Suite à la XIIIe caravane du printemps 1893, le Comité des pèlerinages en Terre Sainte propose de se rendre à Jérusalem pour Noël. L’attrait de passer la nuit du 24 décembre à Bethléem est un facteur décisif pour de nombreuses personnes, d’autant plus que les pèlerinages de printemps, systématiquement en dehors de la Semaine Sainte, ne proposent que les fêtes de l’Ascension et de Pentecôte qui tout en étant importantes pour un chrétien, n’en sont pas moins en retrait par rapport aux fêtes de la Nativité.
Ce pèlerinage de Noël, où la participation est modeste (environ 120 personnes), a un atout supplémentaire, c’est l’utilisation pour la première fois du bateau que les assomptionnistes ont acquis, le Notre Dame de Salut.
Les pèlerins ont au cours de ce voyage la joie d’être à Bethléem pour le 24 décembre où ils participent à minuit à la messe pontificale puis à la procession à la Crèche. Les pèlerins, de retour à Jérusalem, y restent jusqu’au 10 janvier, date à laquelle ils rejoignent Jaffa et leur bateau pour la visite de la Galilée. Malheureusement, des pluies torrentielles empêchent la visite de Nazareth.
Les nouveautés pour cette XIVe caravane ne s’arrêtent pas seulement à la date, de nouvelles destinations sont prévues avec les visites de Beyrouth, Rhodes, Athènes, Corinthe et Patras, avant de regagner comme à l’accoutumée le port de Marseille.
Il apparaît ainsi tellement plus simple de voyager quand le bateau appartient aux organisateurs.
De cette première tentative hivernale, et devant la satisfaction des pèlerins, un deuxième pèlerinage de Noël est organisé l’année suivante en décembre 1894, avec plus du double de pèlerins, preuve de la bonne initiative des assomptionnistes de vouloir changer les habitudes.
Il y a par la suite un autre pèlerinage de Noël, en 1898.
En dehors de ces caravanes de fin d’année, une autre période est proposée, celle des vacances d’été. Nombreux sont ceux qui souhaiteraient participer aux Pèlerinages de Pénitence mais ne sont disponibles que pendant les vacances d’été ; c’est en particulier le cas des étudiants et des professeurs. Un premier pèlerinage des vacances est proposé en septembre 1894 avec un départ le 24 août et un retour le 5 octobre. Les organisateurs mettent en avant ce qui est pour eux un tournant :
« On assure que le prochain pèlerinage, qui sera une vraie pénitence de vacances, surpassera tous ses aînés. Ce sera une nouvelle génération de pèlerins ; ce seront les malheureux empêchés depuis douze ans par les chaînes de leurs fonctions qui vont enfin prendre leur essor au mois de liberté.
En ce temps de septembre, qu’il fallait passer au sein des vulgaires villégiatures, ou sur des plages usées par les baigneurs, on va se baigner dans les flots des splendeurs de l’Orient » 612 .
Malheureusement, pour cette « nouvelle génération de pèlerins » la caravane des vacances est annulée pour cause d’épidémie de choléra, ce que le Père Vincent de Paul Bailly voit comme la volonté manifeste de Dieu et se console en écrivant qu’il « faut y voir encore une miséricorde, car la saison étant moins favorable qu’aux précédents pèlerinages, peut-être aurions-nous eu de graves inconvénients… » 613 .
De cet acte manqué, l’initiative d’un pèlerinage en été n’est pas pour autant abandonnée. Il faut cependant attendre 1899 et la XIXe caravane pour qu’un tel pèlerinage soit organisé 614 . Tout comme cinq ans plutôt, l’annonce de ce pèlerinage se fait en priorité en direction des étudiants et professeurs : « Notre pèlerinage des vacances, suivant l’annonce que nous en avons faite depuis longtemps, va offrir aux professeurs, aux étudiants, aux familles catholiques, le grand bien que procure, au point de vue de la sanctification et de l’étude, la visite des Lieux Saints » 615 .
Après cette première tentative heureuse, un pèlerinage des vacances est organisée chaque année jusqu’en 1914 à l’exception de l’été 1900, où le bateau, Notre Dame de Salut est réquisitionné comme bateau-hôpital en Chine, puis en 1914, les hostilités ont débuté.
La période de 1894 à 1914 apparaît dominée par la volonté d’organiser, grâce à la liberté que procure la possession de son propre bateau, des pèlerinages plus fréquents, en général deux par an, et à thème, soit pour Noël, soit pour les vacances. Ainsi, à partir de 1899, deux pèlerinages annuels ont lieu, le premier au printemps et le second en septembre, avec pour quatre d’entre eux, la présence à Jérusalem pendant la Semaine Sainte, soit pour la XXXIe caravane de 1906, la XXXIXe en 1910, la XLIe en 1911 et la XLVIIe en 1914.
Echos de Notre Dame de France, 1e juin 1894, n°11.
Echos de Notre Dame de France, 1e septembre 1894, n°12.
Un pèlerinage des vacances a été programmé l’année précédente, une nouvelle fois annulé non pas à cause du choléra, mais de la venue à cette date du pèlerinage Saint-Louis, un nouveau concurrent.
MAE, Nantes, Jérusalem, A, 125.127.