« La guerre des prix »

Le premier pèlerinage de 1898 propose les tarifs suivants 666  :

1e classe : 916 francs

2e classe : 700 francs

3e classe : 492 francs.

Ces prix comprennent tous les frais de transport sur mer et sur terre, en chemin de fer, en voiture, à cheval, ainsi que la nourriture et le logement, de Marseille à Marseille. L’arrêt en Egypte étant facultatif, il est compté en supplément au prix de 70 francs. Le pèlerinage Saint-Louis empruntant un bateau de ligne peut aisément laisser une partie de son effectif à Alexandrie, les autres rentrant directement en France. Si l’on compare ces prix à ceux des assomptionnistes à la même époque, on note une différence assez faible, puisque les Pèlerinages de Pénitence proposent en 1897 la place à 880 francs en 1e classe, 710 en 2e classe et 545 en 3e classe. Ce pèlerinage propose, avec un supplément, des excursions à Tibériade et en Samarie. Les escales ne se font pas en Egypte mais à Beyrouth et Damas.

Les pèlerinages Saint-Louis ont certainement étudié leur prix en fonction des assomptionnistes, puisqu’ils proposent un tarif de première classe légèrement supérieur, ce qui n’est certainement pas une contrainte pour le pèlerin qui opte pour cette formule. En revanche, ils proposent des tarifs moins élevés pour les deux autres classes, de manière assez sensible pour la troisième classe, preuve d’une volonté d’attirer une population qui est hésitante devant les tarifs assomptionnistes et qui le serait un peu moins devant ceux des pèlerinages Saint-Louis. Il s’agit également en 1898 d’un pèlerinage de vacances, susceptible d’intéresser les étudiants, dont pour certains les moyens sont faibles.

En 1903, les prix connaissent une inflation avec les tarifs suivants :

1e classe : 990 francs.

2e classe : 760 francs.

3e classe : 560 francs.

Le programme précise que ces prix comprennent : « Les frais de transport sur terre et sur mer ; par conséquent le chemin de fer du Pirée à Athènes, de Jaffa à Jérusalem, les voitures à Constantinople, à Bethléem, à Saint-Jean, les barques sur le lac de Tibériade, les débarquements et rembarquements, la nourriture et le logement ; en un mot toutes les dépenses depuis le départ de Marseille jusqu’au retour de Marseille, y compris la grosse question des pourboires, continuellement agitée en Orient. (…) Mais les excursions facultatives du Caire, de Tibériade, de la Samarie et du Jourdain sont comptées en plus, comme toujours » 667 .

Le coût des excursions facultatives est respectivement de 30 francs pour Tibériade, 40 francs pour la Samarie et 60 francs pour Le Caire. Un tarif des excursions une nouvelle fois moins onéreux que ceux des assomptionnistes qui proposent en 1903 ces visites à 30 ou 40 francs pour Tibériade et à 150 francs pour la Samarie.

En 1909, pour la XXI caravane, l’inflation continue avec les tarifs suivants :

1e classe : 1050 francs.

2e classe : 850 francs.

3e classe : 600 francs.

Les pèlerinages Saint-Louis offrent cependant des tarifs tout à fait compétitifs par rapport aux assomptionnistes, d’autant plus que le nombre de pèlerins excèdent rarement la cinquantaine. L’explication est à chercher dans la « guerre des prix » que se livrent les deux organisations pour proposer les formules les plus souples ou les plus économiques possibles. Les pèlerinages Saint-Louis sont également plus courts, et le prix du bateau, qui peut être un véritable handicap pour les assomptionnistes puisqu’ ils sont obligés d’affréter le leur, quel que soit le nombre de pèlerins 668 . Les pèlerins de l’abbé Potard n’ont pas cette contrainte et peuvent négocier des prix plus attractifs.

Dans une lettre du Père Athanase au Père Vincent de Paul Bailly, il montre l’avantage de l’abbé Potard par rapport au bateau : « Il aura toujours sur nous cet avantage immense au point de vue économique de n’avoir à payer aux Compagnies que par personne ; tandis que nous nous aurons toujours à calculer les aléas d’un affrètement plus ou moins lourd suivant qu’il y aura plus ou moins de pèlerins » 669 .

Notes
666.

La semaine religieuse de Paris, n°2317, 14 mai 1898.

667.

MAE, Programme du VIIIe Pèlerinage Saint-Louis à Jérusalem, op. cit,.

668.

Le Notre-Dame de Salut est un formidable atout pour les assomptionnistes quand l’effectif est important, mais un redoutable handicap quand il est faible, puisque les charges sont presque les mêmes, que cela soit pour cent ou trois cent pèlerins.

669.

Lettre du Père Athanase au Père Vincent de Paul Bailly, 1910, AAR, NX300.301.