Dossier n°3 : Simon.

14 ans, 2 rapports de synthèse.

Rapport de synthèse n°1

Au regard d'un parcours familial et personnel chaotique, turbulent, violent et abandonnique (cf écrits du Foyer de C. à D.), Simon arrive sur le foyer le 04/08/94, après de nombreuses discussions intra-muros au Foyer C. Mme F. (mère de Simon) étant sur la Haute-Savoie depuis Novembre 19.., le choix du rapprochement a finalement été entériné. Mme X, éducatrice à l'Aide Sociale à l'Enfance, nous conduit Simon au Foyer à 11 h. Mme F, attendue également n'est pas à l'heure. Avec Mme X, nous parlons alors du foyer de C., des 8 années de Simon dans ce centre, et tout à l'air de bien aller dans le discours de l'éducatrice, ce qui est quand même en décalage avec les écrits que nous avons lus. Mais la distance dans la relation demeure et l'on sent Simon déjà sur la défensive, à l'affût des paroles de son éducatrice.

11 h 45, Mme G. ‘Assistante sociale chef) arrive avec Mme F, qui est dans un triste état, alcool, drogue? Chacun se pose la question et Simon pâlit, mais ne dit mot. Mme P (chef de service) tente alors de détendre l'atmosphère pour essayer de mettre à l'aise un peu tout le monde. Mme F, en écorchant les mots, pose le jeu d'emblée, refusant toute discussion. Elle ne parle que du foyer de C et du Directeur en qui elle avait toute confiance et dit "je ne veux rien savoir et je ne dirai rien, car je ne vous connais pas, surtout vous, Mme la Directrice".

Mr le directeur intervient au même moment pour connaître Simon et sa maman. Il se fait mettre à distance de la même façon. Mme F pleure, rit, elle frise l'hystérie, on ne peut rien aborder et Mme P alors présente le foyer et son fonctionnement. Mme F veut prendre Simon chez elle de suite. Nous refusons et convenons d'un retour en famille du 22 au 28 août. Puis, nous invitons Mme F a accompagner Simon dans son groupe et Mme G en profite pour nous dire que l'arrivée tardive au foyer était liée à l'alcoolisme de Mme F.

Mme J, éducatrice au foyer de C quant à elle, nous parle de la violence de Simon à son insu et à notre demande. On sent une gêne et une banalisation des actes posés par Simon à C, géré depuis 20 ans par les mêmes éducateurs, dans un esprit de famille, où il ne faut pas faire trop de vagues pour la sérénité de tous. Tout se traite de manière interne. La violence de Simon est décrite par l'éducatrice, de façon inquiétante. Il paraît que celui-ci se transforme tel un monstre et il fait peur, cela avec fréquence et de façon imprévisible. Elle rajoute qu'avec sa mère c'est également violent et que Mme F en a peur. Elle est sur le registre de "je te prends, je te laisse" et reste des mois sans donner de nouvelles. Elle collabore, puis se retire et fait un mal atroce à Simon, qui est toujours dans l'illusion d'un retour entretenu par la mère en période de calme.

De août 19.. à novembre 19.., Simon est cependant retourné vivre avec sa mère et Mr B, son ami, avec qui elle a eu 2 filles. Il Y a eu une période sereine, puis les difficultés, les violences verbales et physiques ont repris, maltraitance envers Simon et retour à C en novembre.

Simon a eu plusieurs crises de violence, à casser, frapper, menacer une monitrice avec un couteau... et rien n'a été fait face à la loi. A cela, l'éducatrice nous répond que tout se réglait de façon interne. Peu satisfaite de cet accueil et de la lourdeur de la situation, Mme P demande à revoir Simon avec son éducateur le soir. Son histoire est reprise avec diplomatie. Simon acquiesce dans la souffrance et exprime son "raz le bol" des institutions, puis il se mure, fait celui qui a oublié tous ses actes, il ne sait plus, ne se rappelle pas et donne l'impression d'avoir des trous de mémoire, tout en banalisant ses actes de violence.

Mme P luî pose la loi institutionnelle et lui confirme qu'aucune violence ne passera tant pour lui que pour les autres et la violence se traitera non pas entre nous, mais devant le Juge, après signalement au Procureur. Simon devient blême, tremble, puis se calme et baisse la tête et il part en disant "je ne fais plus de bêtises depuis longtemps, la violence, c'était avant".

Simon passe un mois d'août tranquille, en observateur avant tout. Il va chez sa maman. Le retour est bon, selon la mère et le fils. On n'en sait pas plus.

Il fait ensuite un camp plongée dans le Sud de la France,. Les échos des éducateurs sont positifs, Simon passe sur un groupe de plus jeunes, 12 jeunes de 14 à 16 ans et demi, 6 garçons et 6 filles.

Le 04/10, nous faisons un bilan avec Simon, et Mme G. Simon, d'abord sur la défensive, agressif, agité, nous exprime son mal être dans le placement et le raz le bol de ne pas être avec sa maman. Il hausse le ton, s'agite. Mme P intervient pour lui signifier que le placement n'est pas de notre fait, mais en relation avec sa problématique familiale et personnelle. L'éducateur reprend l'ordonnance de placement du Juge de D. et lui fait la lecture du contenu, qu'il a déjà entendu et lu, mais son cerveau sait mettre à distance lorsque Simon veut fuir la réalité. Mme G lui stipule les difficultés avec sa maman, la peur exprimée paf celle-ci face à ses violences et lui rappelle que le placement est entériné par le Juge, par mesure de protection. Simon s'énerve, dit qu'il a changé, qu'il n'est plus violent et que son placement est lié à la scolarité. Nous lui rappelons qu'un placement n'est pas lié à la scolarité, mais à son comportement et à ses difficultés avec sa maman. Puis, l'éducatrice chef prend un ton contenant et le lance sur la souffrance face à sa situation, sur sa violence face aux femmes qu'il malmène, sur ses difficultés de relation avec sa mère, envers laquelle il a de forts griefs, se sentant mal aimé, abandonné, maltraité et envers laquelle il a des comptes à régler. Simon acquiesce, se calme, ne s'agite plus sur sa chaise, écoute avec attention, les larmes aux yeux et il semble soulagé. Puis il prend la parole pour dire je ne suis pas "maltraité", vous voulez dire quoi, que je suis comme ce jeune garçon que je vois toujours aux actualités, qui est maltraité, qui en veut à sa mère et qui veut la tuer, lui plutôt que de s'en prendre à sa mère, il s'en prend aux autres femmes...". Mme P lui demande s'il parle de lui, Simon s'agite et dit "non, je vois toujours cela aux actualités, on parle des garçons, mais pas des filles".

Face à cette réaction, nous restons interloqués et inqtùets. Simon reste sur ses dernières paroles et rejoint son groupe.

La première inquiétude se dissipe car il est vrai que Simon a été longuement suivi par le psychologue Mr C, et nous supposons que dans la problématique lourde de Simon et de sa mère, source de toutes les angoisses et violences de ce garçon, le psychologue a pu lui faire saisir cette analyse que Simon a bien enregistré et la violence, il la banalise au travers de la synthèse de son histoire, qu'il maîtrise bien, et qu'il met en avant dans ses colères et débordements fréquents, mais jamais en relation directe avec l'adulte.

Du fait de ses troubles, Simon ne parlait que d'orthophonie, pour argumenter ses faiblesses scolaires et faire plaisir à sa mère, qui dit que Simon est bon à l'école. Selon elle, il est placé pour sa scolarité, et Simon est dans l'illusion d'une bonne scolarité, alors qu'il sait qu'il a de grosses difficultés. Aussi, nous n'avons pas été dans le sens de l'orthophonie, mais dans le sens de d'une prise en charge psychologique sur l'extérieur.

Nous avons saisi Christine H. qui nous décrit Simon comme un cas lourd, difficile à gérer uniquement par l'éducatif et se pose la question du placement au foyer dans un premier temps. Mais, cela étant, elle nous conseille de nous adresser au C.M.P de Sà un psychologue en l'occurrence, du fait de sa problématique et se propose d'interpeller Mr D, que l'éducatrice chef rappellera ensuite, pour donner des éléments plus précis. Mr D a vu Simon le 09/11/., avec l'éducatrice de groupe, le prochain rendez-vous est fixé au jeudi 24/11/.. Mr D verra ensuite l'opportunité également de séances orthophonique, sachant au demeurant que ses échecs sont avant tout liés à une problématique personnelle difficile.

Quant à Mme F elle est au courant de la démarche entreprise avec Simon, mais son opposition à l'Institution actuellement, ne permet aucune collaboration. Elle ne se déplace pas, refuse toute invitation et ne veut plus d'éducateurs au téléphone. Elle gère tout avec Simon, dans une sorte de mystère et Simon quitte quelques fois le groupe pour aller l'appeler à la cabine. Mme F "vomie' sur les éducateurs et la Direction, et Simon la suit dans ses tourments. Simon a parlé de son histoire, de sa mère, de l'alcoolisme de celle-ci aux éducateurs, à la Direction. Puis, pensant qu'il est allé trop loin, il a changé son fusil d'épaule, disant ma mère ne boit qu'un verre de vin le dimanche, car c'est le jour du Seigneur et elle est croyante". Il se déverse également en négatif sur les éducateurs et la Direction, pour aller dans le même sens que celle-ci, dans le but de rentrer plus vite, ce que Mme F lui laisse sous-entendre au travers des conversations téléphoniques. Mme F s'octroie également des pouvoirs sur son fils en ce moment, elle négocie les week-ends avec lui, sans passer par l'Institution, ce qui a occasionné une frénésie démente pour le week-end des 11-12-13 novembre.

Elle voudrait le récupérer tous les week-ends, ce à quoi nous disons non, c’est est un week-end sur 2 et une partie des vacances. Simon était rentré les 5 et 6 novembre et Madame avait décidé également du suivant. Face au refus de l'éducateur, elle est partie en hystérie complète et s'est déversée en insolence, en grossièretés vis à vis de tous les éducateurs. Refusant de parler à Mme P, elle est tombée sur une autre personne de la Direction, pour se déverser de façon insolente sur tout le personnel en relation directe avec Simon, disant que le foyer c'est le "bordel" et qu'elle ne parlera plus aux éducateurs. Elle rappellera ensuite pour insulter les éducateurs et leur raccrocher au nez, en lançant des ultimatums quant aux prochains week-end. La guerre est déclarée et prend des proportions étranges, c'est la bonne mère face à l'Institution castratrice et mauvaise mère actuellement.

Simon et sa mère sont en fusion, en osmose contre l'Institution qui est la source de tous leurs conflits. Ils ont déplacés le problème sur le foyer. Dans la projection de leurs difficultés, ils cherchent à nous faire payer leur douleur, leur souffrance de la séparation en occultant complètement pour l’instant leur problématique. Simon est complètement parentifié, la mère lui demande conseil dans ce fonctionnement hors réalité. Attention à la chute et au réveil qui seront terribles pour l'un et pour l'autre, sachant que Mme F a peur de Simon, puisqu'elle nous l'a dit à maintes reprises dans ses états d'ébriété, d'hystérie, tout cela par téléphone. Elle nous a même dit qu'en cas de violence de Simon, elle fait des crises et se fait traiter par piqûres. Ensuite, Simon l'a confîrmé également. De plus, Mme F craint Simon par rapport à sa petite soeur, à qui il aurait fait des attouchements il y a quelques années ?? Bref, pour l'instant, en colère contre l'Institution, tout continue pour l'un et pour l'autre, et quel sens prend le travail éducatif auprès de Simon actuellement dans ces rapports ambigus?

PERSONNALITÉ

Simon est un adolescent de 14 ans, qui paraît beaucoup plus jeune. Il a la taille d'un enfant de 10-11 ans, petit filou en bien des termes. Ainsi, sans ses airs égarés qu'il prend parfois, il donne l'impression de ne pas comprendre, de ne pas savoir. Or, il est tout le contraire. Il observe beaucoup le fonctionnement des personnes qui l'entourent et retient tout. Lorsqu'il fait semblant de ne pas se souvenir, c'est sa façon de banaliser les actes qu'il pose les problèmes qu'il rencontre, tant avec sa mère qu'à l'école. Il supporte très mal d'être pris à défaut, ne reconnaît pas ses torts, n'admet pas la réalité et sa réalité. Il lui est très difficile de supporter des contraintes, des lois, la loi, tant que ce n'est pas lui qui les dicte, d'autant plus si cela lui est signifié de façon autoritariste. Si tel est le cas, Simon part alors dans une montée de violence verbale ordurière, que ce soit à l'adresse d'un adulte ou d'un jeune. Et c'est dans de tels moments qu'il ressort tous les éléments qu'il disait avoir oubliés ou non compris... voire qu'il semblait avoir acceptés. Après le flot d'insultes, de reproches... de négation de la vérité... il amplifie jusqu"'au délire la réaction ferme de l'adulte qu'il a en face de lui (on le prend pour un chien...), puis exerce un chantage au vol, à l'alcool... à la drogue en en rejetant la faute sur l'éducateur. Chantage à l'auto-destruction pour faire peur? pour faire fléchir? mais qui reste sans écho de notre part. Il faut alors l'arrêter fermement et reprendre tout cela avec lui... lorsque le calme est revenu. Il semble alors moins hermétique et demande souvent protection contre lui? contre les autres? contre sa mère? D'un certain côté, Simon a une intelligence fine, en ce sens qu'il parvient à pointer les points faibles et les failles de chacun et des adultes entre eux, qu'il sait très bien les utiliser pour démontrer qu'il ne peut pas avoir confiance, que nous faisons des erreurs et que... par conséquent, nous ne pouvons pas être détenteur de la vérité.

Tout est prétexte pour lui pour nier l'évidence. IL vit dans l'illusion la plus complète, illusion d'une mère idéale, d'une vie idéale... d'une scolarité idéale... d'une personnalité idéale d'un petit garçon qui cherchait affection et protection. Sa violence était sous-jacente. Peu à peu, elle devient de plus en plus manifeste.

Août 94 : Scène de violence avec un grand" adolescent de 17 ans. Simon a eu un avertissement du Directeur du foyer.

29/[19/94 : Scène de violence avec un jeune du groupe, lors d'une sortie à l'académie de billard, puis au retour.

30/[19/94 : Conduite pénible voire dangereuse dans le véhicule pendant le transport (appuie sur l'accélérateur et maltraite le chauffeur...).

Début oct. 94 : Altercation très limite avec une jeune fille du groupe. Conflit à l'école et il part, hystérique, pour rencontrer la Directrice. Nous n'avons eu aucun retour.

Fin act. 94 : Durant un camp, Simon est monté en violence verbale à deux reprises, une première fois suite à une réflexion sur son langage, une deuxième fois suite à une claque pour non respect des règles de sécurité en spéléologie.

08/11/94 : Altercation verbale violente avec le cuisinier de l'établissement, violence qu'il a retournée contre le véhicule de ce dernier. Aucune trace vérifiée par le chef de service, sans cela il y aurait eu dépôt de plainte sur le champ.

A l'heure actuelle, Simon oscille toujours entre sa demande affective qu'il exprime clairement et ses passages violents qui deviennent de plus en plus fréquents.

Dans le cadre de relations plus individuelles, Simon se rapproche beaucoup des éducatrices, notamment de celles qui semblent le moins autoritaires. Il peut alors se montrer assez accaparant, tout en restant agréable petit garçon. Et c'est au cours de tels instants, qu'il est possible d'aborder avec lui ses problèmes familiaux, scolaires. Il apparaît alors plus réceptif, pleure, porte son mal être. Il nous faut alors être indulgents pour ne pas tomber dans le piège et excuser ses épisodes violents qui sont inadmissibles. Le reste du temps, il parle de ses devoirs à faire, de ce qu'il a fait par le passé, plaisante, demande à être rassuré.

RELATION AVEC LES AUTRES JEUNES

Simon montre deux facettes. Il peut tout aussi bien être le "petit" du groupe, que les filles chouchoutent.. appellent "bébé", que les garçons ménagent un peu comme un petit frère; tout comme il peut être violent, agressif teigneux en ce sens qu'il fait tout par en dessous, sans que l'éducateur puisse le voir. Il parvient alors à faire monter l'agressivité chez les autres et finit par dire qu'il n'y est pour rien. Il adopte la politique du "pas vu" pas pris". Là encore, il joue de son côté filou en prenant bien soin de choisir le camp où il se sentira le plus protégé. Ses relations avec les jeunes du groupe sont en dents de scie, à chacun leur tour. Et, lorsqu'il est en conflit avec l'un d'entre eux, il a une habileté incroyable pour trouver le point sensible et attaquer jusqu'à faire mal, jusqu'aux larmes.

Ce côté versatile ne lui permet donc pas de nouer une relation stable de sympathie avec un jeune et navigue sans cesse entre eux, semblant s'entendre avec tous, alors que ceci n'est pas toujours le cas.

RELATION AVEC LA FAMILLE

Le père de Simon, Mr Rémi D, qui ne l'a pas reconnu à la naissance, n'a eu aucune relation avec son fils, est décédé dans un accident de voiture il y a 4 ans (selon Simon).

Les relations avec la famille se limitent donc à Mme F. Nous n'avons réussi à rencontrer Mme F qu'une seule fois, le. Or, l'entretien n'a pas pu être poussé car Mme G a dû attendre avant de venir, que les vapeurs d'alcool de Mme F se dissipent un peu, alcoolisme que Simon minimise en disant "elle ne boit que le jour du Seigneur". Mme F était fermée, opposante à toute discussion. Depuis, bien que la mère se dise prête à venir discuter avec nous des difficultés de Simon, rien ne suit dans les faits.

Elle rejoue ce qu'elle faisait à C, à savoir une fois coopérante et adhérente au placement, une autre fois opposante et rejetante du placement. Elle ne parvient pas à se situer de façon claire et définitive par rapport à Simon, ce qui conduit à des fluctuations de comportement qui le perturbent énormément. Là encore, tous deux entretiennent l'illusion d'une famille parfaite, unie, et jouent la carte de la conspiration du silence et du mystère. Ne rien dire! Par peur d'un jugement? d'une séparation? Tous deux, encore, fort comme s'ils ne comprenaient pas leurs problèmes, les nient, prenant le foyer pour un internat scolaire et essayant de décider seuls les sorties en week-end. Nous ne pouvons que constater aujourd'hui qu'il est, pour le moment, impossible de travailler en collaboration avec Mme F, dans l'intérêt de Simon. Tant que nous ne pouvons pas établir des relations claires et franches avec elle, des relations autres que téléphoniques, qui sont parfois excessives (10 appels par jour), et semblant empruntes d'alcool, il est difficile de faire progresser Simon. Il faudrait que Mme F parvienne à se positionner en tant que mère, face à son fils, car, pour l'instant, les rôles semblent nettement inversés. C'est aussi pour que Simon trouve sa place d'adolescent, que nous avons été amené à limiter les appels de sa maman, appels incessants pendant un temps, qui perturbaient Simon.

De plus~ d'un versant excessif Mme F peut passer à un grand silence, prenant au pied de la lettre nos demandes de modération par rapport à ses coups de téléphone. A l'image de son parcours passé avec Simon, elle passe du tout au rien, d'une séparation qui s'accompagne d'une idéalisation réciproque de l'autre, des retrouvailles, idéalisation qui ne tarde pas à se cogner à leur réalité relationnelle et à s'écrouler. De même, on retrouve ce déséquilibre dans les relations qu'elle a eues avec nous en septembre - octobre... en ce sens qu'elle jongle entre des confessions fleuves, où elle dit tout à l'éducatrice chef et des périodes de haine où de par ses dires, elle monte Simon contre l'Institution, lui laissant miroiter des espérances de nouvelle vie commune.

SCOLARITÉ

En septembre Simon est entré en classe de Sème 5 à E~ avec allemand comme langue vivante. Or~ très vite~ nous nous sommes rendus compte que le niveau de cette classe était beaucoup trop élevé pour lui et qu'il ne pouvait suivre le rythme de la classe. S'est alors posée la question de savoir pourquoi une telle orientation? En fait~ ceci est dû à la surévaluation des capacités de Simon l'an passé par C. A ce niveau également, il est en pleine illusion et il ne lui a pas été aisé de reconnaître ses difficultés. Là encore~ Simon a cherché à excuser et à banaliser en invoquant son besoin de continuer l'orthophonie (il en avait fait assidûment de 85 à 92). Nous avons alors envisagé de le changer de classe et de l'inscrire en 5ème d'adaptation. Or, cette démarche n'a pu aboutir suite à une opposition de son collège actuel. Donc, Simon est toujours dans la même classe et essaie de suivre, plus mal que bien, son petit rythme, avec des résultats catastrophiques. Mais, ses notes ne le découragent pas et il travaille jusqu'à présent. Certains signes laissent cependant présager qu'il ne pourra aller encore très loin (ne rend pas son travail dans les délais, mots pour travail non fait, que les enseignants ont tendance à excuser, ou son petit niveau).

Pour l'instant, Simon suit une heure par semaine de soutien en allemand au collège, deux fois une demi-heure par semaine au Logis avec l'éducatrice scolaire et fait ses devoirs avec explications et surveillance des éducateurs du groupe. Cependant... s'il est aussi en illusion scolairement, c'est du fait du foyer de C, qui l'a encensé et surtout du fait de sa maman qui lui laisse croire que son placement est la solution à la scolarité.

SANTÉ - HYGIÈNE

Simon ne pose aucun problème au niveau de l'hygiène. Il se douche régulièrement de lui-même~ est propre au niveau de ses vêtements~ est coquet. Pour ce qui est de la santé~ il n'a eu qu'une angine~ ce qui lui a fait manquer 3 jours d'études (au moment où il était question d'un éventuel changement de classe ? Il suit actuellement des soins dentaires avec un dentiste homme. Auparavant, il était soigné par une femme, mais il a quitté brusquement la séance, par trop de douleurs dit-iL Ce qui a occasionné la colère de l'un et de l'autre.

CONCLUSION

Simon est un jeune en souffrance~ alimenté d'angoisses permanentes, qui le mettent en violence de façon fréquente, prévisible et imprévisible. Introverti~ muré~ il a des moments de laisser aller où il se confie sur son désespoir, tel un petit garçon en demande affective intense. Mais, intelligent, calculateur face aux comportements ambigus et excessifs de sa mère, il tourne sa veste très vite pour ne décevoir sa mère qu'il adore, qu'il haït en même temps et de laquelle il veut se rapprocher rapidement, excédé par des années d'abandon depuis sa naissance, en passant de l'assistante maternelle, à la famille d'accueil, à l'Institution depuis 19...

Il lui en veut énormément ainsi qu'aux femmes. Il n'a aucune confiance en l'adulte, en général. Il se sent trahi, mal aimé et n'accepte aucune loi, si ce n'est la sienne qui est de l'ordre de la non frustration. Peu volubile, il engrange tout ce qu'il voit, entend, observe. Il remarque les failles des adultes et ne dit mot. Il donne l'impression d'être hors réalité, paumé, fait souvent celui qui ne comprend pas, qui a des trous de mémoire et banalise tous ses actes de violence physique et verbale dans un langage ordurier. Cependant, il engrange et explose avec tous les adultes comme avec tous les jeunes... et dans ces cas là, part dans des délires dingues, il parle avec rage... insolence, reprend tous les faits et remarques faites à son encontre et ne cède pas dans le discours. Il affronte l'autre avec violence et ténacité, rien ne l'arrête sauf un affrontement ferme et il fait le chantage à la fugue. Personne ne lui court après, et il revient plus calme, mais ne cède pas. Simon n'a peur de rien et s'il sent la peur de l'autre, cela réactive sa propre violence, puis il pleure et ses crises recommencent dès qu'il est perturbé. De plus, il faut le mettre sans cesse dans la réalité... car il se berce d'illusions dans tous les domaines, le foyer de C et sa mère l'ont bien entretenu dans les différents domaines:

aucun passage devant la loi pour les actes commis...

illusions sur son parcours scolaire bien entaché du fait de sa problématique difficile,

rapprochement illusoire de la mère dans l'immédiat, même si celle-ci actuellement se joue de l'Institution en entraînant Simon dans son sillage,

protection maximum de Simon de l'Institution C~ dans ses débordements et difficultés de lâcher l'emprise affective, ce qu'il ne manque pas de nous renvoyer en permanence. Le foyer est le mauvais objet et le freine dans tous les domaines en lui faisant saisir la réalité.

Nous ne céderons pas face aux difficultés de Simon, cela en le contenant, en le cadrant, en le frustrant en relation avec des repère éducatifs, affectifs proche de la loi" de la réalité, des normes, dans le souci de l'accompagner dans la prise en compte de sa problématique en complémentarité d'un suivi psychologique sur l'extérieur.

Pour se faire, il faut que sa mère se positionne clairement face au placement et qu'elle arrête de se jouer de l'Institution, pour déplacer le problème.

Nous sommes ouverts à la collaboration et ne voulons aucunement se substituer à elle, bien au contraire, car il y va de l'intérêt de Simon avant tout, qui cherche une place, sa place en famille et nous devons aider Mme F à comprendre cela, tout en ne banalisant pas cette violence de part et d'autre. Simon et sa mère nous trouvent durs, méchants, vont jusqu'à dire que "nous n'aimons pas les enfants" car il est vrai que nous ne cédons aucunement au plaisir immédiat de l'un et de l'autre. Nous avons une démarche éducative contenante et réaliste, où tout se discute, s'explique dans un souci de progression et d'évolution positive de Simon, qui n'a eu jusqu'alors aucune référence parentale fixe et structurante face à une mère au passé douloureux (placement également), au présent incertain, face à un père inconnu, absent dans le système de référence familiale. Simon est le type même de l'enfant abandonnique, avec un lourd passé institutionnel qui le dérange et qu'il voudrait refouler à présent et cela, à juste titre, mais que peut lui proposer sa mère actuellement

Rapport de synthèse n°2

1 - PERSONNALITÉ

Simon a quinze ans aujourd'hui. Physiquement il n'a guère évolué depuis le début de l'année. Il a très peu grandi et arbore toujours le même look, longues mèches lui tombant sur les yeux. Sa tenue vestimentaire correspond à celle d'un adolescent: vêtements larges, souvent sombres, quelquefois un peu râpés.

Du point de vue de sa personnalité, Simon a bien changé. Outre le fait qu'il est dans la crise de l'adolescence avec tout ce que cela entraîne d'oppositions au modèle adulte, Simon est fermé. Si, par le passé, il y eut des moments où il se laissait aller à dire des choses lorsque cela faisait trop mal, ceci est de plus en plus rarement le cas. À défaut de verbaliser son mal-être, il l'exprime par la violence envers les autres jeunes, envers les éducateurs, hommes ou femmes.

Il est à noter cependant que ses crises sont plus fortes lorsqu'il a une femme en face de lui, mais toujours existe cette absence de culpabilité, tant et si bien que Simon peut revenir ensuite vers l'adulte tel un petit enfant, comme si rien ne s'était passé. En de tels moments, il est impossible de faire passer quoi que ce soit dans la tête de Simon, il est imperméable à tout. Il n'y a guère qu'au cours d'entretiens individuels qu'il est possible de l'atteindre. Et encore!!

Il fait preuve d'un intérêt sélectif très fort dans les sujets abordés. Ainsi il a été possible de reprendre avec lui la nécessité de l'expertise psychiatrique, l'enquête sociale dont la maman allait faire l'objet. Mais au delà il s'est buté sur la douleur qui pourrait être sienne si ses petites soeurs étaient placées également. Il lui a été impossible d'avouer ou de comprendre quel était le ou les sentiments qui animaient cette souffrance (jalousie?)

De même, lorsqu'il est fait allusion aux attouchements sexuels dont il aurait été l'auteur, aux dires de sa maman, sur sa petite soeur, Simon ne réagit pas. Comme si rien n'avait été dit, il repart sur le sujet qui le tient à coeur, tout en étant aussi bloqué sur sa position. Une telle réaction est pour le moins étonnante quand on sait que Simon ne supporte pas d'être accusé à tort, et quand on sait l'acharnement qu'il met à soigner le paraître afin de pouvoir rentrer chez lui. Qu'il ne réagisse pas de façon virulente laisse planer le doute sur la véracité des faits, faits qui n'ont, encore à ce jour, été nullement vérifiés. Ils ont été évoqués par la maman lors d'une de ses visites au CCAS de Faverges. Depuis elle a simplement redit qu'elle n'avait aucune confiance en Simon et qu'elle ne lui confiait pas ses filles.

Cette question de la confiance, nous la retrouvons aussi en Simon. À l 'heure actuelle, il n'a aucune confiance en l'adulte, quel qu'il soit. Chaque entretien que nous pouvons avoir avec sa maman en dehors de sa présence prend immanquablement des airs de trahison. Refusant d'admettre la réalité et sa réalité, il entre alors immédiatement en opposition, ne sachant que répéter que les éducateurs font tout pour l'enfoncer, et ne démordant pas de cela. De même il rejette sur eux les causes de son placement, les difficultés relationnelles avec sa maman. Les adultes lui mentent, ils inventent des histoires pour qu'il ne puisse pas rentrer. Mais lorsqu'il lui est signifié que nous tenons des informations de sa maman directement, il la dédouane alors complètement, soutenant qu'elle a subi notre influence. Mais il adopte une attitude tout à fait différente lorsqu'il lui parle au téléphone, l'accusant alors, lui reprochant son attitude à son égard avec une grande lucidité, pour le coup! Et c'est dans ces moments là qu'apparaît le décalage entre ce que Simon veut laisser paraître de la compréhension de la situation et ce qu'il a effectivement intégré. Cette absence de confiance va très loin en ce moment. Par provocation certaine envers sa maman, Simon veut faire des recherches pour retrouver son père naturel. Bien que sa mère lui ait dit qu'il était décédé dans un accident de voiture, Simon ne la croit pas. Il pense que c'est une invention de sa part pour l'évincer de sa vie, comme elle l'a sans doute fait avec Monsieur B. Simon dit lui-même que le plus important n'est pas tant de retrouver son père mais de vérifier la version donnée par sa maman. Simon est perdu, ne sachant plus vers qui se tourner en toute confiance. Il est en quête de personnes stables et honnêtes. Et cette quête le fait aussi se tourner vers une famille qui fut un temps sa famille d'accueil sur D. Là encore, ceci est une des demandes de Simon à laquelle nous n'avons pas répondu afin de ne pas multiplier ses interlocuteurs, ce qui n'aurait pour effet que de mieux le perdre, l'insécuriser.

Toute cette confusion, ces non-dits entre mère et fils, cette méfiance envers tout le monde font que Simon se cherche une identité dans un registre plutôt négatif. Lentement, il glisse vers un comportement pré-délinquant. Loin d'être un élément positif sur le groupe dans lequel il est, il offre une image de "dur", entraînant les autres et se laissant entraîner par les autres dans des actes de transgression des règles de vie du groupe, tels que par exemple la cigarette dans les chambres, le démontage du système incendie, la provocation des adultes surtout au moment du coucher, la provocation du veilleur de nuit, etc...

Il est également suivi par le Docteur D au CMPI de Seynod. Là encore, Simon joue la provocation avant chaque rendez-vous, disant ne pas comprendre la nécessité de telles rencontres (bien que cela lui ait été longuement expliqué). Il s'enferme alors dans le discours du "tout va bien"> "j'ai besoin de personne", "si ça va pas avec ma mère, c'est parce que vous cherchez les problèmes". Il nie d'évidence le problème de fond car il sait trop bien qu'il existe.

II-RELATIONS AVEC LA FAMILLE

Les relations avec Madame F et le foyer ont bien changé depuis le début d'année. Alors qu'à l'époque nous n'essuyions qu'insultes et mépris de sa part, il n'en est plus de même aujourd'hui. Un basculement s'est opéré après la convocation de Madame par le Juge des Enfants. Bien que cette entrevue a été des plus tendues, Madame F s'est montrée des plus correctes à notre égard par la suite.

Elle nous a conviés à passer à son domicile alors que nous allions à D présenter Simon pour un stage d'une semaine chez un patissier-boulanger; elle nous tarit d'éloges au téléphone et ne cesse de complimenter l'éducatrice chef; elle a fait elle-même la demande de nous rencontrer afin de faire un bilan sur l'évolution de Simon au foyer et parler de son comportement en général; elle a fait des démarches auprès de l'école pour rencontrer les professeurs de Simon et parler de son orientation future.

Mais ce revirement de situation semble se faire au détriment de Simon. Alors qu'au début du placement tous deux jouaient la complicité et la parentification de Simon auprès de sa mère, Madame ne lui reconnaît plus ce rôle actuellement... Prenant maladroitement sa place de mère, elle répond à la provocation de son [ils par un rejet, par une dévalorisation, le laissant seul face à sa situation alors qu'il est bien incapable de la gérer, de la modifier. Elle refuse surtout sa propre remise en cause et ne reconnaît pas ses torts dans le parcours de Simon. Simon ne manque pas de la désigner également "fautive" de sa souffrance. En fait, les relations entre Madame F et son fils sont basées sur le paraître et le mensonge, chacun se rejetant mutuellement la faute des années de placement que Simon a vécues jusqu'alors.

Alors qu'une décision de retour en famille est de plus en plus envisagée par l'expertise psychiatrique, le foyer et le SEF, l'action éducative se heurtant à présent à des problèmes très profonds entre mère et fils, alors que ce retour a été vivement souhaité par Madame F et Simon. Leurs réactions deviennent de plus en plus tendues, voire de plus en plus vraies. Laissant de côté le paraître, le problème de fond commence à ressurgir: angoisse de Madame devant le retour de son fils, son comportement violent qui fait qu'elle ne peut lui exprimer clairement son refus ou son acceptation de ce retour. Elle lui laisse alors le libre choix de revenir ou non, tout en lui reprochant en même temps son arrogance, son irrespect, sa ressemblance avec son père "tu es aussi minable que lui". En de tels moments, elle prend alors l'éducateur à témoin, chargeant de torts Simon alors qu'il n'est pas à l'origine de ce conflit. Et Simon en fait tout autant, comme pour prouver son honnêteté.

Madame F a peur de son fils, mais n'ose pas agir face à ce sentiment. Pour étouffer sa violence, elle adapte son discours selon les personnes qu'elle a en face d'elle (éducateurs et institution en général, Simon au téléphone, Simon en week-end). Tout n'est que tromperie. Si J'attachement affectif de Simon à sa mère est visible, la réciproque n'est pas forcément vraie. Madame F n'a pas de gestes ou de regards tendres pour lui lorsqu'elle le voit en notre présence. Elle reste très froide, distante, ce qui freine Simon dans des élans qu'il pourrait, et sans doute aimerait manifester à sa mère. Par contre, Madame F se montre beaucoup plus chaleureuse envers ses filles, tant en gestes qu'en paroles. Simon souffre de ce manque d'amour de la part de sa mère, il lui reproche son malheur, de le faire sortir de sa vie. Pense t'il que sa mère chasse tous les «hommes" qui entrent dans sa vie"au bout d'un certain temps, à force de mensonges, comme elle l'aurait fait pour Simon? Monsieur B? Simon recherche des réponses à beaucoup de questions.

La relation mère-fils est et sera difficile, mais elle doit enfin prendre forme malgré les risques de passages à l'acte, même si la mère craint le pire et nous exprime sa "peur". Pourtant, seule face à Simon, elle se situe de manière différente et joue à fond la carte du "retour".

III-RELATIONS AVEC L'ADULTE

Bien que toujours basées sur la méfiance, souvent provocantes, quelquefois violentes verbalement (limite physiquement car Simon sait ce qu'il risque), il est des moments où il se montre petit garçon. Apparemment, il semble difficile de le toucher sur le plan de l'affect mais il peut avoir des réactions qui laissent penser que des choses passent sur ce plan là (une exclamation de joie quand il revoit une éducatrice, la tête sur l'épaule d'une éducatrice, des petits gestes attentionnés...). Tout ceci reste furtif comme si cela pouvait être une faiblesse par laquelle la douleur pourrait Je blesser. Cependant, en ce moment, sentant que le retour en famille risque de se concrétiser, Simon est dans la provocation continuelle, la violence verbale, les injures et rien ne l'arrête. Il est partout et nulle part à la fois et n'entend plus aucune démarche éducative. Il est déjà parti dans sa tête... avec une dose massive d'angoisse pour réagir avec autant de débordements.

IV - RELATIONS AVEC LE GROUPE

Comme mentionné précédemment, Simon n'est pas positif dans le groupe. Il est dans toutes les "infractions" aux règles de vie, il s'est acoquiné avec un garçon du groupe, Julien, plus jeune que lui, et tous deux s'entraînent mutuellement dans les bêtises, l'opposition, la casse. Simon joue un certain rôle de caïd négatif, étant capable, en association avec ce jeune, d'intimider l'autre garçon de quinze ans qui partage également leur chambre.

Avec les filles, Simon n'a plus la place de "bébé" ou "mascotte" comme ce fut le cas en début d'année. Ses relations avec elles ont quelque peu muries (cigarette, musique, discutions...). Quelquefois, il reste encore moquueur envers certaines, tout en essayant par la suite d'obtenir d'elles des massages. Il cherche à les dominer pour mieux les "exploiter" de l'autre. Est-ce là la seule idée qu'il ait de l'homme?

CONCLUSION

Devenu adolescent, Simon apparaît comme un jeune en difficulté, violent, mais qui nie cet état de faits. Il se contrôle en permanence afin que sa violence n'éclate pas. mais ça dérape en permanence, et ce mué par un fort désir de rentrer chez lui. Désir partagé avec la maman? Simon en doute, comme il doute de tout en ce moment. Il pense ne pas être entendu et cru par les adultes, ne leur fait pas confiance, il se sent trahi. Il a besoin d'aller se"cogner aux difficultés relationnelles existantes entre lui et sa maman.

À l'heure actuelle, Simon est trop pris par ce besoin de vérification pour pouvoir s'investir, s'ouvrir aux relations avec les adultes. Notre action éducative se heurte à ce mur. Il est sans doute nécessaire que Simon le casse pour pouvoir continuer sur d'autres bases. Il Y a trop de tableaux sur lesquels il peut jouer. Il faut qu'il puisse lui-même clarifier ses idées en vérifiant s'il y a trahison? de la part de qui? pourquoi?

De plus, il n'est pas nécessaire de faire le "forcing éducatif' car les conséquences sont désastreuses, destructrices pour lui et le groupe. Aujourd'hui Simon, dans les "starting blocs" d'un retour à la maison, met tout en échec dans tous les domaines. Il transgresse tout et n'importe quoi, s'agite sans cesse en étant grossier, injurieux, violent verbalement, limite physiquement et il détruit tout sur son passage. Il est dans le passage à l'acte permanent.

Les éducateurs craignent le pire, car le dernier épisode à l'encontre d'une éducatrice il y a quinze jours a dû être repris immédiatement par l'éducatrice-chef pour limiter les conséquences face à celle~cî. En effet Simon est allé loin dans la menace et la violence verbale,jouant sur le registre "je vais te tuer", "je vais t'écrabouiller la tête" avec un air cynique et pour le moins inquiétant. La présence de l'éducatrice-chef et son positionnement face à Simon l'ont calmé de suite et le travail éducatif a pu continuer à peu près normalement pour deux jours. Un retour est "nécessaire" avec un accompagnement éducatif, malgré la fragilité de la situation et le risque d'actes violents.