Méthode

Participants

Nous avons comparé les performances de trois groupes de sujets : 16 adolescents autistes (15 garçons et 1 fille), 14 adolescents présentant un retard mental (9 garçons et 5 filles) et 15 adolescents normaux (9 garçons et 6 filles). Les caractéristiques des trois groupes sont présentées en détail dans le Tableau 3.

Tableau 3. Caractéristiques des sujets

Nous avons recruté les sujets autistes à l’ITTAC (Service de Psychiatrie Infanto-Juvénile du Vinatier, Villeurbanne) et tous répondaient aux critères diagnostiques DSM-IV soit pour Trouble Autistique (n=10) soit pour Trouble Envahissant du Développement Non Spécifié (forme atypique d’autisme) (n=6). Le diagnostic a été établi par un pédopsychiatre sur la base de différentes sources d’informations comprenant entre autre : une évaluation psychologique standardisée, des observations cliniques, une interview avec les parents afin d’établir l’anamnèse et repérer les symptômes autistiques, des questionnaires complétés par les parents et permettant d’évaluer les compétences sociales et comportementales de l’enfant, des évaluations antérieures et des observations scolaires. Afin d’estimer la sévérité des symptômes autistiques, l’échelle CARS (Childhood Autistic Rating Scale) a été complétée pour 12 adolescents : le score moyen était de 31.7 (écart-type = 6), dix obtenant un score correspondant à un autisme léger à modéré et deux obtenant un score correspondant à un autisme sévère. Tous les sujets autistes testés bénéficiaient de prises en charge éducatives et psychothérapeutiques depuis de nombreuses années.

Nous avons recruté les adolescents avec retard mental à l’ITTAC et à l’Institut Médico-Educatif Yves Farges (Vaulx-en-Velin). Il s’agissait d’une population hétérogène composée de sujets avec retard mental isolé ou avec difficultés modérées d’apprentissage.

Le groupe de sujets normaux était composé d’adolescents scolarisés dans différentes écoles de Villeurbanne et ne présentant aucun trouble neurologique et psychiatrique avéré et aucun retard scolaire.

Les adolescents autistes et avec retard mental étaient appariés sur l’âge chronologique et les quotients intellectuels (QI Total, QI Verbal et QI Performance) établis avec la troisième édition de l’échelle d’intelligence de Wechsler pour enfants . Bien que les sujets avec retard mental présentaient un QI Performance légèrement plus élevé, la différence n’était pas significative (t = -1,2; p>0.24). De plus nous avons apparié l’âge chronologique des sujets normaux avec l’âge mental verbal des sujets autistes et retardés mentaux (ce dernier étant dérivé du QI Verbal).

Le groupe des sujets autistes était essentiellement composé de garçons, ce qui n’était pas le cas des deux groupes témoins. Etant donné cette distribution de sexe inégale, nous avons exécuté une analyse statistique pour mesurer l’effet du genre. Aucun effet significatif du genre n’a été trouvé sur les variables de la tâche.

Les sujets autistes et normaux ont passé deux tâches classiques de fausse croyance : la tâche de Sally & Anne et la tâche des Smarties . Tous les sujets ont réussi les questions-contrôle (mémoire et réalité). Huit des seize sujets autistes ont réussi les deux tâches de fausse croyance, alors que cinq sujets ont réussi seulement une des deux épreuves et trois ont échoué les deux épreuves. Quatorze des quinze sujets normaux ont réussi les deux tâches alors que seulement un sujet a échoué une des deux tâches (Tableau 3). Les résultats des sujets retardés mentaux pour les tâches de fausse croyance ne sont pas disponibles. Etant donné la proportion élevée de sujets autistes qui ont réussi les tâches de fausse croyance, l’analyse de corrélation Pearson a été réalisée pour examiner si la performance dans ces épreuves était corrélée avec l’âge mental verbal, comme suggéré par Happé . La performance dans les tâches de fausses croyances était effectivement corrélée avec l’âge mental verbal (r = 0.66; z = 2.84; p = 0.004).