Comment se positionner face au monopole des Pèlerinages de Pénitence ?

Les assomptionnistes sont en 1898 les maîtres incontestés et, d’après eux, incontestables des pèlerinages français en Terre Sainte, de sorte que la place paraît bien mince pour l’organisation d’autres caravanes françaises. L’abbé Potard tente cependant d’organiser et surtout de pérenniser l’envoi de pèlerins durant les vacances d’été, période que les assomptionnistes ont jusqu’à cette date délaissée 661 .

La première caravane des pèlerinages de Saint-Louis part le 25 août 1898 du port de Marseille pour près de 30 jours de pérégrination. Cette première tentative en marge du monopole assomptionniste est un succès, rassemblant 45 pèlerins et ne subit aucun revers. La vocation de ce pèlerinage n’est pas l’envoi d’une Xe croisade, et sa faiblesse numérique, par rapport au pèlerinage des mille, n’apparaît pas comme un échec, les organisateurs étant désireux de ne pas créer un pèlerinage des masses.

Par la suite, un pèlerinage Saint-Louis est organisé chaque été, puis dès 1900, une caravane est proposée au printemps. C’est ainsi une visite bisannuelle qu’effectuent l’abbé Potard et ses troupes 662 .

La concurrence avec les assomptionnistes est palpable dès la deuxième année, puisqu’ils organisent à leur tour un pèlerinage pour les vacances, tout en poursuivant celui du printemps, période choisie également par l’abbé Potard.

Nous avons étudié précédemment la dérive touristique des pèlerinages assomptionnistes, où la pénitence tend à faire de la figuration. Pour les caravanes de l’abbé Potard, il s’agit d’emblée de vacances religieuses, où la mortification n’est pas de rigueur.

Notes
661.

Un Pèlerinage de Pénitence en septembre fut envisagé en 1894, mais annulé en dernière minute pour cause d’une épidémie de choléra. L’initiative ne fût pas retentée par la suite.

662.

Voir annexe, Tableau des pèlerinages Saint-Louis. Cette présentation reste incomplète, le peu d’archives disponibles ne nous a pas permis de recenser avec exactitude la date des différentes caravanes puisque nous en avons établi 25 alors qu’il apparaîtrait qu’il y en a eu 30, jusqu’en 1914.