Qui sont ces croisés pacifiques, ces mille pèlerins de la IXe croisade dont le nom sera auréolé de gloire aux yeux des pèlerins futurs ?
Nous aurons l’occasion d’approfondir et d’analyser les participants des 47 pèlerinages jusqu’en 1914 dans la seconde partie de notre travail. Nous nous limiterons ici, à une analyse spécifique des pèlerins de 1882 qui ont valeur de symbole.
Il convient en priorité d’étudier l’état-major du pèlerinage. Le Père Picard est l’infatigable chef des pèlerinages et plus encore de ce dernier. Les autres assomptionnistes sont les disciples enthousiastes de ce Pierre l’Hermite contemporain 292 . Attachons-nous plus particulièrement à détailler les laïcs qui vont œuvrer à cet événement. Trois personnages se distinguent en particulier, qui par leur nom et leur dévouement sont les vrais organisateurs du pèlerinage : M. Tardif de Moidrey, Bernard Bailly et le Comte de Piellat.
Le premier doit en partie sa célébrité à son frère, décédé en 1880, et premier inspirateur d’un pèlerinage en Terre Sainte, et surtout pèlerin et prédicateur infatigable sur la montagne de La Salette. Il fit ses armes de catholique intransigeant en démissionnant de sa charge de magistrat en 1880 lors des expulsions de congrégations et après cette date se consacre au comité des pèlerinages. Il est dès le mois de mars 1882 en Terre Sainte pour préparer la venue de 500 pèlerins qui seront en fait 1000. Les Annales de la Mission de Notre Dame de Sion en dressent un portrait fort élogieux : « L’honorabilité de l’ancien magistrat, la fermeté de sa foi, sa haute prudence, son esprit de conciliation et la distinction de sa personne, lui gagnèrent, de prime abord, la sympathie de tout Jérusalem, lorsqu’il s’y présenta en compagnie du commandant de Bailly » 293 .
Le deuxième doit également sa célébrité à son nom de famille, avec un père à l’origine des Conférences de St Vincent de Paul, et deux frères assomptionnistes de premier plan, puisque le premier, Vincent de Paul, deviendra la plume de la Croix mais également, l’organisateur des pèlerinages en Terre Sainte jusqu’en 1910, à l’exception de celui de 1882. Le deuxième frère, Emmanuel, membre de la croisade de 1882, devient, à la mort du Père Picard en 1903, le supérieur de la congrégation. Bernard Bailly, amiral en disponibilité, part en reconnaissance avec M. Tardif de Moidrey, mais seulement pour quelques jours et revient en France pour finaliser les préparatifs.
Le troisième doit sa renommée à sa fortune et à son dévouement inlassable pour les œuvres catholiques de Terre Sainte. Pèlerin en 1874, il s’établit par la suite à Jérusalem où il fait construire l’hôpital Saint Louis et achète de nombreux terrains susceptibles d’accueillir des communautés religieuses. Ayant acquis une bonne connaissance des usages de ce pays, il développe une grande énergie dans l’organisation pratique du pèlerinage que ce soit en Galilée ou à Jérusalem.
D’autres laïcs sont à mettre en avant pour leur participation à l’organisation ou la direction des groupes de pèlerins pendant le pèlerinage. M. de Belcastel, ancien sénateur, ardent défenseur des droits de Dieu en France, qui forme l’avant-garde de la caravane de Samarie et porte les bannières lors de la procession à Jérusalem. Son statut social, ses discours enflammés en font un personnage de référence tout au long des 6 semaines du pèlerinage. Le Comte de l’Epinois, M. de Lacroix font également partis de l’encadrement des pèlerins.
A ces noms, il faut ajouter les deux personnages essentiels que sont les capitaines des bateaux : M.M. Simon et Fortier.
Les assomptionnistes présents au pèlerinage des mille sont : P.P. Hippolyte (directeur du pèlerinage sur la Picardie), E.Bailly (directeur du pèlerinage sur la Guadeloupe), Germer-Durand, Joseph Maubon, Alexandre Géry et neuf frères.
Annales de Notre Dame de Sion, op. cit., p.5.