En 1887, le Père Germer-Durand, assomptionniste, archéologue, prend la direction de Notre-Dame de France et développe l’hospice tant attendu par les pèlerins puis après pour tous les visiteurs de passage à Jérusalem. Son but, comme celui du Père Picard, est par ailleurs d’ouvrir en marge de l’hôtellerie une maison d’études pour les séminaristes.
Notre-Dame de France accueille, à partir de la caravane de 1887, la majorité des pèlerins puis, avec l’avancement des travaux, la totalité. Lors du Congrès Eucharistique de 1893, le légat du pape, Mgr Langénieux, est logé par les assomptionnistes et pose à la fin du Congrès la première pierre de la chapelle. A la fin du siècle, l’hôtellerie est l’une des plus luxueuses de Terre Sainte, disposant en particulier de l’électricité, ce qui fait d’elle la première hôtellerie de Jérusalem à en disposer. Les assomptionnistes l’obtiennent grâce à une grosse locomobile et à une dynamo, qui a pu passer librement à la douane, alors que le sultan interdit de faire passer des dynamos, par crainte de dynamite. Mais, en vertu du protectorat, les Français pouvaient tout recevoir sans frais de douane. L’utilisation de cette invention moderne fait grande impression sur les populations locales :
« Nous pouvions alors, les jours de fête, faire apparaître, sur l’une des deux tours, une grande croix lumineuse formée de trois cents lampes et qui stupéfiait littéralement les Arabes. Un cheik, qui nous avait reçus royalement au désert, étant venu nous voir, nous lui montrions une de ces lampes qui brûlaient la tête en bas et il nous suppliait de lui faire cadeau d’un de ces cheitan (un diable) » 445 .
Les assomptionnistes se dotent également d’une imprimerie, utilisée par d’autres communautés et occasionnellement par le consulat de France.
A partir de 1891, se met en place une maison d’études avec l’arrivée de sept étudiants venus avec la 10e caravane de pénitence. Cette création n’est pas le fruit du hasard mais la conséquence des mesures anticléricales de la France qui obligent les séminaristes à faire leur service militaire (œuvre du Général Boulanger). Il y a tout de même une exception que vont utiliser les assomptionnistes : en vertu de l’article 50 de cette nouvelle loi, les Français domiciliés à l’étranger, hors d’Europe avant l’âge de 19 ans, sont considérés comme ayant satisfait au service militaire si leur séjour à l’étranger se prolonge pendant 10 ans.
Ainsi, par obligation, de peur de voir partir dans les rangs de l’armée de cette République Française ingrate de jeunes séminaristes plein d’avenir, Notre-Dame de France ouvre ses portes à ses jeunes recrues de moins de 19 ans. Cette maison d’études dirigée par le Père Germer-Durand accueille de 30 à 40 étudiants qui vont suivre un enseignement sur place et à l’Ecole Biblique 446 . En 1898, ce ne sont pas moins de 54 étudiants qui seront passés par Jérusalem avant de partir vers d’autres missions. A noter que pendant les pèlerinages, et donc durant le séjour des pèlerins, l’enseignement s’arrête. Les jeunes religieux se consacrent au service des hôtes et pour le Père Germer-Durand ce n’est pas un temps perdu « puisqu’on a pensé qu’il était utile d’exercer ainsi les Frères à la pratique de la charité et de l’humilité. L’effet a été excellent au point de vue de l’édification » 447 .
Enfin, Notre-Dame de France accueille un musée d’antiquités palestiniennes conçu par le Père Germer-Durand 448 , qui en multipliant ses fouilles en Terre Sainte, devient un archéologue de premier plan.
Pages d’archives, avril 1961, n°13, p.421.
Les cours portent en priorité sur la philosophie puis sur la langue grecque, l’écriture sainte et les langues orientales. Au fil des années, l’enseignement évolue avec la priorité donnée à l’enseignement de l’hébreu et de plus longues études théologiques.
Rapport du Père Germer-Durand sur la maison d’études de Jérusalem, 1892, AAR, IE-10.
Ce musée occupe un vaste emplacement, divisé en plusieurs sections : « Celle de la préhistoire est représentée par des silex taillés de différents âges (…). Celles des époques historiques anciennes, Cananéenne et Juive, comprennent des poteries des âges anciens, depuis le premier bronze, vers l’an 3500, jusqu’au temps du Christ. Une collection d’environ 4000 monnaies romaines (…). Les antiquités byzantines et médiévales comportent un certain nombre de chapiteaux, de sculptures, de statuettes, d’inscriptions grecques et latines, de monnaies et de sceaux en plomb.
Ce qui excite le plus l’intérêt des pèlerins et des visiteurs, ce sont les plans divers de la Jérusalem ancienne, d’après des études récentes et ceux du Saint-Sépulcre et du Calvaire, au temps de Jésus-Christ », Historique de Notre-Dame de France, 1946, AAJ.