l'interdit de façon quasi-permanente. lorsqu'il lui arrive de se reprendre, il retombe rapidement dans les transgressions. D'une manière générale, nos attitudes éducatives sont vécues par le jeune comme une source de frustration. Loin d'être conscient des risques qu'il prend, nous pensons que ce jeune entre dans une opposition à l'adulte qui peut être dangereuse pour lui connue pour l'autre. Se modélisant à l'image du père, il verbalise facilement que la Maison d'Arrêt ne l'inquiète pas Qutre-mesure. Si jusqu'à l'année dernière, nous pensions que son intelligence lui permettait de s'adapter, nous en sommes bien moins sûrs cette année.

RAPPORT AU CORPS

L 'hygiène corporelle est correcte malgré le fait que cela reste encore bien secondaire à ses yeux. Etant bien dans la dynamique d'adolescents, Roland prend assez de soin à porter ses vêtements mais dès que ceux-ci sont portés, le jeune les laisse traîner dans sa chambre. - Les prêts (voir les vols ?) sont « monnaie courante» chez lui. Notre manque de vigilance nous a régulièrement permis d'observer que l'adolescent peut vivre dans un «foutoir» sans que ça lui pose de problème. Ce constat est le même chez sa maman. Pour ce qui est de son suivi psychologique, Roland y a été que peu acteur jusqu'au jour où il n'a plus voulu poursuivre - rappelons que ce suivi a été demandé par le Juge en raison de la violence de Roland -. Si l'adolescent a su parler de la violence auprès de la maman, cette approche ne suffit pas. La violence de ces dernières semaines reste inquiétante et Roland arrive de moins à moins à la canaliser.

RAPPORTS INTERPERSONNELS

A) Avec l'éducateur: Roland fonctionne toujours entre des sensations d'amour et de haine. Traversant la période de recherches qu'est l'adolescence, il semble se centrer sur ce qu'il connaît. Dans ces conditions, la relation est régulièrement teintée de maltraitances verbales, de mensonges et de dénis - de petites et grandes importances - .Malgré tout, il lui arrive aussi d'avoir une relation plus acceptable qui dépend évidemment de son état interne. Pour ce qui est de la relation de confiance qui a semblé prévaloir pour lui dans le passé, Roland semble vivre cet acquis. Malheureusement, cette relation est bafouée de plus en plus par ses transgressions quotidiennes du cadre. Si dans le passé, Roland a su s'excuser ou se justifier en utilisant un langage adapté; nous n'en sommes plus là aujourd'hui. En effet, l'adolescent ne semble plus se référer à l'éducateur dans un contexte global. Concrètement, Roland peut faire le sourd face à nos dires, il peut se heurter verbalement ou physiquement, ou mettre en doute la parole de l'éducateur. En rapport à l'année précédente, que ça soit son approche ou sa relation à l'éducateur qui était alors en évolution positive, cette dynamique est maintenant inversée. L'adolescent est à « fleur de peau», il n'a plus aucun recul et son état impulsif est quasi-omniprésent. Globalement, il semble qu'après avoir testé la fiabilité du cadre en 19.. et 19.., il s'applique à contourner ce dernier. Cette approche n'a pas d'objectif positif mais a à l'inverse une consolidation psychique des plus négatives. L'adulte est source à frustration et comme il ne peut supporter cet état interne, les comportements tendent à la manipulation, à la violence envers son entourage. En fait, il se détourne de la réalité porteuse de bénéfices et d'inconvénients à court, moyen et long terme pour n'avoir que des avantages à court terme.

B) Avec les jeunes: très joueur, Roland de par son âge est un des leaders du groupe. Cette position est de moins en moins assurée de manière positive. Le jeu est posé avec des règles bien à lui. La force en est le maître mot sous-tendue par des biais tels que le chantage, les pressions de tout ordre et la manipulation. Lors de nos interventions, il entre rapidement dans le déni mettant rapidement l'autre jeune - souvent plus petit - dans une situation à le disculper. Parallèlement à cette approche, Roland semble prendre un plaisir à destabiliser les plus jeunes ainsi que certaines filles. Son approche est« cassante», il s'en prend au physique et au niveau intellectuel. A l'inverse de l'année passée, il ne joue plus un rôle protecteur auprès des plus jeunes et lorsque c'est encore le cas, on y perçoit des intérêts secondaires à court et moyen terme.

Ayant intégré le groupe des adolescents, Roland y a pris sa place. En clair, il n'est plus suiveur mais bien leader mais là-aussi les actes posés sont avant tout négatifs. Si on a le droit d'espérer en une évolution positive de sa part ce sera en étroite relation avec une prise de conscience. Mais à ce jour, il semble que Roland tire des avantages immédiats et ne prend pas du tout conscience des inconvénients à court, moyen et long terme. Pour ce qui est du respect envers autrui, cet adolescent est trop centré sur lui-même pour prendre en compte la liberté de l'autre. On peut donc parler de régression en comparaison à l'année précédente. Si pour l'année dernière, les tensions internes lui empêchaient de tendre vers des valeurs - qu'il a en lui - telles que une force de caractère et une intelligence vive, cette année a été une période où l'adolescent s'est laissé envahir par ses tensions négatives. Celles-ci ne sont toujours pas travaillées par Roland et par conséquent, il ne peut les maîtriser. Ce constat est aussi fait par la maman qui s'inquiète réellement pour Roland. Selon elle, les comportements de Roland sont identiques à ceux de son père.

C) Avec la hiérarchie: Roland ne reconnaît pas l'ordre - en général - comme un bienfait. Il ne reconnaît pas l'adulte car il est source de frustration. Lorsque l’adulte et lui sont en situation de jeu, l'adolescent ne pose pas de problème. Mais comme le jeu à ses règles, Roland va rapidement se poser au delà et bien évidemment, la frustration apparaît rapidement. Lorsque cette dernière n'est plus supportable, il ne semble plus capable de reconnaître celui qui 1'entoure. Lorsqu'il pose un acte de violence sur l'autorité, Roland se pose ensuite comme victime - se justifiant ainsi de ses actes - pour prendre après l'image du jeune ayant pris du plaisir à frapper l'autre. Il tient cette image tant auprès des éducateurs que des jeunes. En fait, Roland veut se placer en tant que jeune à ne pas embêter. J'ai pu aussi remarquer que le jeune vit facilement du vandalisme des autres mais aussi de la violence gratuite. Il se réfère quotidiennement aux jeunes des cités qui vont mal Si il y a bien une ambivalence en ce qui concerne son père, il en veut vraiment à la justice qui est fautive - selon lui - d'avoir incarcéré son père. Parallèlement à cela il rejette en bloc la police, les services sociaux et les éducateurs. En fait, il « tire» le maximum d'intérêts et rejette les inconvénients.

D) Avec les Hommes/Les Femmes: il semble plus facile pour lui de jouer avec les premiers. Par contre, dans le conflit, il se confronte de la même manière avec les deux.

RAPPORTS SOCIAUX

A) La Scolarité: Roland a su améliorer ses comportements au sein du Collège où il évolue depuis l'année dernière. Les résultats pour un redoublement en 6ème sont faibles. En vue d'un meilleur suivi scolaire, nous avons changé ses transports afin qu'il revienne plus rapidement au foyer. Cette démarche vient de sa demande. Mais comme l'année précédente, des problèmes d'investissement, de mémorisation et de concentration sont présents. Au regard des comportements et des résultats, le Collège lui propose un passage en Sème au bénéficie de l'âge. Quant à Roland, sa demande est claire, il veut une scolarité à la Maison Familiale de S. en vue de préparer un CAP Mécanique-Auto. Le 6 Mai, Roland rencontre l’assistante sociale et sa maman - l'éducateur référent est présent - pour aborder son projet scolaire pour l'armée. Ne pouvant faire abstraction des derniers évènements, l'éducateur aborde la violence gratuite et facile de l'adolescent auprès des jeunes du groupe. Pour le dernier évènement, Roland évoque que la jeune aurait insulté sa mère et pour cette raison., il lui a donné deux coups de poing sur la tête. Ne reconnaissant pas son acte démesuré, Roland va vite se renfermer sur lui-même pour quasiment ne plus parler. Pour les trois adultes l'entourant, le noeud du problème - sa violence et les problèmes avec son père ressurgissent de plus en plus et la scolarité n'a pas grande importance à la date d'aujourd'hui. A nos. questions: «Pourquoi une scolarité sur S.? Roland dit qu'il y connaît un copain et que le Collège lui plait Pourquoi la mécanique-auto? Si la question n'a pas réellement de sens en soi, Roland ne peut y répondre parce qu'il n'y a pas réfléchi outre mesure. Afin d'éviter les doutes, l'éducateur s'est précédemment entretenu avec le professeur principal du jeune afin de préparer l'entretien et l'orientation à venir. Pour cette raison, l'éducateur informe l'adolescent que la Maison Familiale de S. ne peut pas le former au CAP de mécanique-auto puisque ce n'est pas son secteur - cet établissement prépare des CAP en secrétariat et informatique -. Par contre, il peut lui permettre de faire une préparation d'un an pour une éventuelle entrée vers une autre Maison Familiale située près de T. Pour cette raison, nous lui proposons une entrée en préparation vers cette autre structure dès l'année prochaine puisque celle-ci fait aussi cette approche du CAP. La réaction est alors vive. Roland ne veut pas être éloigné de chez sa mère. Après avoir réagi, l'adolescent s'isole à nouveau. Une nouvelle fois nous pouvons observer le côté impulsif du jeune qui nous empêche ensuite de dialoguer sur son avenir. Après une heure de discussion entre adultes, le bilan est clair. Roland n'a aucun projet d'avenir. Le but qu'il se donne reste le retour chez sa mère mais pour y faire quoi? De nouveau la maman est inquiète de l'attitude de son fils. Elle aborde les révélations faites par Roland envers son père et prend la décision de déposer plainte dans les prochains jours. Selon elle, cela peut débloquer - peut-être -l'état interne de son fils. En ce qui concerne l'avenir scolaire de Roland, l'assistante sociale et l'éducateur pensent que l'orientation n'a pas d'importance. Roland a à régler ses propres problèmes avant de pouvoir investir un quelconque avenir professionnel La maman semble les rejoindre sur ce constat. Deux jours plus tard, Roland réaborde la scolarité à venir avec l'éducateur et l'informe qu'il veut changer de collège et être orienté en 5ème générale dans J'attente d'une orientation en Maison familiale.

RAPPORT A L'ARGENT

L'argent est fait pour être dépensé au jour le jour. Son compte est en négatif depuis deux mois pour régler des dégradations matérielles au sein de l'institution. Concrètement, il ne sait pas gérer son budget sur une durée moyennement longue (1 mois).

BILAN ET PROJET

Roland est dans le creux de la vague depuis début Septembre. L'audience de C. y est pour quelque chose mais l'adolescent n'a pas su rebondir avec le soutien du chef de service qui l'a accompagné à cette audience et avec celui de l'équipe éducative. Son approche (négative) de la vie est parfois renforcée par des dynamiques - de groupe - difficiles. A l'inverse, lorsque celles-ci peuvent le tirer vers le haut il maintient un cap le mettant en danger au quotidien mais surtout pour l'avenir. Sa construction de la vie l'amène vers une certaine forme d'auto-destruction psychique et comportementale. Ne se regardant pas évoluer, il vit au travers le regard des autres.

Au regard du quotidien et des faits marquants posés par l'adolescent tout au long de l'année, il nous semble primordial que Roland soit orienté vers un lieu de rupture. Pour l'ensemble de l'équipe éducative, ce jeune a besoin de se recentrer sur lui-même pour enfin se situer en tant qu'individu. il a un besoin d'isolement pour se poser des questions visant à se construire. Au sein d'institutions, Roland n'arrive pas à se poser, il fuit la réalité en déployant une panoplie de comportements vides de sens mais qui lui donne une image de « dur ». Par cette répétition de comportements, Roland s'autoconditionne, s'autoalimente et surtout inscrit en lui un mode pulsionnel basé sur l'instinct erroné de la réalité et de moins en moins sur une réflexion rationnelle.