Le cortex préfrontal 

Classiquement, les structures du cortex préfrontal sont considérées comme le soubassement cérébral des processus exécutifs. En effet, de nombreuses données neuropsychologiques ont montré que les fonctions exécutives étaient sélectivement perturbées lors d’une lésion du cortex frontal. Néanmoins des patients avec lésions frontales peuvent ne pas présenter de déficits exécutifs alors que des patients avec des lésions ne touchant pas le cortex frontal peuvent présenter de tels déficits. La plupart des travaux d’imagerie explorant les substrats cérébraux du fonctionnement exécutif chez des sujets normaux ont mis en évidence une importante hétérogénéité dans les régions activées par différentes tâches exécutives, avec certes une très forte implication des régions frontales mais également un rôle des régions postérieures et plus particulièrement pariétales . Ainsi, le fonctionnement exécutif ne dépendrait pas exclusivement du cortex préfrontal mais exigerait la contribution d’un réseau cérébral beaucoup plus large : le concept de “fonctions exécutives” ne recouvrirait que partiellement celui de “fonctions préfrontales”.

Anatomiquement, le cortex préfrontal est le lieu où s’intègrent toutes les informations du monde extérieur et du monde intéroceptif et où s’organise le contrôle moteur. En effet le cortex préfrontal établit des connexions réciproques avec toutes les aires impliquées dans l’analyse et le traitement des informations sensorielles ce qui lui confère une action modulatrice et une intégration multisensorielle rendant possible l’élaboration d’une représentation interne du monde extérieur. Il reçoit également de nombreuses projections des aires limbiques intégrant les informations sur le milieu intérieur, l’état affectif et motivationnel. Par ses efférences sur le striatum et le cortex prémoteur, il participe au contrôle moteur et à l’organisation des plans d’action. Ainsi, selon Dubois, Pillon et Sirigu , « le cortex préfrontal, par ce dispositif anatomique, représente une plate-forme d’intégration où s’actualise et se met en place une représentation interne de l’expérience en cours ou de la situation environnementale avec ses attributs motivationnels et affectifs, permettant l’élaboration d’un plan d’action en accord avec des expériences antérieures ».

Le cortex préfrontal comprend plusieurs régions et principalement on distingue le cortex préfrontal dorsolatéral (CPF-DL) et le cortex orbitofrontal (COF) sur la base de connexions neuroanatomiques différentes et de l’implication de systèmes de neurotransmetteurs différents. Le CPF-DL joue un rôle important dans l’intégration des informations sensorielles et mnésiques et dans la régulation de l’action. Le COF est davantage impliqué dans l’intégration des informations émotionnelles et dans la régulation des comportements motivés.