Des tarifs aux multiples facettes

En 1882, les prix du pèlerinage étaient proposés en fonction des différentes classes, soit 550 francs pour les premières, 425 francs pour les secondes et 250 francs pour les troisièmes.

Pour les caravanes suivantes, les trois classes sont toujours présentes, et les tarifs connaissent d’année en année une augmentation qui rend au fil des ans le pèlerinage de moins en moins populaire ; les excursions facultatives coûtent chères et les escales en Egypte sont en supplément. Les bénéficiaires de souscriptions n’ont que le transport de payé et doivent subvenir à leur besoin une fois en Palestine, ce qui provoque parfois des remous auprès des autres pèlerins puisqu’ils bénéficieront en particulier de places gratuites dans les Casa Nova des Franciscains, qui sont censés apporter l’hospitalité aux pèlerins défavorisés. Le Père Vincent de Paul Bailly aura ces mots concernant les pèlerins pauvres : 

« Forcément les gens qui refusent de payer occupent néanmoins les meilleures places ; les Franciscains les logent mieux que les pèlerins et même que la direction. C’est le fait de notre caravane » 564 .

En 1884, les tarifs sont les suivants :

-1e classe : 600 francs

- 2e classe : 450 francs

- 3e classe : 300 francs

Ces prix ne comprennent pas les excursions pour Tibériade et la Samarie.

En 1885, les prix ont sensiblement augmenté pour atteindre 735 francs pour les premières, 585 francs pour les secondes et 435 francs pour les troisièmes. A cela, il faut compter un supplément de 40 francs pour le groupe de Tibériade et de 60 francs pour celui de Samarie.

Pour les trois classes, les programmes indiquent que tout est compris, c'est-à-dire logement, nourriture et voyage. Ils sont une nouvelle fois différents pour les pèlerins qui bénéficient de souscriptions et qui doivent payer leur logement et leur nourriture en Terre Sainte. Les problèmes semblent être multiples avec ces pèlerins. Outre le fait qu’ils obtiennent l’hospitalité chez les Franciscains, certains ne prévoient pas du tout d’argent pour leur séjour et sont en fin de compte à la charge du pèlerinage.

En 1889, le comité de pèlerinage indique qu’il « prend à sa charge le logement, les transports, la nourriture et tous les frais d’embarquement et de débarquement de Marseille à Marseille, à l’exception du voyage et de l’arrêt à Rome » 565 . Pour cette VIIIe caravane, les prix sont de 760 francs en première, 610 en deuxième et 460 en troisième ; mais à cela il faut ajouter le séjour à Rome qui n’est pas pris en charge même si le comité de pèlerinage réclame à l’avance le prix des billets de train de Civita-Vecchia à Rome soit 14 francs en première, 11 francs en deuxième et 8 francs en troisième. En Terre Sainte, les excursions facultatives à Tibériade et en Samarie sont respectivement de 55 et 60 francs. Deux autres excursions sont aussi proposées au Jourdain et à Hebron, mais le programme indique que le coût n’est pas encore connu mais qu’il est économique ! Pour les pèlerins défavorisés, les données sont les suivantes : « Un certain nombre de personnes, désireuses de faire le pèlerinage, mais trop pauvres pour en supporter tous les frais, s’adressent au Comité. Une souscription est ouverte pour les aider.

Les billets gratuits accordés, grâce à ces aumônes, ne représentent ni le voyage et séjour à Rome, ni le logement et nourriture en Terre Sainte. Aussi, ceux qui en jouiront, ont-ils à verser immédiatement après l’avis de leur acceptation, la somme de 160 francs, pour ces frais. Ils ont aussi à leur charge, le voyage à Marseille, aller et retour, ainsi que les frais de transport et de séjour à Rome » 566 .

Pour les trois pèlerinages « égyptiens », les tarifs n’ont pas augmenté par rapport à 1889, mais il faut ajouter le séjour en Egypte qui n’est pas pris en compte, soit quatre jours à sa charge même si le comité s’engage à trouver des logements à très bon compte. Deux ans plus tard, pour le pèlerinage de 1892, le supplément pour l’Egypte est pris en charge par le comité après l’acquittement de 120 francs pour les premières, 90 francs pour les secondes et 70 francs pour les troisièmes.

Tous les tarifs que nous avons détaillés ne prennent pas en compte le trajet pour se rendre à Marseille à l’aller et le retour chez soi. Le comité des pèlerinages s’engage à obtenir des réductions pour ces trajets. En 1889, on note que le coût d’un voyage en train Paris-Marseille est de 115 francs en première classe, 85 francs en deuxième et 63 francs en troisième. Pour le trajet Lyon-Marseille, il faut compter 5O francs en première, 37 francs en deuxième et 26 francs en troisième.

En fin de compte, pour un pèlerin parisien de 1889, s’il effectue son pèlerinage en première classe, comprenant les différentes excursions, il doit débourser la somme de 1004 francs 567 , sans compter le séjour à Rome, et surtout les frais en Terre Sainte qui sont multiples, en particulier pour les objets de piété, car l’on ne sait pas si l’on reviendra à Jérusalem !

Pour le « pèlerin pauvre », la souscription permet qu’il ne paye pas le voyage mais il devra tout de même s’acquitter auprès du Comité de pèlerinage de la somme de 160 francs pour éviter qu’il soit une fois en Terre Sainte à la charge des autres pèlerins. De plus, il doit prévoir un pécule pour le séjour à Rome et enfin arriver de la manière qu’il souhaite à temps à Marseille. En fin de compte, tout voyage en Terre Sainte ne peut s’improviser et la pauvreté a ses limites.

Notes
564.

Vincent de Paul Bailly, Lettres, au Père Picard, le 28 mars 1883, AAV, tome IX, n°2367.

565.

Le Pèlerin, février 1889.

566.

Ibid.

567.

Il faut additionner les 760 francs du pèlerinage + 115 francs pour les excursions de Tibériade et de Samarie + 14 francs pour le train à Rome et 115 francs pour le train aller-retour Paris-Marseille.