En Terre Sainte : de la Galilée à la Judée

Le pèlerinage de 1882 eut comme ambition de visiter tous les lieux où le Christ a laissé sa trace. La Galilée et la Judée sont ainsi privilégiées.

Dès l’année suivante, les dispositions sont les mêmes, l’itinéraire et la répartition des pèlerins changent peu. L’année 1883 fait cependant exception, par rapport aux caravanes suivantes, avec un itinéraire à l’envers puisque les pèlerins débarquent à Jaffa et vont directement à Jérusalem par Ramleh et Latroun et ce n’est qu’en fin de séjour qu’ils se rendent en Galilée. Il n’y a pas de « chevauchée fantastique » à travers la Samarie !

L’ensemble des pèlerins ne visite cependant pas la Galilée puisqu’une centaine de prêtres suivent une retraite à Jérusalem avec le Père Matthieu Leconte et cent autres restent à Caïffa et n’entreprennent pas la visite de Nazareth, Tibériade et du Mont Thabor.

A partir de 1884 et pour les années suivantes, les pérégrinations en Terre Sainte suivent le même itinéraire avec trois groupes différents en fonction des possibilités de chacun.

L’ensemble des pèlerins débarquent à Caïffa et logent au Mont Carmel. De là, le premier groupe part à destination de Jaffa puis de Jérusalem alors que le deuxième et le troisième groupe se rendent à Nazareth puis à Tibériade et au Mont Thabor. Puis ces deux groupes se divisent, le deuxième retourne à Caïffa prendre le bateau pour Jaffa puis Jérusalem, alors que le troisième, le plus aventurier, rejoint la Ville Sainte par la Samarie.

Le séjour à Jérusalem dure environ deux semaines, entrecoupé d’excursions à Bethléem, à la mer Morte, à Jéricho et au Jourdain. Suivant les caravanes, une visite d’Hébron est proposée.

Les Pèlerinages de Pénitence adoptent ainsi une habitude qui leur permet d’être encore plus présents dans le paysage palestinien, par les fréquences de leurs venues et la régularité de leurs visites.

Figure 24
Figure 24 Echos de Notre Dame de France, n°4 (nouvelle série), mars 1893.

Itinéraires du pèlerinage (1883-1892)

En ce qui concerne les conditions de voyage en Terre Sainte, elles évoluent peu par rapport à la première caravane de pénitence, si ce n’est qu’en 1893 la mise en service de la ligne de chemin de fer Jaffa-Jérusalem améliore grandement le confort des pèlerins. Le Père Vincent de Paul Bailly, dans l’un de ses courriers, en 1889, décrit les conditions pénibles pour les pèlerins que représentait cette route entre Jaffa et Jérusalem, surtout après plusieurs semaines de pèlerinage : 

« Un point sur lequel je prie M. de Piellat d’insister, c’est sur le mauvais transport de Jaffa à Jérusalem et retour sur des chariots horribles par économie.

Il y a des abus. (…) Ma remarque constante est que le retour de Jérusalem à Jaffa est la cause principale des maladies et des morts, deux pèlerins sont morts sur le bateau la première nuit des suites des fatigues » 560 .

Les stations au Mont Carmel apparaissent toujours aussi peu agréables, toujours aux dires du Père Bailly qui considère « qu’après le retour à Jaffa le plus mauvais pas du pèlerinage est le campement dans les couloirs du Carmel, sans latrines suffisantes, sans lumière suffisante, sans eau pour se laver et avec un bruit qui ne permet pas une heure de sommeil sérieux » 561 .

Les pèlerins doivent véritablement attendre la fin du siècle pour obtenir un confort qui se rapproche des normes européennes et éviter des chutes aux conséquences graves, des nuits sans sommeil comme c’est souvent le cas en dehors de Jérusalem comme l’évoque le Père Baudouy pour Tibériade en 1883 : 

« Aucun hôtel à cette époque. (…) Les drogmans distribuent les pèlerins parmi les familles les plus recommandables qui, d’ailleurs, se disputent l’honneur de les héberger. (…) Malheureusement, les lits étaient copieusement habités, et les pèlerins en sortirent le matin comme d’un buisson d’épines » 562 .

Notes
559.

Echos de Notre Dame de France, n°4 (nouvelle série), mars 1893.

560.

Vincent de Paul Bailly, Lettres, au Père Germer-Durand, le 21 avril 1889, AAV, tome X, n°2480.

561.

Ibid.

562.

Ernest Baudouy, op. cit , p.391.