Dans un premier temps, la France doit faire face aux anglicans et protestants prussiens d’un côté et aux orthodoxes russes de l’autre, chacun essayant de se placer sur le terrain éminemment symbolique de la Palestine. Les anglicans, par le biais de leurs missionnaires 406 sont présents en Orient dès le début du XIXe siècle et malgré l’absence totale de population protestante réussissent par une forte propagande à se forger un espace d’influence principalement à Jérusalem même si le nombre de fidèles reste très faible. La présence missionnaire se couple avec la volonté d’une présence politique 407 et l’installation du premier consulat européen à Jérusalem en 1838 suivi par la Prusse en 1842. Entre temps, les deux puissances s’allient pour la création d’un patriarcat anglo-prussien en 1841, avec des évêques nommés par alternance, tantôt par l’Angleterre, tantôt par la Prusse. Le but est essentiellement de convertir les juifs ou tout au moins de leur assurer une protection, puisque le nombre de convertis est au fil des années fort réduit 408 . Pour les catholiques, qui rétablissent dans le même temps leur patriarcat et font appel aux premières congrégations religieuses, ce sont des concurrents redoutables, fort argentés et qui s’adressent à une population chrétienne très versatile en terme de croyance.
Deux sociétés missionnaires jouent un rôle important : la « Church Missionary Society » et la « London Jews Society », cette dernière ayant surtout l’ambition de convertir les juifs de Palestine.
Cette volonté d’influence des Anglais dans l’Empire Ottoman est particulièrement significative dans son aide apporté au sultan pour refouler Ibrahim Pacha jusqu’en Egypte.
La nomination d’un juif converti, Michaël Alexander, indique clairement la volonté des protestants de convertir un maximum de juifs qui sont la plus forte communauté à Jérusalem. Ces derniers voient cette initiative d’un très mauvais œil, surtout par rapport à ce nouveau patriarche qui issu d’une famille juive orthodoxe d’Allemagne devient anglican et prêtre et est donc un danger pour tous les membres de la communauté juive de Jérusalem. Les conversions restent infimes.