L’approche simulationniste

Cette approche considère au contraire qu’il n’est pas nécessaire de postuler l’existence d’une théorie mais que nous simulons le point de vue de l’autre et nous utilisons le résultat du processus de simulation pour comprendre l’autre et prédire son comportement.

Certains auteurs (Goldman, Harris) considèrent un accès premier à nos propres états mentaux. Le sujet doit se projeter dans la même position qu’autrui, être capable d’identifier ses propres états mentaux (perspective à la 1ère personne) pour ensuite attribuer les mêmes états mentaux à autrui (perspective à la 3ème personne). Ainsi avant de pouvoir simuler les états mentaux d’autrui, il faut déjà être capable d’appliquer les concepts mentaux correspondant à son propre vécu interne. Cela suppose que le sujet ait déjà l’expérience de l’état mental attribué à autrui et donc l’acquisition des états mentaux ne se ferait pas sur la base de la simulation d’autrui mais demanderait un apprentissage préalable.

Gordon a une position plus radicale et estime que la théorie de l’esprit dépend entièrement de la simulation des comportements sans qu’aucune conceptualisation à la première personne ne soit requise. Pour simuler autrui il n’est pas nécessaire d’avoir des concepts d’états mentaux, il suffit de se placer dans la situation où se trouve autrui, « il suffit d’avoir la capacité correspondante d’activer des croyances et des désirs en réponse à une situation, c’est-à-dire de former des représentations pour être capable d’en attribuer » . Dans cette perspective, la simulation conditionne l’acquisition des concepts mentaux.

La simulation est un processus « off-line » dans le sens où elle n’engage pas directement l’action de celui qui simule. Nous nous représentons les actions que nous produirions nous-mêmes dans la même situation, mais la réalisation de ces actions est inhibée : il n’y a aucune action réelle mais uniquement la prévision et la compréhension du comportement. Dans ce cadre, la difficulté des enfants de moins de 4 ans dans les tâches de fausse croyance peut s’expliquer par une difficulté à inhiber leurs propres croyances.