Conclusion

Nous avons commencé notre travail en présentant une vue d’ensemble de deux dysfonctionnements cognitifs majeurs observés dans l’autisme : un trouble de théorie de l’esprit et un déficit exécutif. Cela nous a conduit à nous interroger sur les liens possibles entre ces deux fonctions et à proposer l’hypothèse que tant le déficit en théorie de l’esprit que le déficit exécutif pourraient dériver d’un trouble plus fondamental et général affectant les processus de perception et de représentation de la structure finalisée du mouvement, des actes et d’actions plus complexes.

Le principal apport de ce travail est d’avoir utilisé les modèles issus de la psychologie cognitive et de la neuropsychologie afin de mettre en évidence des difficultés dans l’organisation même des représentations de l’action dans l’autisme. Les perturbations mises en évidence concernent d’une part les niveaux les plus simples de l’organisation hiérarchique des représentations de l’action, ceux directement en lien avec l’utilisation des objets, et d’autre part l’établissement des liens temporels et causaux entre les différentes étapes nécessaires à l’accomplissement d’un but donné.

Certes de nombreuses questions restent ouvertes concernant la nature de ces difficultés et la cascade de déficits qui en découle tant sur le plan de la régulation du comportement que de la cognition sociale.

Par ailleurs, une de principale limite à la compréhension des troubles chez l’enfant autiste est le manque de théorisations et de données empiriques concernant d’une part le développement normal des différents mécanismes de perception et de contrôle de l’action, et d’autre part de l’implication de ces mécanismes dans le développement de fonctions cognitives plus haut niveau. L’alternative consistant à utiliser les modèles de fonctionnement adulte permet de proposer un certain nombre d’hypothèses intéressantes sur les déficits cognitifs primaires rencontrés dans l’autisme mais les interprétations sont rapidement limitées par le manque de données développementales.

Ainsi, l’hypothèse d’une perturbation du système miroir dans l’autisme est d’un intérêt théorique important, permettant d’établir un lien entre la théorie de l’action et la théorie de l’esprit, mais nous insistons sur la nécessité de comprendre comment se met en place un tel système dans le développement normal afin d’affiner nos hypothèses dans le cadre de pathologie(s) neurodéveloppementale(s).