Retour aux modèles théoriques

Selon Baron-Cohen , les modules de détection du regard et d’intentionnalité ne sont pas atteints dans l’autisme. En revanche, les personnes autistes présenteraient un déficit massif du fonctionnement du mécanisme d’attention partagée et donc des déficits dans le développement et/ou le fonctionnement de ToMM. En fait il distingue deux sous-groupes d’autisme : un sous-groupe présentant un déficit de SAM et ToMM et un autre sous-groupe présentant un déficit uniquement de ToMM. Il précise également que certaines personnes autistes ne souffrent pas d’une absence totale de théorie de l’esprit, mais plutôt d’un retard dans le développement de cette capacité sans pour autant jamais atteindre le niveau de maturité (ce qui expliquerait que certains réussissent les tâches simples de fausse croyance).

Leslie situe également le déficit des enfants autistes dans le module le plus élaboré ToMM2 alors que les modules ToBy et ToMM1 seraient préservés ainsi que le mécanisme de sélection. Leslie et collaborateurs montrent que les enfants de moins de 4 ans et les enfants autistes n’échouent pas les tests de fausse croyance pour les mêmes raisons. Les enfants de moins de 4 ans possèdent un mécanisme de ToMM fonctionnel mais le mécanisme de sélection n’est pas suffisamment développé pour réussir les tâches de fausse croyance et de fausse représentation (voir schéma précédent). Inversement, chez les enfants autistes (de plus de 4 ans d’âge mental), le mécanisme de sélection est préservé (et donc ils réussissent les tâches de fausse représentation) alors que le mécanisme de ToMM est altéré.

Quant aux théoriciens de la simulation, ils tendent à considérer l’hypothèse qu’une perturbation du système miroir pourrait être directement impliquée dans la génération des différents troubles observés dans l’autisme . Une telle perturbation pourrait en effet interférer avec les capacités d’imitation considérées par beaucoup, y compris les partisans de la théorie-théorie, comme une fonction indispensable au développement de la théorie de l’esprit. Pour Meltzoff et Gopnik , l’imitation induit de saisir les équivalences entre les transformations corporelles perçues chez autrui et les transformations corporelles ressenties par soi, c’est-à-dire de mettre en correspondance les intentions propres et les intentions d’autrui. Cela constituerait une étape préalable à l’appréhension des correspondances entre états mentaux propres et états mentaux d’autrui et ainsi à la construction d’une théorie de l’esprit. L’imitation est en donc considérée comme un précurseur de la théorie de l’esprit et un déficit des capacités d’imitation pourrait entraîner une cascade de déficits dans les domaines des émotions, de l’attention partagée, du jeu de faire semblant et de la théorie de l’esprit . Nous reviendrons plus tard sur l’importance de l’imitation dans la mise en place de ses capacités.