Enfants : normaux, autistes et avec retard mental

Comme nous n’avons pas mis en évidence de différence importante entre les enfants normaux de 8, 12 et 15 ans et afin de faciliter les analyses, nous avons regroupé les résultats des 3 groupes d’enfants normaux.

Compréhension des actions.

Identification. Tous les sujets ont identifié correctement les séquences « se laver les dents » et « préparer du café » alors que deux sujets autistes et un sujet avec retard mental n’ont pas pu donner un titre pour la séquence « boire un verre de coca ».

Familiarité. La séquence « se laver les dents » était jugée familière par tous les sujets. La séquence « boire un verre de coca » était jugée familière par tous les sujets autistes mais seulement par trois enfants avec retard mental. Aucun enfant autiste et avec retard mental n’a jugé la séquence « préparer du café » comme étant une activité familière.

Rappel libre. Un enfant autiste n’a pas pu réaliser les tâches de rappel libre et de reconnaissance du fait de difficultés importantes d’expression verbale.

Les analyses n’ont révélé aucune différence entre les enfants autistes et avec retard mental concernant le nombre d’actions rappelées et cela pour les trois séquences (pour toutes les comparaisons p>.22 avec le test U de Mann et Whitney). En revanche, les deux groupes de patients ont rappelé moins d’actions que les enfants normaux et cela pour les trois séquences.

L’analyse des productions a montré que les enfants autistes et avec retard mental réalisaient beaucoup d’erreurs de séquence de type inversions mais en quantité relativement équivalente. Ces erreurs de séquence était surtout observées pour la séquence « se laver les dents ». Par ailleurs, les autistes avaient tendance à faire beaucoup de répétitions.

Reconnaissance. Les analyses n’ont révélé aucune différence entre les groupes concernant le nombre de réponses correctes en reconnaissance et cela pour les trois séquences (plus de 93 % de réponses correctes quelle que soit la séquence).

Nombre d’appuis. Voir Figure 7.

Pour les trois séquences, les enfants normaux ont réalisé plus d’appuis dans la condition SMALL par rapport aux conditions FREE et LARGE, et plus d’appuis dans la condition FREE par rapport à la condition LARGE (SMALL > FREE > LARGE).

Pour la séquence « se laver les dents », les enfants autistes ont réalisé autant d’appuis dans les conditions FREE et SMALL, et le nombre d’appuis dans ces deux conditions était supérieur à celui observé dans la condition LARGE (FREE = SMALL > LARGE). En revanche les enfants avec retard mental présentaient le même profil de réponse que les enfants normaux (c’est-à-dire SMALL > FREE > LARGE).

Pour la séquence « boire un verre de coca », les enfants autistes et avec retard mental ont réalisé autant d’appuis dans les conditions FREE et SMALL, et le nombre d’appuis dans ces deux conditions était supérieur à celui observé dans la condition LARGE.

Pour la séquence « préparer du café », le nombre d’appuis réalisés par les enfants autistes dans la condition FREE ne différait pas du nombre d’appuis réalisés dans les conditions SMALL et LARGE, et la différence entre la condition SMALL et LARGE était limite (Wilcoxon, p=.045). En revanche, les enfants avec retard mental présentaient le même profil de réponse que les enfants normaux (c’est-à-dire SMALL > FREE > LARGE).

En ce qui concerne l’effet du facteur « groupe » sur le nombre d’appuis en fonction de la condition, les analyses avec le test U de Mann-Whitney ont montré que, quelles que soient la condition et la séquence, les enfants avec retard mental ne différaient pas des enfants autistes ET des enfants normaux, mis à part dans la condition LARGE pour la séquence « boire un verre de coca » où les enfants avec retard mental avaient une légère tendance à réaliser plus d’appuis que les enfants normaux (p=.044).

Dans la condition FREE, les enfants autistes ont réalisé moins d’appuis que les enfants normaux pour les séquences « se laver les dents » (p<.02) et « préparer du café » (p<.006), mais ils ne différaient pas entre eux pour la séquence « boire un verre de coca ».

Dans la condition SMALL, les enfants autistes ont réalisé moins d’appuis que les enfants normaux pour les trois séquences (p<.004).

Enfin, dans la condition LARGE, alors qu’enfants autistes et normaux ne différaient pas entre eux pour la séquence « se laver les dents », les enfants autistes ont réalisé plus d’appuis que les enfants normaux pour les séquences « boire un verre de coca » (p<.007) et « préparer du café » (p<.01).

Figure 7. Nombre moyen d’appuis pour chaque groupe en fonction du type de segmentation pour les séquences « se laver les dents », « boire un verre de coca » et « préparer du café ».

Nombre de frontières identifiées. Voir Figure 8.

Les analyses réalisées avec le test U de Mann-Whitney ont montré que, dans la condition SMALL pour les trois séquences, les enfants avec retard mental ne différaient pas des enfants autistes ET des enfants normaux. En revanche, les enfants autistes identifiaient moins de frontières que les enfants normaux (quelle que soit la séquence, p<.01).

Dans la condition LARGE, aucune différence n’a été observée entre les groupes.

Tous les enfants, autistes, avec retard mental et normaux, ont identifié autant de frontières dans la condition SMALL que dans la condition LARGE pour les séquences « boire un verre de coca » et « préparer du café ». En revanche, pour la séquence « se laver les dents », les enfants normaux identifiaient plus de frontières dans la condition SMALL par rapport à la condition LARGE (p=.0002), alors que les enfants autistes avaient tendance à identifier plus de frontières dans la condition LARGE que dans la condition SMALL (p=.04). Quant aux enfants avec retard mental, ils identifiaient autant de frontières dans les deux conditions.

Figure 8. Pourcentage de frontières identifiées dans les conditions SMALL et LARGE pour chaque groupe et pour les séquences « se laver les dents », « boire un verre de coca » et « préparer du café ».