Adultes : normaux, autistes et avec retard mental

Compréhension des actions.

Identification. Tous les sujets ont identifié correctement les trois séquences.

Familiarité. La séquence « se laver les dents » était jugée familière par tous les sujets normaux et avec retard mental et la quasi-totalité des autistes (seul un sujet dit savoir se laver les dents mais le faire rarement !). La séquence « boire un verre de coca » était jugée familière par tous les sujets. En revanche, la séquence « préparer du café » était jugée familière par seulement 67 % des adultes avec retard mental et 7 % des adultes autistes.

Rappel libre. Les analyses n’ont révélé aucune différence entre les adultes autistes et avec retard mental concernant le nombre d’actions rappelées et cela pour les trois séquences (pour toutes les comparaisons p>.43 avec le test U de Mann et Whitney). En revanche, les deux groupes de patients rappelaient moins d’actions que les adultes normaux et cela pour les trois séquences.

L’analyse des productions a montré que les adultes autistes et avec retard mental réalisaient beaucoup d’erreurs de séquence de type inversions mais en quantité relativement équivalente. Ces erreurs de séquence étaient surtout observées pour la séquence « se laver les dents ».

Reconnaissance. Les analyses n’ont révélé aucune différence entre les groupes concernant le nombre de réponses correctes en reconnaissance pour les séquences « boire un verre de coca » et « préparer du café » (seul un autiste a fait une erreur).

Pour la séquence « se laver les dents », les autistes n’ont commis aucune erreur alors que trois sujets avec retard mental se sont trompés (test U de Mann-Whitney, p=.04).

Nombre d’appuis. Voir Figure 9.

En ce qui concerne le facteur « type de segmentation », les analyses ont montré que les adultes avec retard mental réalisaient plus d’appuis dans la condition SMALL par rapport aux conditions FREE et LARGE, et plus d’appuis dans la condition FREE par rapport à la condition LARGE (SMALL > FREE > LARGE) ; et cela pour les trois séquences. Ce profil de performance est semblable à celui observé chez les adultes normaux.

Pour les séquences « se laver les dents » et « boire un verre de coca », les adultes autistes ont réalisé autant d’appuis dans les conditions FREE et SMALL, et le nombre d’appuis dans ces deux conditions était supérieur à celui observé dans la condition LARGE (FREE = SMALL > LARGE). En revanche pour la séquence « préparer du café », ils présentaient le même profil de réponse que les adultes normaux et avec retard mental (c’est-à-dire SMALL > FREE > LARGE).

Figure 9. Nombre moyen d’appuis pour chaque groupe en fonction du type de segmentation pour les séquences « se laver les dents », « boire un verre de coca » et « préparer du café ».

En ce qui concerne l’effet du facteur « groupe » sur le nombre d’appuis en fonction de la condition, les analyses avec le test U de Mann-Whitney ont montré que, quelles que soient la condition et la séquence, il n’y avait pas de différence entre les adultes autistes et avec retard mental (pour toutes les comparaisons, p>.08).

Dans la condition LARGE, il n’y avait pas de différence entre les trois groupes de sujets pour les trois séquences.

Dans la condition SMALL et pour les trois séquences, les adultes normaux ont réalisé plus d’appuis que les deux groupes de patients.

Dans la condition FREE pour la séquence « se laver les dents », les adultes autistes ne différaient pas des adultes normaux, alors que les adultes avec retard mental réalisaient moins d’appuis que les adultes normaux. Pour la séquence « boire un verre de coca », les adultes autistes et avec retard mental ont réalisé moins d’appuis que les adultes normaux. Enfin, pour la séquence « préparer du café », les adultes autistes réalisaient moins d’appuis que les adultes normaux, alors que les adultes avec retard mental ne différaient pas des adultes normaux.

Nombre de frontières identifiées. Voir Figure 10.

Les analyses réalisées avec le test U de Mann-Whitney ont montré que, dans la condition SMALL et pour les trois séquences, les adultes normaux ont identifié plus de frontières que les groupes de patients (p<.02). En revanche les deux groupes de patients ne différaient pas entre eux.

Dans la condition LARGE et pour les trois séquences, les adultes autistes ont identifié autant d’actions que les adultes normaux, alors que les adultes avec retard mental ont identifié moins d’actions que les adultes normaux. Pour les séquences « se laver les dents » et « préparer du café », les différences entre adultes autistes et avec retard mental n’étaient pas significatives, alors que pour la séquence « boire un verre de coca », les autistes identifiaient plus d’actions que les adultes avec retard mental (test U de Mann-Whitney, p=.012).

Figure 10. Pourcentage de frontières identifiées dans les conditions SMALL et LARGE pour chaque groupe et pour les séquences « se laver les dents », « boire un verre de coca » et « préparer du café ».

En ce qui concerne l’effet du facteur « groupe » sur le nombre de frontières identifiées en fonction du type de segmentation, les analyses n’ont révélé aucune différence significative c’est-à-dire que tous les sujets identifiaient autant d’actions dans la condition SMALL que dans la condition LARGE. En fait, seuls les sujets avec retard mental avaient tendance à identifier moins d’actions dans la condition LARGE par rapport à la condition SMALL pour la séquence « boire un verre de coca » (Wilcoxon, p=.046).